Kwassa-kwassa en Bretagne : pour éviter l’affaire Ferrand, Macron se la joue OSS 117 !

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On est Président jupitérien ou on ne l'est pas. Macron l'est jusqu'au bout. Pour sa première visite en province, il a voulu renouer avec l'habitude du général de Gaulle de dormir en préfecture. Pour l'image. Et, en fait, de cette virée en province ne subsisteront que des images. Le déplacement n'était, d'ailleurs, destiné qu'à cela. Le verbe n'étant pas son fort, il a donc enchaîné les prises de vue.

En mer, sur terre et dans les airs. Rade de Lorient. Aux commandes, entouré de fusiliers marins, fendant les eaux, avec un air de Jean Dujardin qui jouerait le rôle de Macron devenu Président.

Et puis cette visite au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage atlantique (CROSS) d'Etel, toujours dans le Morbihan. Toujours de belles images, et peu de paroles, car il fallait éviter le sujet qui fâche, le Breton qui fait tache : Ferrand...

Mais tout de même une petite conversation, histoire de montrer que le Président demeure, malgré Trump, Poutine, Versailles, Jupiter, proche des préoccupations quotidiennes des Français. La discussion porte sur les bateaux de pêche et notre Président, qui ne savait pas avant de le devenir que la Guyane n'était pas une île, est désormais incollable sur ce lexique spécialisé, qu'il soit breton ou ultra-marin. Extrait :

- Agent : il y a des tapouilles et des kwassa-kwassa.

- Emmanuel Macron : ah non, c'est à Mayotte, les kwassa-kwassas !

- Agent : Monsieur le Président, vous êtes un connaisseur !

- Emmanuel Macron : (rires) mais le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien ! (Rires) C'est différent.

Et là, il n'y a pas photo : Macron est vraiment devenu Jean Dujardin dans OSS 117, riant de ses propres blagues racistes ! On croirait entendre les rires de Bellemare et de Dujardin dans OSS 117 : Rio ne répond plus ! Mêmes dents, mêmes gestes de la main, même voix, même connivence dans le dialogue ! Un superbe acteur ! Premier degré ? Second degré ? Troisième degré ? On ne sait plus.

Notre Président des hauteurs sait aussi faire de mauvaises blagues racistes sur les Comoriens que l'on « repêche », morts ou vifs, durant leurs traversées sur leurs kwassa-kwassa pour rejoindre Mayotte, et donc la France. Puisque la crise migratoire, pour la France, c'est autant dans l'océan Indien qu'en Méditerranée. Ces dernières années, plus de dix mille Comoriens sont ainsi décédés.

Dans la presse, seuls l'émission "Quotidien", puis le "Lab" d'Europe 1, ont rendu compte pour l'instant de l'épisode, la communication présidentielle étant désormais verrouillée. Ce qui ne laisse pas d'inquiéter. S'il faut désormais compter sur "Quotidien" et "Le Lab" pour obtenir de véritables investigations, nous avons du souci à nous faire.

Évidemment, sur les réseaux sociaux, l'indignation s'est exprimée. Ce qui choque, au-delà du mauvais goût et de la désinvolture du propos présidentiel, c'est bien sûr le « deux poids deux mesures ». Cécile Duflot et Nadine Morano se sont curieusement retrouvées pour dénoncer cette complaisance des médias, qui n'auraient rien passé à un Sarkozy ou à un responsable de droite qui aurait eu le malheur de faire un tel dérapage. Et, pour une fois, Cécile Duflot avait raison. Certes, le service de communication de l’Élysée a reconnu que c'était une "plaisanterie pas très heureuse" et "malvenue".

Mais les Français n'ont que faire de ces rabat-joie ! La blague a fait flop mais elle fait le buzz. Ils ont enfin trouvé le grand acteur président qu'il leur fallait. Ils en redemandent et peut-être attendent-ils avec impatience le remake que Macron pourrait un jour faire, quand il "se lâchera" comme jeudi en Bretagne, de la scène du muezzin dans OSS 117 : Le Caire, nid d'espions.

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