L’Agence de la biomédecine recherche profils issus de la diversité

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Depuis le 29 septembre, la PMA pour toutes est donc possible pour les femmes, seules ou en couple homosexuel. Ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes concrets pourtant prévisibles et abondamment dénoncés par ses opposants. La pénurie de gamètes est la même pour tous. Déjà, avant la mise en application de la nouvelle loi, les couples hétérosexuels devaient patienter jusqu'à deux ans avant de se voir attribuer des gamètes issus de donneurs anonymes.

L'élargissement de l'accès à la PMA n'arrange rien. Les demandeurs, mécaniquement, se font plus nombreux : 3.500 nouvelles requêtes sont actuellement déposées, alors que le gouvernement tablait sur 1.000 dossiers. D'où cette nouvelle campagne d'appel aux dons de l'Agence de la biomédecine qui ne lésine sur rien : un budget multiplié par 5 (soit 3,8 millions d'euros à la charge du contribuable), une communication axée sur l'esprit de solidarité, l'emploi d'un langage « pathos », l'appel à l'esprit de responsabilité de tous mais aussi (inédit) le recours aux services d’influenceuses célèbres de « la communauté africaine en France comme la réalisatrice et sociologue Amandine Gay ou encore la blogueuse Virginie Bapaume », écrit Le Parisien.

Cette version 2021 d'appel aux dons se distingue des autres en ce qu'elle cherche à attirer des profils de donneurs potentiels issus de la diversité « qui reflètent toutes les composantes de la société française ». Pour la présidente de la fédération des CECOS (Centres d'étude et de conservation des œufs et du sperme humain), Catherine Guillemain, « les origines des couples infertiles sont aussi brassées que celles de la population française et il est important, autant pour l’enfant que pour les parents, que les caractéristiques de l’enfant à naître soient similaires à celles de ses parents ». Exit, donc, lorsqu'il s'agit de PMA, la créolisation inéluctable dont se réjouit tant Jean-Luc Mélenchon. Lorsqu'il s'agit de choisir des gamètes pour fabriquer un enfant, l'Agence de la biomédecine ne rigole pas et cherche à tout prix à assortir parent et enfant. C'est ce qu'on appelle « l'appariement ».

Un véritable défi, dans la réalité, car si les demandeurs d'origine européenne ne sont pas satisfaits tout de suite, les futurs parents issus de la diversité sont encore plus mal lotis. Pour eux, l'attente peut durer de 3 à 10 ans. La blogueuse Virginie Bapaume, qui a « intercalé entre deux articles sur le vernis à ongles vegan et les pulls en cachemire » son clip, publié par l'Agence de la biomédecine, dénonce « la pénurie de gamètes en provenance de personnes noires ou asiatiques » et engage les donneurs de ces origines « à participer à la réduction contre les inégalités à l'accès aux soins ». Une expression qui pourrait faire mouche, à ceci près que, même intégralement remboursée par la Sécurité sociale, la PMA n'est pas un acte de soins. Comme le rappelle très justement Blanche Streb (auteur de Bébés sur mesure) : « Les gamètes sont des cellules porteuses de vie, c’est en cela qu’elles sont si particulières. Mais elles ne sont pas vitales. Si les banques de gamètes, les CECOS, sont à sec, personne ne va mourir. »

Cette nouvelle loi de bioéthique n'aura qu'ajouté de la confusion à la confusion. En autorisant la levée de l'anonymat du donneur à la demande de l'enfant devenu majeur, elle aura découragé les plus velléitaires des hommes inquiets de se voir décerné le titre de papa poule vingt ans après. Compte tenu du faible nombre de ces donneurs (317 en 2019) capables, cependant, chacun de donner naissance à dix enfants, elle aura accru le risque de consanguinité des enfants PMA. Et, plus grave encore, la pénurie bien réelle de gamètes qui ne peut que s'aggraver nous expose à la plus grande des tentations : celle de l'entrée de la France dans le grand marché humain de la procréation. Notre grand principe d'indisponibilité du corps humain nous en préserve encore, mais pour combien de temps ?

Comment y résister alors que nos voisins, depuis une dizaine d'années déjà, s'y mettent et que tout est en accès libre sur Internet ? Pour donner quelques exemples, le site danois Cryos propose toute une large gamme de sperme dont les prix varient selon les origines, les caractéristiques et les QI des donneurs. Can-Am Cryoservices vous fournira, en fonction de votre portefeuille, une donneuse d'ovocyte dont vous aurez sélectionné le type, la couleur des yeux, des cheveux et le groupe sanguin. Un marché mondial en pleine croissance, estimé à 25 milliards d'euros par Laetitia Pouliquen, et qui devrait atteindre les 50 milliards en 2027.

Ce nouveau monde est en marche. On nous l'avait promis altruiste, généreux, inclusif. Il sera sélectif, eugéniste, raciste et mercantile.

 

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Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

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