Français, maths : des résultats « plutôt inquiétants » pour Gabriel Attal

GABRIEL ATTAL

Les tests d’évaluations nationales, réalisés en septembre auprès de 820.000 élèves français, ne sont pas bons. En CP, le niveau stagne, et pas en hauteur. En 4e, le niveau baisse : « Un peu plus de la moitié des élèves ne lit pas convenablement et, en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrise pas la résolution de problèmes et la géométrie », détaille Gabriel Attal au Parisien. Il n’y a qu’en classe de 6e que le ministre de l'Éducation nationale constate un progrès : désormais, « seulement » un quart des élèves ne maîtrise pas suffisamment le français… Effarant.

Le résultat des tests varie fortement en fonction de la géographie. Il est préférable d’étudier dans les académies de Paris, Toulouse, Rennes, Grenoble (en tête, en cumulant français et maths) que dans les académies de Lille, Amiens, Créteil ou en outre-mer.

Les conséquences : de moindre compétences professionnelles

Cette baisse, plus personne ne la nie aujourd’hui. Elle est mesurable et surtout palpable, dans l’enseignement supérieur et dans la vie professionnelle. Côté maths, les conséquences pour la France en matière de recherches et d’innovations technologiques ou scientifiques sont désastreuses. Côté français, difficile de se confronter aux textes du droit, aux textes philosophiques ou littéraires, de mener des recherches et de rédiger des écrits même élémentaires. Là aussi, la capacité de notre pays à briller ès sciences humaines et juridiques paraît compromise.

Gabriel Attal attribue principalement cette déperdition d’intelligence (mais il ne la nomme pas ainsi…) au temps passé devant l'écran : « Une récente étude montre que, entre 1 et 6 ans, les élèves restent en moyenne 832 heures par an devant les écrans. Quasiment le temps qu’ils passent à l’école ! » En effet, l’écran est synonyme de couchers tardifs, de difficultés d’attention et de concentration, de retard du langage, d’entrave au processus cognitif. Mais la lutte contre ces écrans omniprésents paraît perdue d'avance.

Le coût d'un élève en REP : 8.000 euros par an

Prudent, le ministre de l’Éducation ne remet pas en cause un demi-siècle de pratiques pédagogiques et de réformisme continuel qui ont fait de l'Éducation nationale cette structure hypercentralisée et inefficace. Visionnaire, Jean-Paul Brighelli la surnomma, dès 2005, « la fabrique du crétin ». S’y attaquer, ce serait être réactionnaire et nostalgique de l’école d’antan… Et si c'était simplement par souci d'efficacité qu'on remettait à l'honneur, adaptées à l'époque, les méthodes assez simples par lesquelles on apprenait naguère à lire et compter?

Gabriel Attal ne parle pas, non plus, de l’immigration. Elle surcharge les classes d’élèves qui, à la maison, parlent une autre langue que le français. Et que dire du langage des banlieues, devenu volapük des cours d’école, avec son argot limité où les grossièretés jouent le rôle de la ponctuation, désormais parlé par des « souchiens » pour qui il est un gage d’intégration ? Une cause supplémentaire de la dégringolade du français.

Dans son interview au Parisien, le ministre livre un chiffre intéressant : un élève de Réseau d’éducation prioritaire (REP) coûte, par an, 8.000 euros. On frôle le coût d’une année en école de commerce pour aider des élèves à ânonner le français. Mais Attal s’en félicite : avant, un élève de REP ne coûtait « que » 7.000 euros : l’Éducation nationale investit dans la jeunesse.

Égalitarisme et « groupes de niveau »

Le ministre estime que le dédoublement des classes a montré son efficacité. Il veut tester les groupes de niveau. A ne pas confondre avec les classes de niveau car, dit-il, « il n’a pas été prouvé un impact significatif sur la performance globale et elles pouvaient avoir un effet stigmatisant ». Il se confirme qu’Attal n’entend pas heurter les chatouilleux de l’égalitarisme. « Pas question de rompre avec l'idéologie dominante dans la pédagosphère, ni d'admettre qu'il pourrait y avoir des élèves doués et d'autres moins doués, des élèves travailleurs et des perturbateurs ! », écrivait Philippe Kerlouan, en septembre dernier.

Le salon Educ@tech Expo ouvre ce mercredi, porte de Versailles à Paris. Pap Ndiaye s’y est rendu l’année dernière. Gabriel Attal devrait s’y rendre (le service presse du ministère n’a pas encore indiqué quand). Comment ne pas participer au grand mouvement de l’« innovation éducative » ? On y parlera, cette année, « intelligence artificielle » - à défaut d’intelligence humaine, concept dépassé et dont l’Éducation nationale semble avoir fait son deuil.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Ce n’est pas aux professeurs d’éduquer mais aux parents et ce sont les professeurs qui instruisent!
    Ce n’est pas la télévision qui a fait diminuer le niveau educatif.
    C’est la semaine des 4 jours pour faire plaisir aux parents et enseignants.(2 jours entiers pour le weekend)
    C’est des vacances qui n’en finissent pas
    ( 15 jours toutes les 7 semaines)
    Devoirs interdits à la maison( les pauvres ils sont fatigués)
    Vacances estivales trop longues.
    Redoublement des classes bannis( celà coûte de l’argent)
    Peu d’importance attaché à l’instruction des parents
    Tout cela entraîne un programme qui est très rarement terminé en fin d’année ou expédié
    Un enfant qui entre en 6eme doit savoir lire le journal dans aucune difficulté
    A quand un examen d’entrée en 6me?

  2. Je pense qu’il faudrait revenir à la source et remplacer « éducation » par « instruction » comme cela chacun saurait ce qu’il a à faire. Éducation, parents et Instruction les profs, chacun sa partie.

  3. Supprimez PC, tablettes, téléphones portables etc. à l’école, remettez à l’honneur le porte-plume et la bouteille d’encre ainsi que les punitions du genre Copier 20, 50 ou 100 fois la même phrase. Ce que l’on écrit à la main, en formant les lettres une à une, rentre bien dans le cerveau. Le niveau sera meilleur.

  4. Il faut abêtir et appauvrir un peuple pour mieux lui imposer une dictature. Il est grand temps de se réveiller.

  5. Voila le résultat de ne pas vouloir « bousculer » et faire obéir nos « petites têtes blondes » (c’est idiot cette phrase qui n’est plus adaptée à notre époque ) Sans autorité ni discipline ni rigueur ,rien ne pourra être appliqué !! Donc on sait par où il faut commencer et bon courage Mr ATTAL

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