Huchon et Valls vont voter Pécresse contre le trio infernal : la gauche, explosée façon puzzle
On n’y comprend plus rien.
Les Français ont voulu par leur abstention massive désavouer, entre autres, les partis politiques et notamment le manque de ligne claire de beaucoup d’entre eux. Malgré cela, on assiste, depuis dimanche, à une valse-hésitation de soutiens, défiance, barrages républicains et remparts contre les uns ou les autres qui brouillent une fois de plus les cartes.
La région Île-de-France où Valérie Pécresse, ex-LR, est arrivée en tête en est le plus parfait exemple.
Jean-Paul Huchon, ancien directeur de cabinet de Michel Rocard dont il était proche, et qui a gouverné la région Île-de-France de 1998 à 2015, appelle à voter pour celle qui lui a succédé, dans un entretien accordé au Point. Valérie Pécresse, donc. L’alliance d’Audrey Pulvar, qu’il qualifie de « mauvaise », de Julien Bayou - « un extrémiste » – et de Clémentine Autain est, pour lui, inacceptable. Il explique qu’il ne comprend pas pourquoi la liste LREM, formation qu’il a soutenue en 2017, ne s’efface pas pour faire barrage… à l’extrême gauche. Le mot « front républicain » n’est pas prononcé, copyright exclusif pour le RN, mais le cœur y est. Et le ton vis-à-vis de l’adversaire du PS en 2015 est presque mielleux : « Pour Emmanuel Macron, il vaudrait mieux avoir une présidente de région sérieuse et responsable plutôt que des gens irresponsables, irréfléchis et beaucoup trop idéologues comme le sont Julien Bayou, Clémentine Autain et Audrey Pulvar. »
Manuel Valls, interrogé par Sonia Mabrouk, sur Europe 1, lui emboîte le pas. Il dénonce, pour l’Île-de-France, « l’ambiguïté et les compromissions des membres de cette liste avec l’islamisme, par rapport à la lutte contre l’antisémitisme, l’ambiguïté par rapport à la laïcité […] » tandis que, en même temps, il se réjouit « de voir dans les Hauts-de-France, pour les cantonales, Xavier Bertrand soutenir des candidats de gauche face à l’extrême droite » car « face aux extrêmes, il faut être très clair. Face au danger de ceux qui ont tourné le dos à la République, il ne faut pas hésiter. » Jean-Luc Mélenchon est « sorti des rivages républicains », « cette alliance entre la gauche, les écologistes et La France insoumise est mortifère pour la République ». Discours un peu abscons d’un spécialiste en sinuosité politique pour qui la seule constante est « la République », sans qu’on sache s’il s’agit de la forme de régime politique en exercice en France ou bien de valeurs idéales qu’il reste amplement à définir… et à incarner.
Mettant sur le même plan Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon pour leur supposé antirépublicanisme, il explique qu’il votera « sans hésitation » pour Valérie Pécresse.
Jean-Luc Mélenchon a répliqué à Manuel Valls que « le post-franquisme est un naufrage », quand Clémentine Autain, surfant sur la vague d’une attention médiatique inespérée, affirme : « Il y a la gauche et il y a Manuel Valls : les deux sont irréconciliables », paraphrasant les propos du même Manuel Valls, tenus il y a quelques années.
Lionel Jospin, 84 ans, que l’on imaginait pourtant en bon représentant d’une gauche « historique », républicaine, mitterrandienne et éléphantesque, appelle à voter pour la liste de Julien Bayou, flanqué des islamo-gauchistes de LFI. Mais n’est-ce pas, finalement, la conclusion naturelle de toutes les errances des années Mitterrand ?
Et Ségolène Royal ? Elle y a, bien sûr, vu une occasion de sortir des limbes de la politique. L’ex-ambassadrice des pôles s’est fendue d’un tweet en défense de Julien Bayou : « Les gauches sont parfaitement réconciliables au service du bien commun et de la République apaisée. »
Tout ceci alimente, évidemment, la machine à défiance. Pas sûr que ce soit très vendeur pour contrer l’abstentionnisme.
Droite-gauche, LR, PS et LREM : pour les politiques, ces distinctions sont de pure forme, les divergences idéologiques et programmatiques aussi.
Le problème est que les électeurs sont évidemment les premières victimes de cette confusion des genres, même si on comprend bien que Valérie Pécresse, qui s’est sciemment coupée de la frange conservatrice de son électorat, est prête à accepter tous les soutiens, d’où qu’ils viennent.
Comme, par exemple, celui de Nicolas Dupont-Aignan, ex-allié de Marine Le Pen en 2017.
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