Jean-Yves Le Gallou : « Suppression de l’ENA : si on ne recrute pas par concours, on recrutera par la faveur »

Jean-Yves Le Gallou

Au menu des annonces que devait faire le président de la République, lundi 15 avril, se trouve la suppression de l’ENA.

Jean-Yves Le Gallou, lui même ancien élève de l'École nationale d'administration, réagit au micro de Boulevard Voltaire.

Emmanuel Macron souhaiterait, a priori, supprimer l’ENA. Est-ce une bonne idée ?

C’est très bien de vouloir supprimer l’ENA, mais l'entrée à l'ENA s'effectue par un concours qui permet la sélection par le mérite républicain des futurs hauts fonctionnaires. On continuera, de toute façon, à recruter des hauts fonctionnaires. Si on ne les recrute pas par un concours, on les recrutera pour d'autres raisons. Soit ils auront des parents qui les aideront à être recrutés. Soit par idéologie, parce qu’ils seront particulièrement conformes à ce que le pouvoir souhaite. Par la faveur ethnique, culturelle ou religieuse, parce qu’ils appartiendront à des minorités.
Il s’agit de remplacer des étudiants français qui auront réussi un concours par des gens qu’on aura recrutés sur d’autres critères. C’est soit le mérite, soit la faveur. Il n’y a pas d’autre solution.

Y a-t-il une vraie volonté ?

Si on veut se débarrasser de la technocratie, il faut d’abord se débarrasser de monsieur Édouard Philippe et de monsieur Macron. Ils sont, en l’occurrence, énarques. Je crois que ce sont eux la quintessence de la technocratie au service d’intérêts étrangers. C’est peut-être ce qui est le plus grave. Monsieur Macron et monsieur Philippe sont des démolisseurs des institutions et des traditions françaises. C’est grave !

On reproche à l’ENA de fabriquer des gens qui rentrent dans des cases. Cela veut peut-être dire que d’autres gens moins idéologisés vont arriver…

Je ne crois pas. Cela va aggraver la situation. Je ne dis pas que la situation actuelle est satisfaisante. Il y a déjà beaucoup de conformisme idéologique, notamment en amont de l’ENA. L’ENA recrute à partir de Science Po et de HEC. Le concours, c’est l’anonymat. Cela donne un peu de chance à tout le monde. Je crois que cela donnera davantage de chances à ceux qui pensent de façon particulièrement politiquement correcte. Il s’agit de les remplacer. C’est une mesure qui ne pourra qu’accélérer le grand remplacement des élites. C’est probablement l’objectif poursuivi.

Jean-Yves Le Gallou
Jean-Yves Le Gallou
Ancien député européen, essayiste - Président de Polémia.

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