La droite revient au régalien et à l’immigration

zemmour trocadéro

Le front ukrainien piétine et l’avenir de la France se joue dans douze jours, date du premier tour. En cette fin de campagne présidentielle, la droite revient à ses fondamentaux et tente de marquer l’opinion sur l’islamisme et le communautarisme.

Les trois candidats de droite s’emploient donc à recentrer le débat sur leurs thématiques, sur les défis sociétaux du quinquennat qui vient : le communautarisme, l’islamisme, les banlieues, l’ordre, la sécurité. Vu l’état de nos zones de non-droit, on pouvait prévoir sans risque que l’actualité ramènerait vite ces sujets.

C’est chose faite. À Sevran, en région parisienne, les émeutes durent depuis trois jours, après la mort d’un homme tué par les forces de l’ordre au volant d’une camionnette volée. Une occasion saisie par le candidat Zemmour d’adresser un nouveau signe à la droite parlementaire. « Nous éradiquerons la racaille comme il fallait terroriser les terroristes », a martelé le candidat Reconquête. La « racaille », c’était le mot de Sarkozy, on y reviendra, « terroriser les terroristes », c’était le vœu de Charles Pasqua. Message bien transmis aux futurs électeurs de Valérie Pécresse.

Pendant ce temps, Valérie Pécresse, justement, était à Roubaix, devenue malgré elle la ville symbole de l’islamisme tranquille depuis le reportage choc de M6 sur sa rue commerçante, la rue de Lannoy. Et c’est précisément cette rue de Lannoy à Roubaix que Valérie Pécresse a choisie pour marteler : « La République est partout chez elle, il n’y a plus de zones de non-droit. » On croirait entendre Zemmour. Pendant ce temps, Marine Le Pen enfonce le clou sur les mêmes sujets via Twitter et, dans son dernier discours, à Blaye, près de Bordeaux - « La délinquance explose sous la pression de flux migratoires anarchiques » -, elle évoque les règlements de comptes meurtriers entre trafiquants dans certains quartiers. La droite enfourche à nouveau le cheval sécuritaire.

Mais ces thèmes peuvent-ils porter un candidat de droite à la victoire ? C’est la vraie question, aujourd’hui. Et la réponse est oui, la preuve par… Nicolas Sarkozy. Pour la droite, le modèle Sarkozy reste indépassable. Or, c’est en luttant avec fermeté contre le communautarisme et l’insécurité des banlieues que le ministre de l’Intérieur Sarkozy a bâti son image. Les trois candidats de droite se souviennent de sa sortie, en 2005, sur la dalle d’Argenteuil : « Vous en avez assez, hein ? Vous en avez assez, de cette bande de racailles ? Eh bien, on va vous en débarrasser. » Sarkozy installe des peines-planchers, passe une loi de prévention de la délinquance, une loi de lutte contre le terrorisme, une loi sur l’immigration et l’intégration, il vante la tolérance zéro. Au passage, Sarkozy siphonne le Front national de Jean-Marie Le Pen. Résultat : un score confortable de 53 % des suffrages au 2e tour en 2007. Sept ans plus tard, le même Sarkozy enfourchera le thème sécuritaire avec succès, mais trop tard pour rattraper François Hollande.

Aujourd’hui, le noyau des 25 à 30 % de macronistes semble très solide. Zemmour et Pécresse tentent plutôt de lancer leurs filets parmi les 20 % de Français qui s’apprêtent à voter Marine Le Pen, ils les jugent plus friables. Mais voilà, ils étaient deux à convoiter les voix de droite en 2007 (Le Pen et Sarkozy), ils sont trois sur les mêmes thématiques en 2022. Et deux d’entre eux, Pécresse et Zemmour, sont partis tard dans la bataille, bien plus tard que Marine Le Pen. Jean-Marie et Marine Le Pen labourent ces thématiques depuis plus de cinquante ans. On avait oublié que la présidentielle est une course de fond, pas une course de vitesse.  Mais rien n'est joué et l'abstention qui sera faible dans l'électorat d'Éric Zemmour peut encore tout bousculer.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 31/03/2022 à 15:39.
Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Pour la vieille droite dépassée par les événements, c’est un peu tard. Trop tard. Ce n’est pas la veille d’un examen qu’il faut se mettre à réviser.

  2.  » Sept ans plus tard, le même Sarkozy enfourchera le thème sécuritaire avec succès, mais trop tard pour rattraper François Hollande. » Trop tard surtout pour rattraper l’abandon de son thème, remplacé par le miroir aux alouettes de l’ouverture à gauche.

  3. Éric Zemmour, en tant que journaliste et écrivain fait le même constat que les Le Pen depuis 30 ans.
    Il a même été condamné pour avoir osé dire la vérité sur certains sujets.
    Pécresse  » héritière de Chirac  » puis ministre de Sarkozy, n’a rien fait d’autre, comme ses mentors, que de se coucher devant la gauche et son politiquement correct.
    Qui peut lui faire confiance aujourd’hui ? Il n’y a que Le Pen et Zemmour qui sont restés fidèles à leurs lignes, à leurs idées.

  4. Quelle droite ? La droite centriste incapable de bousculer le droit imposé par le progressisme, par Bruxelles, par la CEDH phagocytée par les juges issus des ONG de Soros !

    Beaucoup de déclarations, aucun effet à attendre ou presque !

  5. Rappelons que RPR UMP Lr ont tenu de propos de droâte lors des zélections, après salut! Sarkozy votera pour Macron car son cabinet d’avocats d’affaires Claude et Sarkozy fut consulté par General Electric lors de l’achat d’Alstom turbines. Ils se tiennent.

    • ne jamais oublier, la place est bonne, c’est pour cela qu’il se battent. je sais de quoi je parle

      • Moi aussi, ayant traité pendant des années de la corruption politique, financière et économique.

  6. Les LR que je viens de quitter ne ferons rien contre l’immigration si on en est là c’est en grande parti de leur faute ils mont déçu .
    Actuellement le seul qui veux sauver la France c’est Zemmour .

    • Erreur, antériorité à MLP qui plus est, à dis cerné le cancer de la pauvreté en France ce qu’un intellectuel ne peut percevoir faute de relais de terrain , mairies, conseillers régionaux et départementaux.

  7. On pense ce que l’on veut de Sarkozy (personnellement je lui reproche d’avoir tué la démocratie en s’asseyant sur les résultats du referendum sur l’Europe), mais c’était un homme d’un courage exceptionnel; Ce qu’on aimerait trouver chez Pécresse et sans doute Zemmour.

  8. LR : que des trahisons, mensonges etc.. on doit à Sarko la soumission de la France à l’UE, aux américains en réalité. Il es temps que ce parti disparaisse.

  9. LR ont voté pour un cheval de trait, un percheron, ils récoltent ce qu’ils ont semé à savoir de l’ivraie, de la zizanie, ils peuvent regagner l’écurie, la bataille est définitivement perdue.

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