La Dame de Pierre : beau succès pour le spectacle d’hommage à Notre-Dame

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Le 25 juin dernier, Marc Eynaud recevait Corentin Stemler, metteur en scène du spectacle La Dame de Pierre. « C'est un peu le spectacle de la démesure », confiait-il à BV. Le pari était d'ailleurs risqué : remplir les 3.500 places du Palais des Congrès trois jours de suite, au début de l’été, avec pour star la cathédrale Notre-Dame de Paris, et ce, alors que la France sombrait dans la violence des émeutes urbaines et des incendies. Mais comme le dit Mark Twain, « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ! »

Le résultat dépasse les attentes, en termes d’affluence et d’unanimité, sur la réalisation même du spectacle : trois représentations à guichets fermés, des standing ovations de dix minutes à chaque représentation, des réactions variées et enthousiastes d’un public venu s’émerveiller devant cette cathédrale, que des décors vivants et lumineux mettent en scène aux moments charnières de son histoire, portés par une musique épique, pleine de panache, de poésie et de sacré. En effet, plus que d’une reconstitution historique, il s’agit surtout de traduire la trame spirituelle, la transcendance portée par cette cathédrale, et c’est ce vers quoi nous amène le spectacle. Chaque tableau met en évidence ce que la foi chrétienne a permis de construire et dont la cathédrale est le berceau, le réceptacle, le signe tangible : la foi au Christ, à l’Église, à la Vierge Marie, qui en est le cœur. L’histoire des rois, des saints, des écrivains célèbres est passée par Notre-Dame.

« Un des plus beaux spectacles »

Victor Hugo, auquel un tableau est consacré, avec la mise en scène de la danse d’Esméralda face à Quasimodo dans Notre-Dame de Paris, livre sa pensée à voix haute face à l’édifice, face à la jeune Gitane qui tournoie et chante avec la grâce qu’il lui avait donnée dans son récit, celle qui fut un peu « l’âme » de Notre-Dame. La part des poètes est centrale dans cet hommage, avec la mise en scène vibrante de la célèbre conversion de Paul Claudel au pied de la Vierge du Pilier en la nuit de Noël 1886. Une nuit qui changea radicalement la vie de ce jeune poète issu pourtant d’une famille anticléricale et que rien ne prédestinait à devenir catholique. Ainsi les différents événements de l’Histoire sont portés par « quelque chose de plus grand », ce qui donne au spectacle sa dimension de « cantique », d’ode mystique, à la façon des poèmes de Claudel. Miracle dans le miracle : François Claudel, petit-fils de Paul, était présent lors de la deuxième représentation. Son témoignage vaut toutes les consécrations : il a simplement dit : « Je m’appelle François Claudel, mon grand-père était poète, et c’est un des plus beaux spectacles auxquels j’ai assisté depuis longtemps. »

L’Histoire prend un sens transcendant, particulièrement lors de la mise en scène des miracles ; mais chaque tableau n’est il pas le récit d’un miracle ? On mesure avec acuité ce qu’a pu signifier, au moment de l’incendie dévastateur du 15 avril 2019, le choix crucial s’imposant aux pompiers entrés dans le bâtiment en flammes : que faut-il sauver en premier ? Certes, il fallait sauver l’édifice tout entier. Mais avant toute chose, que fallait-il sauver ? Et dans ces moments d’urgence, des questions fondamentales se posent. L’important, ici, fut de sauver d’abord la couronne d’épines, vestige de la Passion du Christ.

Certes, certains ont pu exprimer le fait que ce soit trop religieux, trop spirituel, trop centré sur la prière, d’autres que les parties historiques ne soient pas suffisamment explicitées aux yeux du jeune public, ou d’un public non averti, ou que certains pans de l’Histoire aient été oubliés, comme le Te Deum du 26 août 1945 célébrant la libération de Paris avec le général de Gaulle. Mais toute œuvre est « en chemin », elle est par définition perfectible, elle nous appelle vers le haut. Et l’on ne peut pas être indifférent au chant d’amour vibrant qui a résonné, durant 1 h 30, au Palais des Congrès, rassemblant une multitude de talents au service d’une quête supérieure, celle de la beauté. Donc, rien que pour cela, et aussi pour ce formidable travail, un seul mot : merci.

Sabine Faivre
Sabine Faivre
Auteur, essayiste

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Bravo a tous ces artisans et entreprises connaisseurs des techniques de construction anciennes, et que notre système d’éducation n’a pas encore réussi a éradiquer, sans eux, ce miracle n’aurait pas eu lieu. Par contre, cette prouesse ne doit pas dissimuler la volonté plus qu’affichée du pouvoir d’éviter de mener l’enquête et de rechercher les coupables et commanditaires de cet attentat que les médias français et la propagande gouvernementale veulent nous faire croire qu’il s’agirait que d’un accident lamentable du a un mégot allumé et négligemment oublié. Je me souviendrai toujours de l’arrivée du président et de son premier ministre, souriant goguenardement, alors qu’ils se dirigeaient vers les lieux du sinistre (n’oublions pas le méga projet de centre commercial de l’île de la cite). Les français, anesthésiés, ne semblent pas vouloir demander des comptes a leurs gouvernants et se contentent de la version officielle, et il semblerait qu’a l’étranger, on soit plus sensibilisé a connaitre la vérité sur ce crime, ainsi que le chante la Pop-Star anglaise Morrissey, dans un de ses derniers tube (rf Breiz-info du 10 juillet). Ou sont nos bobos artistes franchouillards au rabais soumis au pouvoir dans le questionnement et la lutte pour cette juste cause ???ou sont-ils???

  2. On regrette d’étre provincial et n’avoir pu assister à ce spectacle .Par contre je suis heureux que la passion pour Notre Dame ne se soit pas consummée avec l’incendie mais au contraire renaît de ses cendres .

  3. Pourrons-nous, les non-parisiens, avoir dans nos campagnes lointaines le plaisir d’accueillir ce spectacle ?

  4. C’est bien beau tout ça, mais pour un pauvre provincial inculte come moi, qui n’a aucune chance d’assister à un tel spectacle, même en payant le prix fort, la question principale continue à me tarauder : d’où vient cet incendie?

  5. C’est dingue comme les bâtiments catholiques brûlent a cette époque. Même à l’époque où la république était « assez «  anti catholique ces bâtiments étaient respectés. Ce doit être le réchauffement climatique.

  6. Peut être nous finirons par avoir un sursaut pour nous sortir de notre situation !! Ce succès est rassurant

  7. Évidemment que le Cœur de Notre-Dame nous dépasse, nous enlace, nous étreint même.
    Il y a une force spirituelle et physique qui se dégage de la Cathédrale.
    On ne peut rester indifférent à cette force qui nous étreint, cette luminosité qui nous éclaire.
    10.500 spectateurs, quel beau score qui devrait donner à réfléchir certains critiques médiatiques.

  8. « L’important … fut de sauver d’abord la couronne d’épines, vestige de la Passion du Christ » : acte prémonitoire ? Après la période de Passion que traversent la France et les français chrétiens , depuis quelques décennies, n’y a-t-il pas « dans l’air » les prémices d’une Résurrection flamboyante qui terrassera le dragon ?

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