Pour le politologue Guillaume Bernard, il semble que les responsables politiques à droite n'aient tiré aucune leçon de leurs échecs en 2017, aussi bien Laurent Wauquiez qui ne veut pas discuter avec le Front national que Marine Le Pen qui vient de déclarer que l'union des droites était une "vieille illusion", mais surtout une "trop petite ambition". La recomposition à droite ne pourra se faire en termes d'appareils. Le peuple de droite aspire en tout cas à autre chose.

Marine Le Pen a déclaré, il y a quelques jours, que l'union des droites était non seulement une vieille illusion, mais surtout une trop petite ambition. Tout le monde a évidemment pensé à son alliance avec Nicolas Dupont-Aignan. Elle semble décidément assez ingrate à son égard. Mais que faut-il penser sur le fond de cette déclaration ?

Je crois que les hommes politiques ont pris cette détestable habitude de raisonner en termes d'intérêts personnels et d'intérêts partisans. Les partis ont besoin d'argent et ont donc besoin, en tant que tels, d'exister.

On a le sentiment que les hommes politiques n'ont tiré aucune leçon des événements de 2017. Cela est vrai aussi bien chez LR, où Laurent Wauquier annonce qu'il ne veut aucune discussion avec le FN, que chez Marine Le Pen, qui ne veut pas envisager de recomposition politique. Ils n'ont tiré aucune leçon de leur double échec.

Un élément me semble important dans le spectre politique.

D'abord, il n'y a pas des droites, il y a une droite. Par ailleurs, il y a des partis politiques classés à droite.

Que l'on veuille tenter une alliance des différents partis politiques qui sont à droite, c'est effectivement une illusion.

En revanche, que des personnalités, et des électeurs surtout, se répartissent dans les partis à droite, mais qui sont tous de droite, cela est une véritable réalité.

La recomposition pourrait se faire sur cette base-là.

Une clarification doctrinale permettrait à toutes les personnes véritablement de droite - et en particulier les électeurs - mais qui sont réparties dans différents partis pour différentes raisons personnelles, locales, de sensibilité, de se rassembler dans un véritable mouvement.

Ce courant politique de droite ne pourra véritablement se réaliser qu'à la condition qu'il réunisse des personnes des deux rives du fleuve.

Nicolas Dupont-Aignan a réagi ce matin très rapidement en disant qu'il croyait toujours à l'union des droites. On sait qu'il va accueillir différentes personnalités classées à droite lors de son université de rentrée. Est-ce que Nicolas Dupont-Aignan se rêve ou pourrait être cette figure de l'union des droites aujourd'hui ?

Il est plutôt vraisemblable qu'il se voit dans cette position.

Il est incontestable qu'il est celui qui, au niveau national, après Robert Ménard au niveau local, a franchi un tabou.

Il me semble cependant qu'il raisonne encore en termes d'appareils.

Le peuple de droite aspire à autre chose que de simplement rassembler des personnes d'organisations qui existent aujourd'hui.

Regardez comment Emmanuel Macron a réussi à réaliser la grande coalition de la droite libérale et de la gauche sociale-libérale. Il l'a fait en se passant des partis politiques et non pas en essayant de rassembler de vieilles structures où l'atavisme ou la force d'inertie sont encore très grandes.

Je crois que, pour éviter les suspicions, la recomposition de la droite doit se faire en se passant des forces politiques ou en allant au-delà des forces politiques telles qu'elles existent aujourd'hui.

Tant qu'on résonnera en termes d'appareils actuels LR, FN, DLF, sans aucun doute, la recomposition ne verra pas le jour.

Très prochainement, il y a aura l'élection du président des Républicains ainsi que le congrès du Front national. Est-ce que ces deux événements dans les deux grandes familles politiques à droite pourraient déterminer cette union dans les années qui arrivent ?

Tel que cela se profile, il semble qu'on soit dans le statut quo et qu'il ne va rien sortir de tout cela.

En revanche, qu'un même candidat se présente à la présidence de LR et à la présidence du Front national, ou alors qu'il y ait un candidat LR qui se présente à la présidence Front national, et un candidat du FN qui se présente à la présidence de LR, cela pourrait être bien, rigolo, symbolique.

Dans ce cas, peut-être des choses bougeraient. Cela pourrait favoriser le dynamitage de ces vieilles structures politiques dont l'offre est, à l'évidence, aujourd'hui déficiente.

Si l'offre politique est déficiente, il faut donc peut-être la remplacer. Donc, pourquoi pas ? Cela pourrait peut-être permettre des choses.

Je crains néanmoins que les appareils aient verrouillé les conditions pour pouvoir être candidat.

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16 septembre 2017 à 17:53

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