La France annonce son retrait du Mali

barkhane
Les Français y étaient allés en 2013, sous François Hollande. Autant dire il y a une éternité. Il s'agissait, à l'époque, d'intervenir à la demande du gouvernement du Mali, aux prises avec les djihadistes descendus du nord. Ces braves gens s'étaient fournis en armes dans le désert libyen et avaient profité de la déstabilisation de la région - merci à Nicolas Sarkozy. On pourrait presque dire que nous le leur devions bien, parce que c'était un peu notre faute.
Après un an d'opération Serval, centrée sur le Mali, et à la suite d'une indiscutable victoire tactique, la France avait, en 2014, transformé son dispositif sous le nom d'opération Barkhane. Le nouveau format incluait une coopération dans le domaine antiterroriste avec les pays du G5 Sahel (Tchad, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger). L'ancrage dans la durée ne prévoyait pas de fin de contrat. C'était mettre le pied dans un bourbier et se préparer à une fin brutale et non désirée.
C'est exactement ce qui vient de se passer ce jeudi, puisque Emmanuel Macron vient d'annoncer le retrait de la France et de ses partenaires, qui quitteront le Mali dans les prochains mois. La réarticulation de la France comprend le retrait des forces spéciales multinationales de la Task Force Takuba ainsi qu'une réorientation vers le golfe de Guinée et l'Afrique de l'Ouest. Emmanuel Macron a dénoncé les « obstructions » de la junte au pouvoir ainsi que son recours à la société russe Wagner, dont les mercenaires, malgré les dénégations maliennes, ont étendu leur emprise au Mali.
On ne sait pas précisément quels seront les contours de ce nouveau dispositif, puisque son format sera précisé « d'ici à juin 2022 », mais une chose est sûre : la France, pour n'avoir pas anticipé la fin de son opération, doit se replier précipitamment sans avoir choisi son calendrier. Les autres pays africains, qui oscillent toujours entre hostilité antifrançaise et besoin de la présence de notre armée, observent une prudente réserve. Le président sénégalais Macky Sall, qui participait à la conférence de presse aux côtés du Président Macron, a affirmé que « la lutte contre le terrorisme au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains ». On l'avait bien compris.
Il est désormais temps, avant que l'immense défi logistique d'un repli français ne soit relevé, d'avoir une respectueuse pensée pour les 53 militaires français qui ont payé de leur vie l'engagement de leur patrie sur le sol malien. Il est peut-être temps, également, de faire comprendre à nos partenaires africains que passer, en neuf ans seulement, de la supplication à l'insulte n'est peut-être pas la plus pertinente des stratégies.
La France est, à n'en pas douter, en position délicate en Afrique. Économiquement surclassée par la Chine, qui n'a pas les mêmes pudeurs démocratiques, militairement détrônée par Wagner, faux nez de la présence russe, elle doit relever de nombreux défis dans ces pays qui, jadis, portèrent la couleur rose de l'empire colonial sur les cartes scolaires de la IIIe République. Des défis de plus en plus difficiles à relever.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Plus de 50 soldats français morts pour une cause qui n’est pas la nôtre, et pour des gens qui détestent la France. Un fiasco. Notre armée doit défendre notre territoire, au sein duquel il y a fort à faire. Tous ces états africains sont indépendants depuis 60 ans. Qu’ils assument. Aujourd’hui, c’est notre civilisation, que nous devons défendre, et non le Sahel. L’argument selon lequel il faut aller là bas pour assurer notre sécurité, est un leurre, voire une supercherie.

  2. Après nos valeureux soldats tristement tombés pour la gloriole de nos dirigeants cyniques et incompétents, qui ont balancé « un pognon de dingue » pour soutenir des régimes rejetés par la population. Laissons cette dernière aux bons soins des Wagner de Poutine, qui déjà ont commencé à se payer violemment sur la bête. La Chine concurrente passera la deuxième lame.
    Et l’armée malienne ? Ben elle est à Paris, commandée par le général CAF, depuis son pc de Western Union…

  3. Comme les Américains lorsqu’ils ont plié bagage avec l’Otan, ne pas oublier de pétarder les pistes, comme à Phalsbourg et tout ce qui ne peut être démonté. Quelques exercices de bombardement avec nos bombes anti-pistes facilitera le redéploiement logistique et évitera d’avoir à les trimballer.

  4. La France envoie des soldats risquer leur vie en Afrique pour poursuivre les islamistes, et pendant ce temps les islamistes français tuent sur notre sol, et notre aventure africaine provoque l’arrivée de milliers de « réfugiés » en majorité musulmans sur notre sol.
    La France est le pays de l’UE qui compte le plus de musulmans dans sa population

  5. Non ! Nos soldats ne sont pas morts pour rien comme l’écrivent certains, qui n’ont pas connu les opérations extérieures. C’est le Mali qui va être dans le cahot, précipité par une junte qui ne peut maîtriser la situation. Mais dans tout cela, j’ai une pensée pour les cadres sur le terrain malien: comment vont- ils motiver leurs Hommes dans le désengagement? Bien sûr, le super stratège Macron doit avoir la solution.

  6. En résumé, Macron prend les bonnes décisions, (à supposer que se faire virer du Mali soit une « décision ») à quelques jours de la fin de son mandat après avoir pris toutes les mauvaises. DEHORS !

  7. La France annonce son retrait du Mali… Enfin !
    Mais « en même temps », comme dirait l’autre, les maliens Traoré s’accrochent au rocher français !

  8. Nous allons voir combien on va abandonner de matériel en rase campagne et combien d’hommes va nous coûter ce retrait.

  9. La France éternelle !!On ne tire jamais de leçon de nos erreurs !! En 1971,mon Frère officier de l’Armée Française ,instructeur auprès des Tchadiens « courrait « derrière un rebelle .Hissen Habré assassin du Commandant Gallopin et kidnappeur de Françoise Claustre . La suite ,Malgré nos soldats « tombés ..Ce « Monsieur » était l’invité d ‘Honneur de François Mitterrand au défilé du 14 juillet 1987 !!! Comment voulez vous que la France soit respectée ! Honte à ces Politiques qui se couche sans vergogne

  10. La France s’en va. La nature ayant horreur du vide et le Mali besoin d’argent, qui va prendre sa place ? A priori, les Russes tiennent la corde, mais les Chinois sont bien placés. Attention pour les Maliens. Ces pays n’aiment pas investir à fonds perdus… il ne se laisseront pas faire comme la France…

  11. Vraiment pas sympa monsieur Macron…. Non seulement il a trompé et trahi Hollande pour prendre sa place, mais maintenant, avec le retrait des troupes du Mali, il fait voler en éclats le « plus beau jour de [la] vie » de l’ancien président (cf discours de Hollande à Bamako en 2013).
    Ce n’est pas très délicat…

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