Joachim Son-Forget, sur les événements à Washington : « Ce n’était ni une insurrection ni un coup d’État »
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Le député Joachim Son-Forget réagit aux événements du 6 janvier à Washington, où des partisans de Donald Trump se sont introduits dans le Capitole, le symbole de la démocratie américaine.
Mercredi soir, le Capitole était pris d’assaut par les partisans de Donald Trump. Cette scène a, évidemment, beaucoup marqué à l’international, d’autant qu’il y a eu plusieurs morts et des costumes assez improbables qui rendaient cette atmosphère assez irréelle. Qu’avez-vous pensé, en voyant ces images ?
Ces images sont impressionnantes. Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’un événement de ce type survient. Le Capitole a été occupé par Les Black Panthers surarmés, il y a quelques dizaines d’années. C’était certainement un moment historique, et celui-ci l’est probablement aussi. Dans l’ensemble, on aperçoit sur les images une foule relativement petite et relativement calme.
Mettez quelques gilets jaune version Black Blocs et vous auriez eu le feu au Capitole, les bureaux retournés, les dossiers vidés et peut-être beaucoup plus de dégâts. Il est gravissime de savoir qu’il y a quatre morts et, en plus, on aperçoit cette femme vétérante qui se fait tirer à bout portant dans des circonstances où elle n’était pas armée.
Je me permets tout de même de relativiser un peu sur le fait que les Américains savent faire du spectacle. Tout cela est bien scénarisé. Finalement, cela permet aisément au camp démocrate d’achever la partie de manière un peu particulière. La dramatisation de ce moment arrange bien des gens.
Vous êtes député des Français de l’étranger et vous étiez membre de la majorité présidentielle. Emmanuel Macron s’est exprimé cette nuit avec un drapeau américain et un drapeau français dans une mise en scène qui a été allègrement moquée pour certains et admirée pour d’autres. Était-ce gênant de voir cette mise en scène un peu théâtrale ?
Il est dans une attitude qui est la même que les chefs d’État du monde entier. Tout le monde s’est senti d’aller de sa petite remarque, comme si on était au milieu d’une soi-disant insurrection et d’un coup d’État. Ce qui n’était évidemment pas le cas. On était loin du compte. Cela fait partie de ces signalements vertueux que l’on a sur les réseaux sociaux qui sont devenus une règle même au niveau des chefs d’État. Vraisemblablement, personne n’échappe à la règle. Dans notre monde moderne ultra connecté, il faut toujours que quelqu’un fasse ce virtue signalling et dire à qui veut l’entendre qu’il est le gardien suprême de la morale. Dans l’ensemble, le message est cohérent avec la ligne politique qui est la sienne. Le commentaire politique plus nuancé que je ne le fais moi n’est sans doute pas un commentaire de chef d’État. Mais il n’est pas si éloigné de la réalité.
Sans surprise majeure, Joe Biden sera le nouveau président américain. Les États-Unis seront-ils plus ouverts ? Quelles sont les premières leçons que l’on pourrait éventuellement tirer ?
J’espère que l’on ne va pas vers un retour de l’interventionnisme typique des précédents présidents, et notamment certains présidents démocrates comme Barack Obama, qui donnait le change avec les petits sourires complices avec le petit personnel mais n'hésitait pas à envoyer des actions belliqueuses de masse sur des populations incluant des populations civiles. J’espère que ce n’est pas le retour de ce type de politique. Sous le vernis démocrate peuvent se cacher ces impérialistes, interventionnistes, donneurs de leçons de morale. En sortie de cette période, il restera un bilan géopolitique de Donald Trump extrêmement bon et probablement un bilan sur des réformes internes qui a malheureusement été impacté par la politique intérieure. Ces querelles internes ont beaucoup dégradé cette tentative de réforme. Sans la pandémie, cette élection aurait probablement été différente. Il aurait été difficile de masquer que les supporters de Donald Trump avaient envie de lui comme nouveau président.
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