Je ne m’intéresse pas au foot – nul n’est parfait – mais le foot, hélas, s’intéresse à moi. À l’insu de mon plein gré, comme disait une vedette locale. Dans une société qui ne vit plus que pour le pain et les jeux, il est omniprésent dans l’actualité, que ce soit pour la valse des joueurs et des milliards ou pour l’insondable bêtise des supporters qui se castagnent jusque sur le terrain.

Le PSG appartient à nos bons amis du Qatar ; les rois du pétrole ne regardent pas à la dépense et se sont offert, en cette fin d’été, les super vedettes du ballon rond. La France en transes a passé des nuits blanches à attendre Messi, le dieu du stade. Un autre jeune premier est arrivé derrière : Achraf Hakimi. Un super doué de 22 ans, formé aux meilleures couveuses. Coût du jeunot : 60 millions d’euros.

Le magazine L’Équipe est allé à sa rencontre et en a rapporté un long entretien paru dans son édition du 24 septembre.

Il est charmant, le gamin. Plein d’enthousiasme et d’espoirs. À raison, sans doute, si l’on en croit le journal qui écrit : « Il se dit que la meilleure recrue du PSG cette saison n'est pas forcément celle qui aligne six Ballons d'or sur la cheminée du salon. Il se dit que Paris a enfin trouvé un latéral droit à sa dimension, celui qu'il cherchait depuis des lustres. Et que celui-ci, à même pas 23 ans, a déjà une sacrée carrière (Real Madrid, Borussia Dortmund, Inter Milan) et un bon bagage européen (21 matches de Ligue des champions, qu'il a remportée en 2018 avec Madrid). »

Achraf Hakimi raconte sa vie. Son enfance madrilène de « joueur de "barrio" (quartier) revendiqué » lui a donné cette rapidité et cette vélocité qui en font un champion de vitesse : « Il détient le record de vitesse en Bundesliga, 36,2 km/h. »

Ses parents ont quitté le Maroc pour l’Espagne où il est né. Il y a vécu une enfance modeste mais heureuse avec un papa et une maman qui se sont saignés aux quatre veines pour en faire le champion qu’il est. Il est fier, aujourd’hui, de pouvoir les aider. Précisons, pour compléter l'article de l'Équipe, qu'il est sans doute également fier de la foi qu'ils lui ont transmise car il en fait largement étalage sur les réseaux sociaux. Son compte Twitter est régulièrement émaillé de "Saha Ftour", "Alhamdulilah", "Ramadan Mubarak", Sahaftourkum", et il aime à poser, hiératique et souriant, en Djellaba et le doigt levé.

Il est aussi ce que l'on appelle - L'Équipe n'en parle pas non plus - un "sportif engagé" : il tweete volontiers les slogans "Freedom for Palestine",  "Black Lives Matter",  et porte même à l'occasion, sous celui officiel, un maillot "Justice For Georges Floyd" qu'il exhibe fièrement.

Ce sportif engagé et très pieux a choisi la France, relate l'Équipe. « Quand j'ai reçu ces deux offres, j'ai eu l'intuition qu'il fallait que je vienne à Paris, que j'allais y être heureux », dit-il. Pour les amis, pour l’ambiance, pour le potentiel du PSG… mais pas que.

Au journaliste qui lui demande « Pourquoi ne parlez-vous pas français ? », le jeune Hakimi répond : « Je suis né en Espagne et, à la maison, on parlait arabe. Le français est une langue que j'aime, je l'entends en sélection. Je la comprends plutôt bien mais je la parle très mal (il rigole). Je prends des cours pour l'apprendre », ce qui est une bonne chose. Il poursuit : « Ma culture est marocaine : à la maison, on parlait, on mangeait marocain, je suis musulman pratiquant.[…] une des raisons qui font que je suis venu à Paris, c'est la communauté arabe musulmane qu'il y a ici. Je savais que d'un point de vue culturel, j'allais me sentir comme à la maison. Et vu tous les messages que j'ai reçus, j'ai bien senti qu'on me voulait ici. »

C’est lui qui le dit, avec une naïveté touchante : la France, c’est comme là-bas ! Le footballer s’y sent comme un poisson dans le bassin de la mosquée. D’un point de vue culturel, « c’est comme à la maison ».

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28 septembre 2021 à 19:32

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