
Ibiza, ses discothèques techno, ses « after », ses plages de rêve, son Jean-Michel Blanquer... L'office du tourisme de l'île des Baléares se pare désormais d'un atout supplémentaire : le château de sable fabriqué par le ministre de l'Éducation nationale français durant ses vacances de fin d'année. Gardé 24 heures sur 24 par deux hommes en arme, la construction témoigne du talent d'un homme d'État qui réussit son œuvre malgré l'interview qu'il dut donner au Parisien pour décrire un protocole sanitaire inapplicable.
Si les autorités locales s'extasient sur le monument, en France, l'artiste reste incompris. En plein chaos sanitaire au sein des établissements scolaires, le séjour au soleil révélé par Mediapart provoque un tollé au sein de la classe politique. Les Insoumis s'étranglent, Sandrine Rousseau disjoncte, Yannick Jadot dénonce. « Insupportable, irresponsable », clame le député LFI Bastien Lachaud. « Qu'il dégage et qu'il y retourne ! »
Du côté de la majorité, un député influent du groupe LREM à l'Assemblée s'insurge auprès de Libération : « Qu'il se débrouille je me suis déjà tapé les mesures à défendre. » Allusion au rappel impératif des députés, le 29 décembre, pour amender le projet de loi sanitaire qui les fit travailler « jusqu'aux dernières heures de 2021 ». Et pendant ce temps-là, à Ibiza, Môsieur le Ministre... pelle et seau, ukulélé, sea, sex and sun... Les images se bousculent dans la tête du macronien. Et pas même une carte postale, pas un souvenir. Rien.
Le 2 décembre, veille de la rentrée scolaire, Jean-Michel Blanquer consentait à abandonner sa plage et ses crustacés. Son édifice lui survivrait. Retour tardif aux dures réalités de ce monde ingrat. Face au déchaînement d'indignation, l'ex-estivant déclare à la tribune de l'Assemblée « regretter la symbolique de ses vacances à Ibiza ». La prochaine fois, ce sera chambre d'hôte chez un pharmacien. Deux semaines de test PCR en pension complète. Matin, midi, soir et re-contrôle à quatre heures du matin. Solidarité avec les élèves des écoles oblige. Dans la tempête, un ministre de l'Éducation nationale reste sur le pont-levis de son château de sable scolaire.
18 janvier 2022
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