Fin de la gratuité des tests pour les non-vaccinés : après le crédit social, le crédit sanitaire ?
Emmanuel Macron avait prévenu, le 12 juillet, de la fin de la gratuité des tests. En pratique, à partir du 15 octobre, seuls seront remboursés les tests pour raison médicale et sur prescription uniquement pour les non-vaccinés, les vaccinés n’ayant pas besoin de prescription.
Grâce aux tests « gratuits » et répandus, les rétifs à la piqûre ou au passe sanitaire pouvaient continuer à essayer de vivre, ou tout au mois de travailler à peu près normalement, à condition bien sûr de s’imposer une torture des sinus assez régulièrement. Il faut croire que la punition n’était pas assez rude, la tolérance trop généreuse, la porte de la sociabilité encore trop ouverte. Les non-vaccinés – environ 25 % de la population n’a reçu aucune dose - devront débourser de 25 à 50 euros pour se faire tester. « La forte incitation à se faire vacciner » se transforme de plus en plus en obligation vaccinale vicieusement déguisée.
Dans Les Échos, le Premier Ministre nous dit qu’« il n'est plus légitime de payer des tests de confort à outrance aux frais des contribuables ». Ce qu’il oublie de dire, c’est que les non-vaccinés ou anti-passe paient comme les autres des cotisations sociales. Les contribuables, ce sont eux, aussi. Et pour eux, on rétablit la double peine. Rappelons, au passage, que la France est un des pays à plus fort pourcentage de cotisations sociales : 15 % du PIB en France, contre 12,4 % en moyenne dans l’Union européenne (les prélèvements obligatoires, en France, représentant 47,4 % du PIB, contre 40,2 % dans l’Union européenne). Cela pour dire que non, les tests n’étaient pas « gratuits ».
Attardons-nous, également, sur la notion de tests de confort. Qu’est-ce à dire ? Outre qu’il n’est vraiment pas « confortable » de se faire tester – curieusement, les tests salivaires n’ont jamais été développés en France -, être contraint de se faire tester pour se déplacer sur de longues distances, aller au restaurant pour raisons professionnelles, etc., est le fait d’une obligation créée par ce même gouvernement lors de l’instauration du passeport sanitaire. Et puis, honnêtement, en a-t-on parlé, de la vaccination « de confort » ? La grande majorité des gens s’est fait innoculer pour poursuivre une vie normale et fréquenter les lieux de sociabilité et de culture qui sont l’expression d’un art de vivre à la française. Au détriment de leur liberté et parfois, paradoxalement, de leur santé.
Tout l’art de ce gouvernement a consisté - et c’est malheureusement assez réussi - à pratiquer un chantage « à la vie normale », faisant apparaître une mesure hautement contestable, liberticide et aux frontières de la légalité comme relevant d’une nouvelle normalité. « Le passe sanitaire pourrait rentrer dans le droit commun, comme le carnet de vaccination pour les enfants ou le permis de conduire, comme un outil qu’on peut sortir en cas de besoin », explique Anne Genetet, députée LREM, dans le journal 20 Minutes.
Il convient, dès lors, de forcer les 25 % de Français restants à la divine piqûre. L’argument financier - le non-remboursement uniquement pour les non-vaccinés - touchera évidemment les classes populaires.
Il empêchera donc les plus pauvres de se soigner, puisque pour accéder aux lieux de soins hospitaliers, un service public pour lequel tous les travailleurs cotisent, il faut donner la preuve… qu’on n’est pas malade. En temps de crise, il convenait de frapper les sans-dents au portefeuille.
Gageons aussi que la possibilité de se tester, aujourd’hui, à tous les coins de rue va subitement se raréfier. La pandémie va-t-elle disparaître comme par enchantement ?
Enfin, cela signe surtout un basculement dans la discrimination sanitaire, une rupture d’égalité dans le soin : cela induit une variabilité du coût du soin en fonction de l’état vaccinal. Qui sait si, bientôt, les soins pour les cancers ou le diabète seront plus onéreux en fonction de l’état de santé, par exemple pour les fumeurs, les obèses, les non-sportifs ? Aura-t-on, avec le crédit social, un crédit sanitaire ?
La fin de la gratuité des tests est tout sauf un argument comptable : c’est une boîte de Pandore ouverte par des inconscients.
Ou pas.
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