L’amende forfaitaire pour la consommation de cannabis est-elle suffisante ?

CANNABIS

Des addictologues s’émeuvent de la mise en place, au 1er septembre, de l’amende forfaitaire (de 200 €) qui punira désormais la consommation de cannabis et d’autres drogues.

Réitérons d’abord le regret que cette amende, en solde de tout compte, ne soit pas inscrite sur un fichier informatique consultable extemporanément par celui dressant une telle contravention, lui permettant de graduer son montant en fonction des récidives. Cette amende, plus qu’une « pompe à fric », deviendrait alors un outil de prévention pour limiter l’ampleur du « tsunami cannabique » qui inonde notre nation.

Ces « addictologues » protestataires, à contre-emploi, demandent à nouveau la légalisation du cannabis. Alors qu’ils sont désarmés pour détacher de cette drogue ceux qu’elle a accaparés, leur psittacisme s'exprime : « Légalisation ! Légalisation ! Légalisation ! » En sautant comme des cabris. Ils ne peuvent pourtant ignorer qu’elle accroîtrait le nombre de ses victimes ; devenant ainsi leurs propres victimes.

Leur responsabilité est aggravée par leur herméticité aux informations scientifiques inquiétantes qui s’accumulent sur ce cannabis ; ou bien ces informations ne les intéressent pas, ou bien ils n’en saisissent pas la portée. Les meilleures revues scientifiques mondiales leur apprendraient :

- Que l’incidence élevée des toxicomanies chez les adolescents dont les parents étaient consommateurs de cannabis ne résulte pas seulement de carences éducatives mais aussi d’effets épigénétiques (modification de l’expression de certains gènes). Les individus en âge de procréer qui exposent leurs gamètes au THC du cannabis font hériter l’enfant issu de leur union d’une sous-expression des récepteurs dopaminergiques D2 dans le noyau accumbens cérébral (récepteurs dont dépend la perception du plaisir). À l’adolescence, leur enfant éprouve des perturbations hédoniques qui les fait s’adresser à n’importe quelle drogue pour intensifier la libération de dopamine et pallier ainsi la raréfaction des récepteurs D2. Il en va de même si le cannabis est consommé par la femme enceinte (cf. les différentes publications du groupe de Y. Hurd aux USA).

- Que l’administration de cannabis à l’homme ou au rat modifie la méthylation des cytosines de l’ADN de leurs spermatozoïdes ; affectant le gène codant une protéine (DLGAP2) impliquée dans la communication entre les neurones. À sa modification sont associés des troubles du spectre de l’autisme ainsi que la schizophrénie (Schrott R. et coll., Epigenetics 2020, 15, 161-173).

- Que le substrat biologique du comportement asocial induit par la consommation de cannabis vient d’être reliée à une perturbation du métabolisme cérébral du glucose, réduisant la production d’énergie des neurones (Marsicano et al. 2020, dans la prestigieuse revue Nature).

- Que le cannabis conduit à l’escalade vers d’autres drogues, comme le montre l’épidémiologie ; les polytoxicomanies tendant à devenir la règle. Des bases neurobiologiques avaient déjà documenté l’appétence aux morphiniques (mécanisme épigénétique). Elles viennent de l’être pour la cocaïne (Sherma M. et al. Proceedings de l’Académie nationale des sciences des USA (PNAS) 2020, 117, 9991-10002). L’exposition à un cannabinoïde, préalablement à celle à la cocaïne, modifie les réponses épigénétiques et moléculaires à cette dernière ; la réceptivité à la cocaïne diffère alors notablement de ce qu’elle est chez les non-exposés aux cannabinoïdes.

En apostille, pour fermer le bec de ces « addictologues », pères OK de la légalisation, bloqués au stade cannombilical d’un chichon modèle 1968 : au Colorado, qui a légalisé le cannabis, les effets tératogènes (anomalies présentées par des fœtus et des bébés) ont explosé avec l’accroissement du nombre de femmes enceintes qui en consomment (Reece et Hulse, Clinical Pediatrics 2019, 58, 1085-1123).

Pour traiter leur psittacisme, ces « addictologues » égarés devraient prendre le temps de lire et d’essayer de comprendre une littérature dense, cohérente et d’un grand sérieux scientifique. Ils deviendraient honteux d’avoir proféré tant de sottises et, eu égard à la fonction qui devrait être la leur, d’avoir confondu cette prévention qu’ils négligent avec l’incitation qu’ils professent.

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

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