Immigration : une étude de la Fondapol prône la voie danoise

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La Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), dirigée par Dominique Reynié, vient de publier une étude fort instructive sur la maîtrise de l’immigration au Danemark, pays symbole de la social-démocratie nordique.

Depuis vingt ans, une politique migratoire très restrictive est appliquée, et ce, quelle que soit la majorité gouvernementale du moment. Autrement dit, il y a un consensus politique et transpartisan sur la volonté de maîtriser les flux, qui correspond au consensus large de la population sur ce sujet. Une politique migratoire qui, ainsi appliquée, permet et surtout réclame une intégration réussie.

Quelles en sont les caractéristiques ?

Tout d’abord, un accès à la nationalité difficile. Par exemple, pour obtenir la naturalisation, il faut résider depuis sept ans au Danemark, avoir un bon niveau de langue (réellement évalué, il ne s’agit pas de produire juste une attestation d’inscription à un cours de langue), réussir un test de connaissance de l’histoire et de la société danoises, prouver une participation réelle à la vie citoyenne. Bref, adhérer aux valeurs de la société danoise. Depuis 2019, une poignée de main obligatoire est l’acte final de la naturalisation. On comprend aisément à qui cela s’adresse.

Ces conditions s’accompagnent d’une politique pénale forte et surtout réellement appliquée : commettre des infractions recule la possibilité de demander cette naturalisation, les peines de prison même avec sursis empêchent définitivement d’obtenir la nationalité danoise.

L’obtention des visas se fait dans l’intérêt de la société et de l’économie danoises : il y a des facilités accordées à la main-d’œuvre étrangère qualifiée qui correspondent à une demande au Danemark. La politique de visas de travail est très encadrée et tient compte des secteurs en tensions mais aussi d’un certain niveau (haut) de rémunération afin de faire venir des travailleurs hautement qualifiés.

Le regroupement familial, qui a signé chez nous la fin d’une quelconque possibilité de restriction et de contrôle des flux, est difficile : il n’est au Danemark ni immédiat ni, surtout, automatique.

Depuis la crise migratoire de 2015, on note un durcissement dans l’acceptation des demandes d’asile, les conditions à remplir sont toujours plus nombreuses. La complexité administrative a aussi pour but de décourager les demandeurs.

Les aides sociales accordés aux étrangers sont réduites à la portion congrue, visas et permis de séjour sont majoritairement accordés à ceux qui peuvent justifier de revenus, l’autosuffisance est la règle, l’aide sociale l’exception. Au plus fort de la crise de 2015, des encarts publicitaires avaient même été publiés dans des journaux libanais pour dissuader des candidats à l’exil au Danemark.

Enfin, en 2016, une loi, la Jewellery Law, qui avait fait polémique, demandait aux réfugiés de payer, sur leurs biens, les frais d’hébergement et de procédure pour les demandes d’asile. Le parti social-démocrate, alors dans l’opposition, avait voté cette loi.

Enfin, dernier clou dans le cercueil de l’accueil inconditionnel et inconsidéré des migrants, le traitement de demande d’asile est, depuis 2021, externalisé dans des pays extra-européens, le plus souvent le Rwanda. Une externalisation pratiquée par la Grande-Bretagne et réclamée aujourd’hui par le gouvernement italien.

C’est le gouvernement social-démocrate de Mette Frederiksen qui a adopté cette loi. Celle-ci a perçu, dès 2015, que la gauche danoise perdrait son électorat populaire si elle ne se ralliait pas à cette politique restrictive : pour l’avoir compris et pour avoir ainsi participé au consensus national et transpartisan autour de la question migratoire, elle a été réélue en 2022, faisant même progresser son parti et réunissant autour d’elle une majorité allant de la gauche au centre droit. L’immigration, désormais parfaitement ma$itrisée, n’est plus un sujet électoral majeur. Ainsi, comme l’explique la note de la Fondapol, « la victoire des sociaux-démocrates procède d’un nationalisme social assumé au nom de l’État providence ».

Il ne s’agit pas tant de préserver un modèle culturel, identitaire ou politique mais plutôt le modèle social de l’État-providence. Celui-ci, et le consensus populaire qui s’y rattache, ne peut se maintenir que s’il est viable, soutenable et donc pas corrodé par une immigration massive, incontrôlée et anarchique. Les Danois ont fait le constat qu’une société multiculturelle est multiconflictuelle et qu’elle menace la confiance en l’État et les institutions, qu’elle met en danger le contrat social et les relations entre les citoyens. Ils s’en sont donc préservés.

Cette politique fonctionne-t-elle ? Il y a une diminution de 28 % de l’immigration (hors réfugiés et demandeurs d’asile) entre 2014 et 2019. Dans le même temps, le nombre de demande d’asile a chuté de 82 %. Pourtant, le Danemark fait partie de l’Union européenne, de la CEDH et de l’espace Schengen. Ce pays a su néanmoins emprunter la voie étroite mais possible de la négociation des traités. Qu’attend-on ?

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Que nous le voulions ou pas , une chose est sure et inexorable voir indubitable , cette invasion migratoire ne peut pas continuer . Elle coûte des milliards aux contribuables Français . Quand on observe qu’un migrant touche plus qu’un agriculteur qui a travaillé toute sa vie ( et pour ne citer que ça ,car la liste n’est pas exhaustive) ,il ne faut surtout pas venir nous parler d’équité . Et après venir se plaindre que le peuple descend dans la rue . L’état est assis sur un baril de poudre avec l’immigration . Mais tant que nous serons gouvernés par des pleutres rien ne changera . Donc « aux grands maux les grands remèdes  » .

  2. Il n’y a pas de difficultés quand les règles sont définies officiellement , claires et approuvées par une population réfléchie et sensée.
    Certes il est plus facile de suivre des règles larges, floues, non votées et édictées par Bruxelles…

  3. Et ça se passe en U.E. où Mme V.D.L. fait la pluie et le beau temps, même quand elle n’en n’a pas la compétence reconnue par la Constitution. Et que le C.E.T.H. dirait à la France qu’ils ne peuvent pas renvoyer des immigrés pour raison humanitaire. C’est donc que la Macronie en France roule pour elle, et pas pour la France, mais sa descente aux Enfers…Drôle de Démocratie !

  4. Je ne comprends pas: pourquoi la Hongrie, en proie à la crise immigratoire, et qui s’essaye à ce concept de « filtration », se fait-elle taper sur les doigts par la Commission européenne?

  5. La politique menée par les Danois montre qu’une autre approche du problème posé par l’immigration est possible et que celle des « identitaires » n’est ni la seule ni la plus convaincante. En France, pays des abstractions et des nuées idéologiques, les partis de gauche ne s’aligneront pas sur les sociaux-démocrates danois. Seul le RN peut porter l’idée danoise d’un rejet de l’immigration au nom de la préservation des droits sociaux des nationaux, une idée que les « identitaires » libéraux-conservateurs détestent. Les sociaux-démocrates danois ont compris que l’homogénéité culturelle est un facteur clef de la cohésion nationale et donc du système de protection sociale. Le succès de la politique anti-immigration est tel que le parti « populiste identitaire » danois a quasiment disparu en 2022.

  6. Changement de peuple, soit, dans 30 ou 40 ans la France sera au niveau des pays éternellement en voie de ….développement !
    Il est grand temps que les Français « et les Européens » virent tous ces incapables dits progressistes, mais surtout avides de pouvoir et traîtres aux nations qu’ils représentent.

  7. Un bel exemple de retour aux valeurs démocratiques qui réagissait les cités grecs.
    La France dont nos politiciens n’ont aucun scrupule, ont mis la main dans un processus qui nous a fait mettre le bras pour preuves le nombre de déséquilibrés qui émaille l’actualité violente.

  8. Ce n’est pas l’intégration qui est nécessaire, mais bien l’assimilation. Un changement de nationalité doit refléter le désir, la volonté de devenir un nouvel « enfant du pays ». Sinon, ce ne serait qu’hypocrisie mensongère profiter d’avantages indus. Partant, ce changement de nationalité doit être refusé.

  9. Des mesures pleines de bon sens. Mais il faut croire que le Bon Sens ne soit pas une qualité de la Macronie !

    • Macronie, dites-vous? Vous pouvez mettre dans le même sac bon nombre des présidents qui l’ont précédé.

  10. Un très bon exemple , mais la France en est loin , elle fait meme le contraire , le gouvernement actuel a élargi le regroupement familial , et la France traine ses malédictions , son histoire coloniale maghrébine et africaine , et ses nombreux territoires répartis sur la planète , ou on peut entrer en France et y rester.

  11. C’est Giscard qui a « ouvert la porte » et ses suivants ont tous « apporter leurs pierre à l’effondrement » …
    Depuis mai 2017, « ça » s’est accélérer et ce n’est pas prêt de diminuer ! …
    La vonderlayen et tous les délires de la CEDH veulent un « open bar » surtout en Europe …
    Frexit très TRES vite …

  12. Ces mesures pleines de bon sens ne risquent pas de voir le jour en France, pays du grand bordel organisé. Quand on veut, on peut. Mais quand on ne veut surtout pas, on voit le résultat. Bravo les Danois !

  13. Comme nous sommes les chantres européens du lissage dogmatique et de la mouvance woke, touts ces principes rebattus et galvaudés de terre d’accueil, d’asile, de défense de l’opprimé, etc, signeront notre arrêt de mort.

  14. En France, comme dans bien des pays européens, la politique du grand remplacement bat son plein. Souvenez-vous : quand le peuple vote contre ses gouvernants, il suffit de changer le peuple.

  15. Pas de soucis, on va les retrouver en France qui est beaucoup moins regardante pour accueillir tout ce beau monde !

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