Kiabi, la mode et la trisomie

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Bien connue des familles appréciant « la mode à petits prix », l’enseigne nous offre un peu de douceur dans ce monde de brutes. Si la tendance est à l'humanité augmentée, la marque nous vend ici la beauté de l'humanité diminuée et lui confère toute sa dignité à travers ce joli cliché. En présentant, le 23 mars, sur Facebook, sa nouvelle collection de T-shirts basiques colorés, Kiabi choisit un couple composé d'un père ET d'une mère, et l'enfant lové dans les bras du papa est porteur de trisomie 21. Un casting aux antipodes de celui qui représentait les maillots du Petit Bateau à voile et à vapeur

Face à cette campagne inattendue, les internautes ne s’y trompent pas : « Merci Kiabi Ça donne envie d'acheter chez vous, une photo qui va à l'encontre de ce qu'on a l'habitude de voir chez les si bien-pensants Petit_Bateau et Cie !!! » ; « Elle mérite tous les Like du monde Kiabi ❤️ » ; « Merci pour cette photo ❤️ » ; « Bravo pour cette photo ❤️ »…

Une nouvelle positive pour Nicolas Sévillia qui rappelait récemment, dans ces colonnes, que les personnes trisomiques ont disparu du paysage : « Cela confirme qu'elles sont mieux acceptées, que leur image est plus valorisée qu’autrefois. » De quoi décomplexer les parents de ces enfants « différents » qui témoignent souffrir parfois du regard des autres. Quand bien même cette publicité, publiée à deux jours de la Journée mondiale de la trisomie, ne serait qu'une bonne opération marketing, réjouissons-nous que le handicap fasse vendre aujourd’hui : « C’est vrai que c’est un retournement très fort », reconnaît le secrétaire général de la fondation Jérôme-Lejeune. « Dans notre société rongée par l’angoisse liée au virus, cette idée du resserrement du lien familial autour de la fragilité est quelque chose qui émeut les gens plus aujourd’hui encore qu’hier. Donc l’image d’une famille qui s’aime est un modèle qui fait peut-être un peu plus rêver. »

Alors, merci Kiabi, puissent d'autres enseignes lui emboîter le pas. Pour autant, aussi encourageant que soit le message véhiculé par cette publication, le bonheur qui en émane et ces petits cœurs qui l'accompagnent ne doivent pas nous faire tomber dans l'angélisme ou la naïveté. 96 % de ces enfants sont éliminés avant leur naissance. « Toutes les techniques de dépistages s’améliorent et visent à détecter de plus en plus tôt », dénonce Nicolas Sévillia. Gageons qu’à force de telles publications, l’opinion publique change enfin son regard sur la vulnérabilité, et nos gouvernants leurs lois iniques

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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