51 % des Français ne croient plus en Dieu : l’autre Grand Remplacement ?
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Un sondage réalisé par l’IFOP pour l’Association des journalistes d’information religieuse (AJIR) sorti le 23 septembre donne quelques indications sur les rapports qu’entretiennent les Français avec… Dieu.
51 % des Français indiquent ne plus croire en Dieu. Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas seulement du catholicisme. C’est historique (à quand cela remonte-t-il dans l’Histoire, 1.500 ans ?) et vertigineux. Ils étaient 44 % il y a seulement dix ans, et 34 % en 1947. Parmi ceux qui y croient encore, il y a une surprise : 48 % des 18-34 ans, contre 45 % pour les 35-49 ans et 58 % des 65 ans et plus.
Mais s’agit-il du Dieu des catholiques ? Selon la religion déclarée, 97 % des musulmans croient en Dieu, pour 66 % des protestants et 65 % des catholiques. De là à conclure que la foi en Dieu est plus enracinée, plus prépondérante et plus viscérale chez les musulmans que chez ceux qui se déclarent catholiques… on ne peut que se poser de lourdes questions sur le devenir du catholicisme en France. Le dernier ouvrage de Guillaume Cuchet, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France, s’achève sur un espoir timide mais tenace de voir le catholicisme culturel résister à la déferlante de l’agnosticisme postmoderne. Encore faut-il qu’il y ait transmission cultuelle, culturelle et doctrinale, sinon ce catholicisme n’est tout au plus qu’un vague habillage, un vernis social que l’on exhibe lors de cérémonies dites de passage : baptêmes, mariages, enterrements. Rappelons que si 65 % des catholiques croient en Dieu, 3 % seulement sont des pratiquants réguliers. Comment un tel décrochage a-t-il eu lieu ? Cela mériterait, bien sûr, une analyse approfondie mais l’on peut esquisser quelques explications.
Le sentiment religieux disparaît à une vitesse accélérée de la vie intérieure des Français comme de leur vie familiale et sociale : seuls 29 % des Français parlent de Dieu avec leurs amis, et 38 % avec leur famille. Superficialisation des relations, omniprésence des écrans et autres relations virtuelles chronophages tout autant que facteurs d’asociabilité ? Est-ce la faute d'une société où l’hédonisme et le culte du moi, avec son reflet le culte du corps, sont érigés en modèle « vainqueur » ? Matérialisme installé et promu d’un Occident qui n’a plus rien à envier, sous ce prisme, aux anciens pays de l’Est ? Disparition de l’espace public de toute référence à une transcendance, un au-delà, une surnature, qui a mécaniquement entraîné l’effacement de la présence de Dieu dans le cœur des Français ? Loin des yeux, loin du cœur, dit le dicton : si tout est fait et organisé dans une société pour évacuer la question même de Dieu, Dieu lui-même finit par disparaître. À cela s’ajoute - la nature ayant horreur du vide - la prolifération des sectes et autres spiritualités qui prospèrent sur la fragmentation de la société française.
Il semblerait, tout de même, que la jeunesse ne soit pas entièrement livrée à l’animalité de sa nature et, en ce qui concerne les catholiques, l’Église a évidemment un grand rôle à jouer. Encore faut-il qu’elle s’y prête avec ardeur. La jeunesse (c’est le privilège de cet âge) est éprise de grandeur et d’absolu, c’est un âge métaphysique et il semble qu’elle ne s’est pas tout entière abandonnée à Netflix.
L’Église comprend-elle réellement le moment que nous vivons ?
Tout récemment, l’archevêque de Paris, en vertu d’une application draconienne du motu proprio Traditionis custodes du pape François, lui-même très restrictif, a supprimé une messe étudiante dont la dimension missionnaire et fraternelle, depuis une quinzaine d’années, était immense et reconnue.
Le sondage indique que seuls 9 % des Français se sont rapprochés de la pratique religieuse pendant le confinement. Pendant cette période, refusant de se battre pour assurer la continuité du culte, les évêques ont laissé imposer aux rares catholiques français pratiquants subsistants le jeûne du culte et la douleur d’enterrements en catimini.
Pendant ce temps, nous dit ce sondage, 59 % des Franciliens croient en Dieu, contre 47 % des provinciaux.
Croyez-vous que tous ces Franciliens soient issus de la sphère catholique ?