« Marine Le Pen considère que la priorité pour nos policiers, c’est d’aller pourchasser des femmes qui portent le voile. Les policiers sont plus utiles à la sécurité immédiate des Français », a déclaré Gabriel Attal, sur CNews, ce mardi matin. Passons sur le fait qu’il a bien, lui, considéré durant des mois que c’était une priorité pour nos policiers de pourchasser les Français non masqués pour ne retenir que le signal envoyé : on le sait, on le sent, l’un des grands angles d’attaque d’Emmanuel Macron, lors du débat de mercredi soir, sera celui-là. C’est l’électorat de Jean-Luc Mélenchon qui est convoité. Et la France vaut bien un voile.

Le voile islamique n’est qu’un morceau de tissu, une coiffure comme une autre… arguent ceux qui le défendent. Sauf que l’on n’a jamais vu un serre-tête, un mouchoir, un mètre de popeline acheté chez Bouchara ni un élastique pour queue de cheval arbitrer une campagne présidentielle.

À Strasbourg, Emmanuel Macron a félicité une jeune femme d’être voilée et féministe parce qu’elle lui avait préalablement dit que c’était son choix. Il a jugé que son attitude était « la meilleure réponse à toutes les bêtises [qu’il entendait] ». Quelles bêtises, au juste ? Proférées par qui ? Par les 61 % de Français qui, selon un sondage CSA du 24 mars, sont favorables à une loi interdisant le port du voile dans la rue ? Par lui-même, en 2018, lorsqu’il déclarait, sur BFM TV, que le voile ne faisait pas « partie de nos civilités » ?

À Pertuis (Vaucluse), une femme âgée voilée a interpellé Marine Le Pen, amenant in fine celle-ci à déclarer qu’elle n’était pas « obtuse » et que le « sujet était complexe ». Sur BFM TV, la veille, la candidate avait déclaré que « l’interdiction du voile [était] essentielle », que le voile « était imposé par les islamistes » mais qu’il ne s’agissait pas de « l’élément le plus fondamentalement urgent » : cette interdiction serait, selon elle, « dérisoire » si elle ne venait pas s’insérer dans une loi plus globale « pour lutter contre le fondamentalisme islamiste ».

Dire qu’en Égypte, en 1953, Nasser avait ri au nez des Frères musulmans, tant leur demande de voiler toutes les femmes lui paraissait arriérée.

Dire qu’en Tunisie, en 1957, Bourguiba, avait qualifié ce voile d'« épouvantable chiffon ».

Dire qu’en France, en 2022, nous en sommes là.

Selon la journaliste Chantal de Rudder, auteur d’Un voile sur le monde (Éditions de l’Observatoire), interrogée par L’Obs, en février 2021, « à la fin des années 1970, il n’existait quasiment plus dans les pays musulmans » : « Le voile représentait pour les dirigeants musulmans d’alors le symbole d’une arriération qui avait permis la colonisation ou la domination occidentale. » Bien avant qu’il devienne l’obsession de Khomeiny, ce sont les Frères musulmans qui, en premier, ont « réfléchi à une stratégie de prosélytisme par le voile, une révolution de tissu, dont les porte-drapeau ne sont plus les paysannes mais les femmes instruites de l’université ». Chantal de Rudder de conclure que « sa résurgence actuelle est le signe de la fierté islamique et de la volonté de régler ses comptes avec l’Occident. C’est une course à l’échalote dans la confrontation. Le voile devient totem de “l’occidentophobie”. »

En France, la controverse du voile islamique a commencé à Creil, en 1989, avec trois adolescentes refusant d’enlever leur voile dans l’enceinte du collège. Le principal, Ernest Chenière, qui avait décidé de les exclure pointait également leur prosélytisme religieux à l’intérieur de l’établissement et un comportement agressif, en particulier à l’endroit des élèves musulmans non pratiquants. SOS Racisme et Danièle Mitterrand avaient pris alors fait et cause pour « les jeunes filles ». Au Parisien, des années plus tard, l’ancien principal confiait avoir eu le sentiment, à l’époque, d’être lâché et lynché.

En 2003, un journaliste de L’Express était revenu sur les lieux, à Creil. « Quatorze ans après, écrivait-il, le foulard islamique semble avoir gagné la bataille. Ce ne sont plus trois jeunes filles qui portent le voile à l’école, mais plusieurs dizaines. »

En mars 2022, c’est cette petite ville de l’Oise qui a encore fait parler d’elle avec un appel au muezzin retentissant dans les rues, chaque vendredi, par des haut-parleurs. La visibilité du voile, dans un quartier, précède et accompagne la montée en puissance d’un islam conquérant, mais il ne faut y voir qu’une coïncidence. Un simple morceau de tissu, on vous dit.

On sait déjà, jurisprudence Odoul oblige, que la tâche pour qui voudra l’interdire dans l’espace public ne sera pas aisée. Et c'est un euphémisme. Que des vidéos fleuriront illico sur tous les réseaux sociaux, dans tous les médias, montrant de gentilles jeunes filles en fleurs et pleurs verbalisées par de méchants policiers sans cœur. D’aucuns affirment du reste qu'une telle décision serait impossible, voire contre-productive : les islamistes en profiteraient pour surjouer aussi sec la victimisation. Combat voué à l’échec ou pas, une candidate, au moins, n’a pas encore tout à fait baissé les bras, quand l’autre a désormais changé son fusil d'épaule.

 

 

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/04/2022 à 11:43.

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19 avril 2022 à 19:20

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58 commentaires

  1. Le rapprochement entre le voile et le masque est intéressant: moyen de reconnaissance et outil de division, prosélytisme…

  2. Derrière le voile, c’est toute l’acceptation de la différence qui est en jeu … Par le programme qu’il soutient, le Rassemblement National entend clairement clouer au pilori ce droit fondamental de poser un choix de vie différent du choix posé par la majorité. Ce programme aurait la désastreuse conséquence d’augmenter tragiquement la fracture sociale au sein d’un groupe humain, duquel les exclus, les laissés pour compte se compteraient par centaines de milliers. SVP, refusez ce programme !

  3. « Dire qu’en Égypte, en 1953, Nasser avait ri au nez des Frères musulmans, tant leur demande de voiler toutes les femmes lui paraissait arriérée.

    Dire qu’en Tunisie, en 1957, Bourguiba, avait qualifié ce voile d’« épouvantable chiffon ».

    Dire qu’en France, en 2022, nous en sommes là. » si c’est çà le débats de ce soir, bah je laisse çà aux moutons de panurgent, j’aurais mieux à faire !

  4. Personnellement, je juge la querelle du voile comme le débat d’il y a 60 ans sur la jupe (éventuellement mini ou le pantalon pour les femmes.
    C’est un bon marqueur de l’islamisation de la société, mais cela ne sert à rien de casser le thermomètre.
    Que les chrétiens montrent la supériorité de leur religion par leur engagement dans les oeuvres évangéliques : visites de malades, accueil des pauvres, soutien des familles. C’est le difficile Esprit d’émulation d’Assise du Pape Jean Paul II.

  5. « une coiffure comme une autre » c’est un fichu pour une femme, en principe souhaité dans les églises….peu respecté, et qui peut cacher des cheveux mal ordonnés voire peu soignés. Un « voile » n’a rien à faire sur la tête, ne pouvant voiler que le regard, les yeux, bien plus fascinants que les cheveux si d’attraction il s’agit…
    Parlons plutôt de vêtements qui transforment n’importe qui en religieuse …et pouvant servir à des fins d’occultation….

    1. Lorsque que j’étais gamine pour entrer dans une église il fallait mettre un foulard sur nos cheveux, et nous obéissions : Le dit foulard était noué à la va vite tout en entrant dans l’église et sitôt la sotie de la messe il disparaissait dans nos poches ou nos sac à main. Aujourd’hui j’ai dans mon sac une jolie mantille qui me sert lorsque j’entre dans une église.

  6. Le voile islamique a un bel avenir devant lui, puissamment aidé par la macronie et la gauchosphère. Avec 5 ans macronards de plus, il deviendra la norme de l’inclusion, du progressisme, du wokisme, et du féminisme même. Il sera impossible de renverser la vapeur. Les électeurs s’apprêtent à reconduire à l’Elysée son locataire actuel, ils devront assumer, car personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.

  7. Depuis plus de 40 ans, nos politicards ont fermé les yeux sur des éléments essentiels contraires à nos valeur.
    Viennent s’y ajouter une forme d’émulation pour tous ces mouvements « LGBT ».
    Forcément, le « réveil » sera violent.

  8. Madame!
    Six Etats bordent celui qui choisira dimanche son Chef: celui-ci sera, soit reconduit, (ce fut le cas de 2 d’entre eux récemment: réglé en qq jours) , soit remplacé après un « trauma » de plusieurs mois de ses citoyens, volens, nolens: cherchons….! J’oublie Monaco et l’Andorre!
    Trois de ces six acceptent un automatisme, nolens volens, de grande sobriété, un au sud, deux au nord, pas d’élection et immense économie d’argent….et de salives….
    Trois ont un système très « républicain »!

  9. Pour une stricte interdiction de port de tous signes religieux dans un bureau de vote, ainsi les femmes islamo-musulmanes seront obligées de retirer leurs voiles.

  10. En 2022 comme en 2017, les musulmans vont voter largement pour Macron.
    Mais en 2027, ils présenteront sans doute un candidat propre.
    Celui ci entrainera l’absence du candidat LREM au second tour.

  11. Les musulmanes françaises vont devoir faire un choix : soit garder le voile et servir de piste d’atterrissage aux Frères Musulmans, en « progressant » petit à petit vers le noir intégral, reproche ambulant pour les autres musulmanes – on connait la suite : l’entrisme et sa chape de plomb sur notre pays – Ou alors elle vont refuser d’être des proies pour les Frères Musulmans, renoncer au voile, éviter le piège « minoritariste » et les abominations comme le woke et la propagande lgbt à l’école.

  12. Une fois les zones de non-droit démantelées, le problème du voile et bien d’autres problèmes annexes liés à l’ islam, auront cessé d’exister.
    C’est maintenant qu’il faut agir . Que MLPen rate ou non sa prestation devant Macron n’a rien à voir avec cela.Qu’on l’aime ou pas non plus.

  13. Si Macron continue d’ignorer que le voile est un affichage politico-religieux des frères musulmans financés par la Turquie et le Qatar, il vaudrait peut-être mieux pour lui de poursuivre sa carrière politique comme ministre d’Erdogan ou mieux: devenir un prince héritier du Moyen-Orient.

  14. Ce n’est pas tant le voile islamique qu’il faut interdire (c’est d’ailleurs quasiment impossible à faire respecter) mais interdire (et supprimer) tous les accomodements qui sont exigés au nom de cette religion (horaires différenciés, repas halal, muezzin…). La religion doit se cantonner à la sphère privée et aux lieux de culte.

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