Interdiction de Génération identitaire : une aberration historique et anthropologique
Le ministre Darmanin a voulu rentrer dans l’Histoire : il y a réussi. La dissolution de l’association Génération identitaire constitue une première dans l’histoire des peuples, sans doute depuis l’âge de pierre. Les autorités des différentes communautés, quelles qu’elles soient (tribus, cités, États), ont toujours criminalisé ou, en tous les cas, sanctionné les membres de ces communautés qui allaient à l’encontre de leurs intérêts et récompensé ceux qui les défendaient. C’est le contraire que l’on fait aujourd’hui. En même temps que l’on est notoirement très indulgent pour ceux qui ne se cachent de vouloir détruire notre pays.
Si l’on se place hors de toute référence religieuse, les origines de la morale sont simples : est moral tout ce qui permet au groupe de « persévérer dans l’être », comme dit Spinoza, de se maintenir et de prospérer. Il ne faut pas tuer ou voler ou se nuire entre soi pour préserver l’unité du groupe ; il est, en revanche, permis de se défendre, y compris par les armes, contre les agressions extérieures.
Tout un chacun a le droit de discuter les idées portées par le groupe de jeunes appelé Génération identitaire. Mais l’interdire est plus que contestable. Il est hors de doute que son but est la préservation du groupe que constitue, aujourd’hui, la France et non sa destruction : il diffère ainsi des Black Blocs ou des No Borders qui ont des objectifs opposés. Il est hors de doute, aussi, que certaines de leurs actions, notamment dans les cols des Alpes et des Pyrénées, avaient pour but non la contestation de la loi mais son application. Il est non moins certain, enfin, qu’on peut difficilement reprocher à Génération identitaire des actions violentes.
Ce mouvement est attaché à l’identité française comme tous les hommes de tous les peuples depuis l’origine des temps ont été attachés à l’identité de leur groupe. Cela n’est pas contradictoire avec l’amour des autres peuples, au contraire : pour « aimer les autres comme soi-même », il faut commencer par s'aimer soi-même. Tenir l’amour de soi – ou de son groupe - pour de la haine est une aberration. À titre privé, je souhaite que mes enfants prospèrent et qu’ils transmettent l’héritage Hureaux que j’ai tenté de leur communiquer. Cela ne signifie nullement la haine des Dupont ou des Durand.
Non seulement les sociétés du passé, et cela, jusqu’à une date récente, ne sanctionnaient pas ceux qui défendaient les intérêts du groupe mais ils les mettaient à l’honneur. À Athènes, au Ve siècle, les bons citoyens, ceux qui défendaient la cité, étaient récompensés. Depuis Napoléon, on décerne la Légion d’honneur pour services rendus à la nation.
Bien entendu, cette interdiction ne vient pas par hasard. Macron et Darmanin ne sont pas du genre à penser par eux-mêmes. Ils suivent le grand courant de répression du « politiquement incorrect » qui vient de s’accélérer aux États-Unis après la nomination de Biden : telle éminence démocrate appelle à « déprogrammer les trumpistes » ; s’instaure une sorte de loi des suspects qui se traduit par une véritable interdiction d’emploi ou la coupure des comptes Internet.
L’interdiction de Génération identitaire s’inscrit dans la montée de l’intolérance qui gagne tout l’Occident et qui vise non pas, comme dans les sociétés du passé (les sociétés normales, dirons-nous), ceux qui portent préjudice à la collectivité ou qui encouragent à le faire, mais ceux qui au contraire veulent la défendre. Étrange pathologie qui a pris la forme d’idéologies bien plus haineuses que celles qu’elles prétendent combattre : comment ceux qui ne s’aiment pas comme Français, comme Européens, comme Américains, pourraient-ils aimer le reste de l’humanité ? L’idéologie nihiliste vise, en réalité, l’autodestruction. Si elle n’est pas mise en échec, prévoyons la fin de notre culture.
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