« Pour intervenir dans les médias, il faut présenter patte rose ! »
Aurélie Filippetti, ancienne député socialiste de Moselle (éliminée dès le premier tour à l'élection législative de juin dernier), ministre de la Culture et de la Communication de 2012 à 2014, va rejoindre l'équipe d'intervenants de l'École supérieure de journalisme de Paris (ESJ), après avoir été récemment recrutée comme chroniqueuse sur RTL.
L'occasion, pour Jean-Yves Le Gallou, de revenir sur la connivence entre la classe politique et la classe médiatique, cette dernière donnant le la.
On a appris qu'Aurélie Filippetti, ancien ministre et membre du Parti socialiste, devenait prof dans une grande école de journalisme, l'ESJ. Qu'est-ce que cela dit, selon vous, du lien entre le monde médiatique et le monde politique ?
Il y a une grande confusion entre le monde médiatique et le monde politique.
Malgré tout, c'est bien la classe médiatique qui donne le la désormais, notamment sur le plan de l'idéologie dominante et du conformisme dominant.
Il serait donc plus logique de parler de classe médiatico-politique que de classe politico-médiatique.
On voit qu'un certain nombre d'hommes ou de femmes politiques battus aux élections, dont l'idéologie est tout à fait conforme à la classe médiatique, se reconvertissent en obtenant des créneaux dans des émissions de radio ou de télévision. On a déjà eu, par le passé, Daniel Cohn-Bendit, Bachelot, madame Garrido des Insoumis, Aurélie Filippetti. Cette dernière va cumuler puisqu'elle va intervenir sur les médias mais aussi prendre un poste de chef de service à l'École supérieure de journalisme de Paris. D'ailleurs, on ferait mieux de l'appeler l'École socialiste de journalisme. Au moins, cela dirait les choses de manière claire. Elle va, par ailleurs, s'occuper de la communication institutionnelle. Il s'agit, là encore, d'un mot du novlangue. Il s'agit tout simplement de la propagande des associations, de l'État ou de l'entreprise. Elle va donc enseigner aux élèves journalistes comment répercuter cette propagande officielle, pour peu, bien sûr, qu'elle soit politiquement correcte - ce qui ne manquera pas d'être le cas.
Vous dénonciez un parti pris politique. Le problème n'est-il pas un manque de pluralisme politique au sein de la presse, plus que le fait que ces gens-là aient des idées à droite ou à gauche ?
Je pense qu'il est légitime quand on fait de la politique, il s'agit d'un engagement de conviction.
Quand on est journaliste, on traite un événement sous un angle plus que sous un autre. Cela semble normal, c'est ce qui fait que le papier ou le son ou l'image sera compréhensible.
Le problème vient du fait que ce monde reste monocolore.
On n'a recruté que des gens issus de la gauche socialiste ou de la gauche des Républicains. Madame Bachelot, à ma connaissance, n'est pas plus une femme de droite que madame Filippetti.
A contrario, Europe 1 avait envisagé de faire appel à monsieur Messiha pour être éditorialiste. Mais, bien qu'il soit un Français d'origine égyptienne, naturalisé et assimilé, comme monsieur Messiha avait été candidat Front national, cela n'a pas suffi à le faire accepter. Ces idées ont été jugées "incompatibles" avec les valeurs d'Europe 1.
Par contre, monsieur Messiha ne se laisse pas faire. Il a annoncé qu'il allait faire un procès pour discrimination politique. Il a tout à fait raison. La discrimination politique est interdite, tout comme la discrimination raciale ou religieuse. Elle est, toutefois, allègrement pratiquée.
Son histoire révèle, en tout cas, de façon exemplaire qu'il faut présenter patte blanche pour intervenir dans les médias, à moins que ce ne soit "patte rose". Sinon, on n'a pas le droit de s'exprimer si on ne pense pas conformément à la pensée dominante du parti des médias.
Je pense qu'on peut parler d'un parti des médias, parce qu'ils portent une idéologie.
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