La procréation en marche ou le monde fantastique du Président Macron

centaure

Je regardais la télévision, en ces jours de débats à l’Assemblée sur la procréation médicalement assistée, puis de manifestations de gens de bon sens et de bonne volonté assimilés à des ringards et des empêcheurs de progresser, et j’entendais une foule de commentateurs et marcheurs progressistes, hommes à la taille de guêpe, femmes aux crocs de molosses.

Je les entendais expliquer sans fin pourquoi il fallait désormais faire créer des enfants par les couples d’homosexuels et les leur faire élever à égalité avec les hétérosexuels et, poursuivant leurs discours fantasmagoriques, ils appelaient aussi à former des trouples et à la pluriparentalité, et à faire porter les enfants pour ces mêmes couples trouplés par des mères-souches appointées grâce à de nouveaux contrats emplois-solidarité, et dans leur novlangue sciento-socio-psycho-moderne, qui ne souffrait aucun doute ni contestation, ils parlaient aussi des hommes qui n’en sont pas et des femmes qui sont des hommes, et des hybrides hommes-femmes qui bientôt, eux aussi, procréeraient grâce à la science et aux enfants de ces hommes-femmes élevés dans le vivre fraternel et l’égalité généralisée.

Et j’imaginais bientôt tous ces couples inimaginables et incapables de procréer, mais en marche et en mutation vers une transhumanité capricieuse, faite de désirs légitimes et de rêves d’amour et pour lesquels on pourrait revendiquer bientôt que la loi des hommes leur accordât les enfants que la nature s’obstinait à leur refuser : transsexuels herbivores, bergers et leur chèvres, bergères et leurs chiens, empereur et son cheval, homme devenu femme en tant qu’avenir de l’homme, femme devenue homme sans avenir, puis dans quelques décennies, grâce à de nouveaux progrès de la science - car l’on n’arrête pas le progrès -, grâce au clonage et aux manipulations génétiques, couples de mutants, monstres mythologiques rénovés, formant l’avenir d’une humanité totalement libérée, jouissant sans entraves, et prise de désirs fous, incompressibles, infinis, minotaures, centaures, femmes-oiseaux, nains à tête de chien, géantes à gueule de raie, écrivaines à pattes de mouche, animateurs de télévision à tête de mulet, politiciens socio-intelligents, camions-balais devenus électoraux, peintures à l’huile incarnées, plantes grasses abonnées à Comme j’aime, fumées prenant corps sous la lampe d’une conceptualisation ministérielle et philosophale…

Et, réalisant soudain l’infinité des mutations qui se préparaient, dans cet univers antédiluvien, dans ce proche avenir métamorphique, dans ce monde de monstres et de titans, j’imaginais la tête médusée des dieux païens fondateurs du monde, ou celle du Dieu chrétien, plein de compassion, essayant de reconnaître leurs enfants au milieu de cette troupe de créatures écervelées, blêmes et, comme le professeur Frankenstein, revendiquant à leur tour leurs enfants à eux, sous le soleil couchant de la planète, au crépuscule blafard de l’ancienne humanité.

Et, trônant au dessus de ce monde fantastique, le Président Macron, en porteur de la lumière, escorté des ministres Buzyn et Belloubet devenues vaches à tête de femme, le Président Macron proclamant la naissance de l’humanité du En même temps où chacun sera enfin ce qu'il désire et chaque chose et son contraire et où, non pas une seule nouvelle race comme au temps du IIIe Reich, mais une multitude de nouvelles espèces transhumaines, toutes égales, se diront mères porteuses d’un vivre ensemble post-apocalyptique, dans un monde d’après la bombe nucléaire.

Jean-Pierre Pélaez
Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois