Francis Cabrel s’engage pour que son village d’Astaffort ne devienne pas un désert médical

francis cabrel

Le bonheur est dans le Gers. C'est une évidence. Et, bien sûr, dans ses marges. Le sud du Lot-et-Garonne, ce département carrefour, composite (quercynois à l'est, landais à l'ouest, périgourdin au nord et donc gersois au sud : il y a pire comme voisinage), en est bien le prolongement. Mêmes collines, mêmes châteaux gascons, même douceur de vivre. Un parfum d'Italie. Les Scaliger ne s'y étaient pas trompés. Et le mois d'octobre y est, comme dans tout le Sud-Ouest, flamboyant et nostalgique à souhait. Octobre, ici, c'est Francis Cabrel. Et voici qu'en cette fin septembre, le discret chanteur d'Astaffort (un people qui n'est pas un anywhere, donc pas un people) a prêté sa voix, son humour et son concours à une petite vidéo de la maison médicale de son village pour rechercher le remplaçant de son médecin de famille. Francis Cabrel cherche son nouveau médecin. On le comprend, il est à l'âge où le médecin du village devient un repère indispensable.

Mise en ligne jeudi, elle a été vue des milliers de fois par les fans du chanteur et par les gens d'ici. On y voit tous les soignants du village dans des postures pleines d'humour et des habitants vanter les avantages et le bonheur du village, idéalement situé entre océan et Pyrénées, Toulouse et Bordeaux. Sans prétention, sans autre ambition que de servir une belle petite cause, l'initiative est bien à l'image de ce chanteur qui n'a jamais renié ses origines (modestes) et son terroir : on y retrouve cet accent d'ici inimitable, qui vous fait tant remarquer à Paris et auquel Francis Cabrel a donné, après quelques autres, ses lettres de noblesse. On y retrouve la simplicité de ce chanteur discret au public fervent depuis quarante ans.

Par cet engagement simple, Francis Cabrel attire l'attention sur la question des déserts médicaux. Le Lot-et-Garonne n'y échappe pas, dans ses villages comme dans ses villes. Régulièrement, des municipalités posent des panneaux à l'entrée des villages pour lancer des appels. À Villeneuve-sur-Lot, un tiers des médecins sont partis ou vont partir à la retraite en dix ans. Des initiatives (maisons médicales, aides à l'installation des collectivités, etc.) naissent, ici comme ailleurs, dans la France périphérique. Astaffort n'est pas si mal loti que cela même si, interrogée par Europe 1, Sophie Mas Chevalier, qui dirige la maison de la santé du village, a expliqué les raisons de cette action : « Il ne reste plus que deux médecins généralistes, dont un qui souhaiterait faire valoir ses droits à la retraite. Ce n’est absolument pas suffisant d’avoir un seul médecin pour notre ville. C’est de là qu’est venue l’idée du clip. Évidemment, on a tout de suite pensé à Francis Cabrel qui a très gentiment accepté de nous aider. »

Il y a un peu plus de vingt ans, Pierre Gardeil, une autre voix de ce pays, musicale et philosophe, publiait un petit livre au titre qui m'est revenu en mémoire en entendant commenter ce sondage des 51 % des Français qui ne croient plus en Dieu : Alors le Bon Dieu, c'est fini ?

Francis Cabrel, lui, vient nous lancer, l'air de rien, son « Alors, le médecin de village, c'est fini ? »

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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