Sans surprise, le second tour des élections territoriales en Corse ne fait que confirmer le premier : les nationalistes amplifient leur victoire en ayant convaincu 13.000 Corses supplémentaires entre les deux tours de scrutin. Au total, les nationalistes ont réuni 56,5 % des électeurs, ce qui leur permettra de disposer de 41 sièges sur 63 à l’Assemblée de Corse, et de 11 au sein du Conseil exécutif.

Comment l’État a pu en arriver à une telle situation avec les Corses qui avaient la France plus chevillée au cœur et au corps bien plus que nombre de Français métropolitains. Il convient d’abord de s’interroger sur l’origine du nationalisme. Il naît du sentiment très puissant d’appartenance, pour de multiples raisons, à un peuple uni autour d’une communauté de destin, fondée sur des faits concrets suscitant des liens de solidarité. Une langue commune, une religion, une civilisation, un art de vivre, autant de trésors que nous avons en partage. L’amour des paysages, des souvenirs communs, une Histoire faite de luttes, de victoires et de défaites qui nous font rêver ou pleurer autour de héros et de saintes qui nous appartiennent.

Depuis une soixante d’années, qu’offre l’État aux peuples de France, si ce n’est l’ultralibéralisme, la négation des lois naturelles, le regain de l’égoïsme, de l’hédonisme et du plaisir immédiat qui priment sur les lois les plus fondamentales ? Après le mirage d’une régionalisation qui aurait pu présenter un véritable intérêt, le centralisme est revenu en force mais plus dévoyé que jamais. Il n’a fait que s’exercer au détriment des Français et au bénéfice des plus lointains qui, bien souvent, haïssent notre civilisation et notre culture, nous imposant progressivement la leur avec l’appui sournois de tout ce qui fait le prêt-à-penser totalitaire. Le communautarisme détruit la communauté nationale de toutes nos petites patries.

Pour reprendre la pensée de Plutarque, la matrie - à savoir l’identité locale - se substitue à la patrie. C’est pour cela que le vent de l’autonomisme ou de l’indépendantisme est en poupe du côté de la Corse comme de la Nouvelle-Calédonie, car il permet de réaffirmer une identité compensatrice face à l’effacement progressif de l’État dans ces territoires. De plus, l’Europe, totalement disposée à l’éclatement des États-nations, a toujours entretenu de bonnes relations avec les sécessionnistes de ces territoires afin d’encourager le courant indépendantiste. C’est ainsi que, peu à peu, l’État laisse sa place à l’Union européenne qui, en retour, justifie la pression régionaliste. Enfin, il aurait fallu montrer aux Calédoniens comme aux Corses en quoi ils étaient intégralement des citoyens français et en quoi leur identité locale participe de la construction de notre communauté nationale.

Si la République française, qui se dit « une et indivisible », continue la même politique de haine des intérêts du peuple, de stricte soumission aux volontés des financiers (qu’ils soient trafiquants de drogue, d’armes, de pétrole), alors la Nouvelle-Calédonie et nos territoires ultramarins nous abandonneront, la Corse et les autres provinces prendront aussi le large.

Face à ces défis, un combat colossal mais plus que jamais nécessaire reste possible. C’est le combat local pour la création d’une élite locale qui puisse proposer une réelle alternative. Il est plus que jamais vital d’inciter à l’émergence de forces ou d’hommes neufs, qui soient exclusivement voués à l’exercice du bien commun, bien loin des combinaisons politiciennes et tacticiennes qui méprisent nos territoires et la réalité locale. Permettre aux singularités locales de s’exprimer, c’est faire vivre en retour notre communauté de destin nationale.

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15 décembre 2017 à 18:26

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