François Bayrou, ou l’itinéraire d’un enfant raté…

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Il était une fois François Bayrou, qui se croyait un peu le meilleur d’entre nous. Logique, l’homme n’a pas que de grandes oreilles, mais aussi du nez ; du flair, en d’autres mots. Ce qui le conduit à devenir centriste, au crépuscule du giscardisme, alors que cette mode jette alors ses derniers feux, en même temps que le disco ; nous sommes en 1982.

Un septennat plus tard, il est la brillante tête pensante de la campagne de Simone Veil en 1989, lors des élections européennes du même millésime. Cette dernière assurait faire un score à deux chiffres ? Pari emporté haut la main, à ce détail près qu’il y avait une virgule au milieu, 8,43 % pour être plus précis.

La même année, François Bayrou participe à l’aventure dite des "Rénovateurs". Soit celle de douze zozos prétendant disputer le traditionnel leadership chiraquien sur cette droite alors donnée pour être de "droite". Sept nains ? Douze salopards ? Treize couillons à la douzaine ? Une belle brochette, en tout cas. Pour le RPR : Philippe Séguin, Michel Noir, Alain Carignon, Étienne Pinte, Michel Barnier et François Fillon. À l’UDF : Charles Millon, Dominique Baudis, François d’Aubert, Bernard Bosson, Philippe de Villiers et… François Bayrou. Soit une douzaine de morts politiques, voire de morts tout court.

De ce ramassis de traîne-patins et de pousse-mégots, le seul qui, jusque-là, donnait encore des signes de vie à peu près cliniques demeurait François Bayrou. Logique, son instinct était reconnu de tous, à ce détail près que, se rêvant en Rintintin galopant, il claudiquait plus souvent en Rantanplan.

C’est vrai qu’on oubliait ce petit détail : François Bayrou, au contraire de ses onze compagnons « rénovateurs », se voyait un destin ; destin de roi, tant qu’à faire. D’où son assez jolie biographie d’Henri IV – au moins l’a-t-il écrite, au contraire de tant de ses collègues –, mais dans laquelle on se demande de qui il parle au juste : IV Henri ou Bayrou François ?

De là, peut-être, son destin autoproclamé de faiseur de rois, à défaut d’être lui-même couronné. Pour ce faire, il développe une vista à nulle autre pareille, qu’on en juge. En 1995, il veut adouber Édouard Balladur contre Jacques Chirac, avec le triomphe qu’on ne saurait ignorer. En 2007, Ségolène Royal lui propose Matignon ? Il refuse l’offre, alors que ce ticket gagnant aurait pu nous éviter cinq longues années – et sans remise de peine, SVP, même pour bonne conduite – de sarkozysme bringuebalant.

Cinq ans après, il se décide enfin à faire tapis, comme on dit au poker, en appelant à voter pour François Hollande contre le même Nicolas Sarkozy. C’est un succès, comme chacun sait ; enfin, plus pour Hollande que pour lui. Nonobstant, et ce, malgré ses contretemps à répétition, le voilà enfin dans le tempo en 2017, lorsqu’il achète du Emmanuel Macron à la baisse avant de le revendre à la hausse. Mais là, la panouille, la débandade, la dégoulinante infernale, le krach.

Tout juste ministre de la Justice se rêvant en vice-Premier ministre, le voilà qui redégringole à son traditionnel étiage, celui de l’éternel jeune premier devenu vieux beau et à vie statufié en maire de Pau. Pas de pot, pour cet éphémère garde des Sceaux, mais pas forcément d’aisance.

À propos de roi, toujours, le roi Midas, connu pour jadis transformer le plomb en or. François Bayrou, c’est un peu l’exact contraire : c’est l’or qu’il transforme en plomb. Et quand on parle de plomb, c’est juste histoire de demeurer poli. Car à force de se gonfler d’importance, telle la grenouille voulant se faire plus grosse que le bœuf, la peau de Bayrou pète, si le lecteur veut bien me pardonner ce jeu de mots approximatif ; enfin, guère plus que le plan de carrière du grand homme sus-évoqué.

Si Ravaillac était encore de ce monde, ce n’est pas Henri IV qu’il ôterait à notre affection.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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