Gérard Collomb critique Macron : bonne et mauvaise nouvelle !

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On se souvient de Gérard Collomb, le jour de la passation de pouvoir à l'Élysée, la larme à l'œil, tandis qu'Emmanuel Macron, tel Napoléon, lui tirait l'oreille. Ce vieux grognard, pionnier de La République en marche, semble aujourd'hui déçu. Non content d'annoncer son prochain départ du gouvernement pour se présenter aux municipales à Lyon, il critique, à la moindre occasion, le mode de gouvernement de son ancien protégé.

Après avoir dénoncé le « manque d'humilité » de l'exécutif, voici qu'il reproche au Président son isolement. Selon La Dépêche du Midi, il se serait confié à des journalistes : « Il va finir par ne plus me supporter. Mais si tout le monde se prosterne devant lui, il finira par s'isoler, car par nature, l'Élysée isole », a-t-il lancé, soulignant, en outre, son parisianisme et son langage faussement moderne.

Il n'apprécie guère la dégradation des relations avec les collectivités locales, ni des mesures comme les 80 km/h qui frappent d'abord la province. « Les provinciaux, et j'en suis, ont déjà une tendance naturelle à considérer que les Parisiens ont la grosse tête et les snobent, or des expressions comme la nouvelle grammaire de la politique ou la start-up nation, ils ne s'y reconnaissent pas. » L'ancien maire de Lyon voudrait-il retrouver son fauteuil pour ne pas être associé à la déchéance de Macron, terminer sa vie auréolé de lauriers, voire avoir le droit à sa statue dans la ville ?

Il faut dire que ses « amis » du gouvernement ne lui font pas de cadeau. Certains l'ont affublé du surnom de "son altesse sénilissime", ce qui – convenez-en – n'est pas très courtois, même s'il lui arrive de bien le porter. Et que dire de « papy et mamie confiture », qu'il partage avec Jacqueline Gourault, son ministre délégué ? Pas très respectueux des personnes qui ont quelques années au compteur. Il est vrai que, mise à part son épouse, Emmanuel Macron n'a guère de considération pour les retraités et les inactifs.

On doit reconnaître à Gérard Collomb une certaine lucidité politique, fût-elle tardive. Dommage que son addiction au jeune Emmanuel l'ait si longtemps aveuglé. Il prend conscience – mieux vaut tard que jamais – de la personnalité véritable de notre Président, chez qui l'arrogance rivalise avec le narcissisme et le mépris. Et si les critiques qu'il répand dans la presse, sachant qu'elles seront répétées, avaient pour objectif de se refaire une virginité perdue dans de mauvaises fréquentations ?

Gérard Collomb aurait pu partir à la reconquête de Lyon en s'abstenant de critiquer le maître qu'il a chéri. Contrairement à Richard Ferrand, Christophe Castaner et Benjamin Griveaux, autres pionniers, issus comme lui du Parti socialiste, il pressent l'impopularité croissante de son Président et n'a pas une « vocation de kamikaze ». C'est, finalement, une bonne nouvelle : au tiers de son mandat, Macron va mal et suscite de plus en plus de mécontentements !

La mauvaise nouvelle, c'est que Gérard Collomb pourrait être remplacé par Gérald Darmanin, qui s'ennuierait, dit-on, à Bercy et rêverait d'un ministère régalien comme l'Intérieur ou les Affaires étrangères. Lui n'a « pas du tout l'impression » que le Président « est isolé ou qu'il n'est pas humble ». La fidélité politique n'est pas son fort, mais la flagornerie semble, pour lui, faire partie de l'attirail naturel d'un homme politique ambitieux. Et de l'ambition, il en a !

Il affirme tout de même qu'il ne veut pas être président de la République. Qu'il se rassure : les Français non plus !

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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