Le 13 mai, Emmanuel Macron débattra sur TF1 : ça intéresse quelqu’un ?

Dans Les défis de la France, le Président va faire son intéressant.
Capture d'écran France 2
Capture d'écran France 2

Ça va se passer ce mardi 13 mai, sur TF1, peu après 20 heures, et ça va encore consommer de la bande passante, pour les gens qui sont déjà passablement saoulés par la mise en scène présidentielle. On nous a annoncé que, le 13 mai, le président de la République allait rencontrer un panel représentatif pour répondre aux questions que les Français se posent. La feuille de match a été révélée et on imagine que son but est de susciter un pic d’audience.

L’essayiste de gauche Salomé Saqué a été conviée pour parler de la jeunesse. Le maire de Béziers, Robert Ménard, classé à droite, interpellera le chef de l’État sur l’insécurité. Sophie Binet, qui dirige la CGT, parlera des enjeux sociaux et singulièrement de la réforme des retraites. Avec Agnès Verdier-Molinié, économiste libérale, il y aura un passage sur l’économie. Cécile Duflot, qui fut ministre écolo (vous vous souvenez ?) et qui dirige aujourd’hui l’ONG Oxfam, abordera la question de l’héritage. L’ancien journaliste Charles Biétry, atteint de la terrible maladie de Charcot, privé de l’usage de la parole, posera ses questions sur la fin de vie, par IA interposée, à notre Président. Enfin, Tibo Inshape, le premier youtubeur de France, interrogera Emmanuel Macron sur la question du sport à l’école. Voilà voilà.

Vous savez ce qu’on dirait ? On dirait les émissions de deuxième partie de soirée qui passaient autrefois à la télé, parfois même sur le service public. Peut-être certains d’entre vous se souviennent-ils de l’excellent talk-show Tout le monde en parle, animé par Thierry Ardisson et Laurent Baffie (et peu importe ce que raconte aujourd’hui l’un ou l’autre, ce n’est pas le propos de cet article). Ardisson organisait des dîners comme au Grand Siècle avec, selon ses propres termes, « une pute, un évêque ». Ce mélange des genres, qui est fécond dans une émission de télé, prend, dans le cas de notre bon maître, ce caractère de narcissisme obscène qu’il donne à tout ce qu’il fait. On aura le même spectacle qu’à chaque « grand débat », qu’à chaque confrontation. Emmanuel Macron fera le même numéro de manipulation orphique qu’il sert à tout le monde.

Il ne va rien se passer

Voulez-vous que nous prenions les paris sur les sujets abordés ? Avec Salomé Saqué, Emmanuel Macron déconstruira l’identité française et pariera sur la jeunesse créolisée des quartiers populaires, auxquels il promettra de l’argent. Avec Robert Ménard, il bottera en touche sur la réponse pénale et proposera peut-être un référendum sur l’usage des écrans chez les mineurs. Face à Sophie Binet, il expliquera que les acquis sociaux sont importants mais qu’il faudra travailler plus, tandis qu’à Agnès Verdier-Molinié, il expliquera que l’État est obès, mais que le monde nous envie notre modèle social. À Cécile Duflot, il répondra que les droits de succession doivent demeurer confiscatoires mais qu’on ne rétablira pas l’impôt sur la fortune pour les fortunes faites sur les marchés financiers. Peut-être aura-t-il l’œil humide (Actors Studio, méthode Mélenchon, plus fort que Stanislavski) en écoutant Charles Biétry. Cela lui permettra de plaider pour une loi euthanasie très large. Et avec Tibo Inshape, il aura un moment de répit : le sport à l’école, sujet consensuel – même dans la cour de récré, personne n’aime les gros.

Bref, il ne va rien se passer, Macron va faire son intéressant et son électorat de prédilection (les retraités) va pouvoir faire une excellente sieste postprandiale en l’écoutant distraitement. C’est simplement dommage que cette grotesque mascarade ait lieu, une fois de plus, avec notre argent.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

211 commentaires

  1. j’emprunte à P.J. Proudhon : « le flux du discours est toujours en raison directe de la pauvreté de la pensée »

  2. Arnaud Florac avait tout vrai. D’après ce que j’ai lu dans les journaux ce matin, tout ce qui avait été annoncé, c’est réalisé. Il semblerait bien qu’un grand vide c’est installé dès lors que notre petit président a pris la parole. Comme beaucoup, je n’ai eu aucunement envie de l’écouter se congratuler sur son action jusqu’à nier ses effets pervers pour l’économie et la souveraineté de notre pays.

  3. l va afficher un regard grave, profond, prendre un ton réfléchi et responsable et nous sortir de belle phrases creuses et surtout sans suite !
    Parler et simuler il faut lui reconnaître qu’il sait faite, mais pour agir ???
    Bref inutile de gaspiller une soirée, il suffira de regarder les médias demain…
    On saura tout ce qu’il a dit, ce qu’il aurait pu dire, ce que l’on croit qu’il a dit, et après ?
    Pschittt !

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