« Je n’ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d’échec » : Emmanuel Macron tel qu’en lui-même
Gabrielle Cluzel saluait, jeudi, l'humilité d'Angela Merkel reconnaissant rapidement son erreur d'avoir voulu « annuler Pâques » et se prenait à rêver de responsables français qui seraient capables d'une démarche comparable, tant ils peuvent rivaliser avec Angela Merkel pour les décisions les plus aberrantes. L'interview surprise donnée, jeudi soir, par Emmanuel Macron aura coupé court aux espoirs de conversion de notre Président.
Plus Jupiter ou César que jamais, il a lancé l'une de ses saillies dont il a le secret : « Je n'ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d'échec. » Un veni, vidi, vici qui venait justifier sa décision de ne pas reconfiner fin janvier. Et, en effet, il peut à bon droit souligner que nous n'avons pas connu l'explosion que les modèles prédisaient pour février-mars.
D'ailleurs, il est curieux que ce soit parfois les mêmes qui lui reprochent les restrictions qu'il impose qui déplorent en même temps qu'il n'ait pas reconfiné : un sondage Elabe indique que 60 % des Français lui reprochent de ne pas avoir reconfiné... Les mêmes, aussi, qui reprochent à Jean-Michel Blanquer de ne pas fermer plus vite les écoles (et qui s'indignent, ensuite ou en même temps, des dangers psychosociaux de la déscolarisation).
Certes, sa phrase catégorique ne portait que sur cette décision de fin janvier et il serait malhonnête d'en faire le credo d'Emmanuel Macron sur toute son action et d'en déduire un trait de personnalité. Mais, au fond, n'est-ce pas ce qu'il cherche à nous faire accroire ? N'est-il pas fidèle à l'audace qui l'a porté là où il est ? N'a-t-il pas mieux compris que tout le monde que la France qui l'a élu et celle qui plébiscite Zemmour ne sont pas vraiment en quête de leaders dégoulinant d'humilité ? Ses adversaires devraient y réfléchir.
Et puis, pour être honnête encore, ce moment d'autosatisfaction du Président venait immédiatement après un petit détour par l'humilité, justement, enfin, l'humilité façon « Voyez comme je suis humble, moi ! » : « Il faut toujours être très humble. J'aurai toujours la même humilité. Nous ne savons pas tout, on fait chaque jour sans doute des erreurs. » L'humilité façon « nous » faisons des erreurs alors qu'Angela Merkel - pas fille de pasteur pour rien - a bien déclaré : « Cette erreur est mon erreur. » Et puis, la chancelière est sur le départ et n'a plus rien à perdre ni d'élection à gagner : un vrai mea culpa en guise de testament, c'est beau comme Giscard regrettant le regroupement familial. Mais notre Président, lui, n'en est qu'à ses débuts sur scène. L'humilité, c'est un truc de vieux sage, ou de chancelière émérite. Pas de « plus jeune président de la République ». On pourrait philosopher longtemps sur l'humilité en deçà et au-delà du Rhin.
D'ailleurs, pourquoi ne pas philosopher avec Julien Bayou ? Le secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts, interrogé vendredi sur Franceinfo, s'est empressé de sauter sur cette phrase d'Emmanuel Macron : « Je n'en peux plus de cette arrogance, de cette suffisance. C'est une crise que personne n'a connue. Ce qui devrait commander, c'est l'humilité. Personne n'en voudrait au gouvernement s'il disait "Écoutez, on est un peu dépassés". » Ben oui, voilà comment les Verts s'y prendraient, eux, s'ils étaient aux commandes : « On est un peu dépassés. » C'est tout eux ! L'humilité au naturel, spontanée.
Décidément, l'humilité est une valeur en hausse dans le monde politique et quelque chose me dit qu'on n'a pas fini d'en entendre parler pour 2022. Tiens, Xavier Bertrand, justement, qui aurait dû être le héros de la semaine : pas plus humble que lui. Une déclaration de candidature en forme de non-événement total, au fond d'une page du Figaro. La véritable humilité. L'effacement avant même d'exister.
On n'attend plus que Ségolène Royal pour nous donner de vraies leçons d'« humilitude ».
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