Le clip de campagne d’Éric Zemmour interdit aux moins de 18 ans par YouTube : de qui se moque-t-on ?
Plus grave, finalement, que l’épidémie coronavirienne, il y a cette pandémie anti-zemmourienne qui, elle, ne touche pas que les bronches mais directement le cerveau. Ainsi, le clip de campagne du désormais candidat à l’élection présidentielle vient-il d'être interdit aux moins de 18 ans par les dirigeants de YouTube.
C’est RTL qui lève le lièvre, ce jeudi 2 décembre, recueillant les explications pour le moins confuses des dirigeants de la plate-forme en question : « Nos règlements interdisent de manière générale les contenus choquants ou violents. Dans le cas où une vidéo contient un élément qui n’est pas adapté à tous les utilisateurs, nous veillons à appliquer une limite d’âge afin de les protéger. » Ces gens sont décidément trop bons, dès qu’il s’agit de protéger nos enfants ; ça les perdra…
En attendant, quels sont les « contenus choquants ou violents » de la vidéo en question ? YouTube se garde bien de les définir. On imagine qu’il s’agit de ces images d’émeutes et de pillages urbains, de policiers harcelés par des voyous d’autant plus téméraires qu’ils savent bien qu’en face, l’ordre « républicain » consiste à ne pas riposter. Mais ce genre d’images tournent en boucle depuis des années sur les réseaux sociaux, entre deux films porno et autres jeux vidéo, pas toujours « citoyens » – dans Grand Theft Auto, on peut tuer un quidam pour lui voler sa voiture –, allant parfois jusqu’à être reprises sur les journaux télévisés du soir sans que, pour autant, les mineurs soient interdits d’écran…
Pour donner une sorte d’onction cardinalice à cette entrave à la liberté d’expression, les journalistes de France Inter, toutes cartes de prêche brandies, campent évidemment en première ligne. Thomas Legrand, par exemple : « La vidéo, clipée, caricature la forme gaullienne pour recycler un fond pétainiste. […] Mais selon le code du discours politique, c’est un ultrason maurassien, antirépublicain, un clin d’œil qui veut dire que les valeurs républicaines sont secondaires, accessoires. » Un ultrason maurrassien… Personne n’avait encore osé nous la faire ! À croire que le discours d’Éric Zemmour ne saurait être désormais audible que par les seuls cétacés, sachant que c’est assez, comme souvent dit dans les milieux rétifs à la modernité.
Si l’on résume, Thomas Legrand, c’est Flipper le dauphin. Il entend les ultrasons comme Greta Thunberg voit l’oxygène à l’œil nu. Et le même de poursuivre, plus cureton que jamais : « Hiérarchiser la France et la République s’entend pour une vision purement historique : sur 1.000 ans, la France n’a été républicaine que 160 ans à peu près. » Mais là, que fait-il d’autre que de tendre le cul pour se le faire botter ? Ce, d’autant plus que d’un strict point de vue factuel, Éric Zemmour serait plutôt dans le vrai. La République ? Six régimes à géométrie politique variable, en comptant celle de Vichy, sans oublier deux empereurs et le retour de trois rois plus que maladroits. En matière de continuité, la famille Capet faisait jadis meilleure mine.
Cela, Thomas Legrand devrait le savoir mieux que personne, ayant usé ses premières culottes courtes sur les bancs de l’école Saint-Thomas-d’Aquin, dans le très huppé VIIe arrondissement. Ce dernier était-il républicain ? Tout comme Jeanne d’Arc et Molière, Napoléon et Marcel Proust (grand lecteur de L'Action française), Louis XIV et François Mitterrand, soit dit en passant, dont les lectures n’étaient pas toujours « républicaines » ? Il n’est pas sûr que cette question soit d’actualité dans le peuple des électeurs et même celui de ses auditeurs…
Bref, Éric Zemmour nous dit que la France a existé avant la République et lui survivra peut-être. Si Thomas Legrand peine à comprendre un tel truisme, c’est peut-être France Inter qu’il conviendrait d’interdire aux plus de 18 ans.
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