La « degringolada » de Manuel Valls en débat face à Éric Zemmour

Capture d'écran ©CNEWS
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À force de chercher la lumière… Manuel Valls a trouvé l’entrée de CNews. Et, ce 2 avril, à 19 h 00, devant un Éric Zemmour décidé à lui porter l’estocade, celui qui n’a « pas une goutte de sang français », selon sa dernière formule de vente, mais qui voudrait nous faire accroire – sans rire – que ses gesticulations ne sont qu’un « cri d’amour pour la France » et qui entend ressurgir des décombres de notre pays qu’il a lui-même écroulé est venu nous servir sa crème catalane pour 2022.

Et pour cela, quoi de mieux que de faire profil bas : « Je me suis trompé, j'ai commis des erreurs » confiait-il, naguère, au Point. Aurait-il compris que les Français aiment l’humilité ? Hélas, pas assez, puisqu’il ajoutait aussitôt « Mais pas sur l'essentiel : la défense de la République, de la laïcité, l'alarme contre l'islamisme, la lutte contre l'antisémitisme et la haine d'Israël, mon combat contre Dieudonné, mon engagement contre l'extrême droite » sur BFM TV. Ça fait beaucoup, là ! Beaucoup de mots pour peu d’effets.

Revenu en France en 2019, déçu dans ses espoirs de s’emparer de la mairie de Barcelone, le pauvre diable aurait compris de ses échecs : « Avec le recul que m’ont apporté ces années à Barcelone, j’ai acquis cette certitude : je suis Français. » Qu’est-ce à dire ? Que pour se sentir et pouvoir se revendiquer pleinement Français, il faudrait être d’abord le roi de la « lose » ?

En recherche d’originalité existentielle, celui dont l’apothéose politique est d’être devenu conseiller municipal de Barcelone, en Catalogne, n’a su que remixer la théorie du politologue socialiste Laurent Bouvet d’une « tenaille identitaire » Traoré-Zemmour qui n’aurait qu’un seul but : broyer la France. « Éric Zemmour et Assa Traoré sont les deux visages de la haine, à l’extrême de la droite pour l’un, à l’extrême de la gauche pour l’autre, qui s’invectivent et s’injurient dans un pas de deux diabolique », écrit-il dans son manifeste de « come-back » médiatique.

Alors, pensez bien que Zemmour, piqué au vif par l’outrageante comparaison, l’attendait au tournant du débat. Après lui avoir jeté au visage l’absence de sérieux du parallèle et s’être demandé s’il s’agissait d’une posture, d’hypocrisie pour rentrer en grâce à gauche ou – plus grave – d’un point de vue sincère qui démontrerait son refus de choisir « entre ceux qui attaquent le pays et ceux qui le défendent » dans une guerre de civilisation, il a réaffirmé l’intangible identité française en citant Valéry : « Terre christianisée, romanisée et qui a subi la discipline grecque. » Tout le reste s’y agrégeant. Son contradicteur défendant, contre lui, un fourre-tout de bienveillance républicaine n’a démontré que son confusionnisme en rétorquant que la civilisation française, c’était, en outre, « aussi l’islam ». Bref, un insipide « gloubi-boulga », selon Zemmour qui n’a pas manqué de moquer les faux-semblants du « blancos », ses divagations binationales qui l’ont disqualifié et, surtout, ses responsabilités dans le renoncement coupable des hommes politiques face à l’invasion migratoire en cours.

Bref, un débat pugnace où chacun a tenté de marquer l’adversaire. Mais là où l’éditorialiste a donné la seule piste d’avenir, celle d’une réforme pressante du droit pour juguler la tyrannie migratoire invasive du nombre, le politicien réformiste n’a su opposer que l’esquive rhétorique ou la caricature en lui lançant les anathèmes éculés de la social-démocratie : « idées dangereuses », « discours de haine ». Ils ne portent plus. Et Manuel Valls, pour son malheur politique, reste arc-bouté, par aveuglement idéologique, sur son refus du choix identitaire. Un choix pourtant impérieux, assumé par Zemmour, pour sauver ce qui pourrait l’être de l’âme historique de la nation.

Mais la France n’attend pas d’anciens batteurs d’estrade sur le retour, elle attend des acteurs d’autorité et de courage. Ne l’accablons pas. Souhaitons-lui d’accepter vite un retour à l’anonymat citoyen qui lui fera servir au mieux sa patrie adoptive et ses amours privées.

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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