Parmi les trois sésames qui permettront, bientôt, d’accéder au saint des saints, au paradis des élus - entendez au bistro d’à côté ou au TGV -, le certificat de rétablissement. Pour montrer que le passe sanitaire n’est pas une obligation vaccinale déguisée, contrairement à ce que les mauvaises langues prétendent, il faut bien qu’il offre une alternative. En dehors du vaccin, le choix est mince : faire un test de positivité avant chaque activité - ce qui peut faire rapidement ressembler votre nez à une prise électrique - ou montrer que vous avez eu le Covid il y a moins de six mois et plus de onze jours, période durant laquelle vous êtes réputés guéris et dotés de suffisamment d’anticorps pour être dispensés de vaccination... et même inéligibles à celle-ci.

Le document - un QR code qui vous est, en principe, envoyé par SMS ou par mail suite à la déclaration de votre positivité par l’organisme qui vous a testé - est donc précieux pour ceux qui n’auraient pas pu, voulu se faire vacciner ou préfèrent attendre un peu pour se faire une idée dans cette grande cacophonie.

C’est en principe un droit. C’est en fait un chemin de croix qui propulse le ci-devant « covidé » dans un de ces dédales administratifs kafkaïens dont la France aujourd'hui a le secret. Une jeune fille de 19 ans témoigne : « Testée positive le 27 mars dernier et détentrice d'un papier le prouvant, j'ai passé ma matinée à courir de mon médecin à la pharmacie, de la pharmacie au labo, du labo à la Sécurité sociale, j'ai été trimbalée de Numéro Vert en site dédié, tout le monde se renvoie la balle et reconnaît un bug... mais personne ne peut rien pour moi. Il suffit d'aller sur les forums. Plein de gens comme moi se lamentent. En attendant je dois prendre un train le 1er août pour revenir et la SNCF a promis des contrôles massifs. Que dois-je faire ? J'ai même écrit au ministère de la Santé ! »

Car nombre de détenteurs ne parviennent pas à obtenir ce fameux QR code. Ni un test positif daté et tamponné ni une sérologie - qui n'est pas « rien », pourtant, puisqu'elle dispense d'une 2e dose de vaccin, privilège de ceux qui ont déjà été contaminés - ne font foi. Le QR code, c’est beau, c’est propre, c’est le progrès, c’est informatisé, c’est infalsifiable. Il ne peut y avoir aucune fraude, bien sûr. Un peu comme la carte Vitale, vous voyez.

« Pour récupérer les résultats d'un test PCR positif et ainsi pouvoir accéder aux lieux soumis à la présentation du passe sanitaire le gouvernement a mis en place la plateforme sidep.gouv.fr. Il est possible de s'y connecter grâce à ses identifiants FranceConnect », explique L’Alsace.fr.Las, « d’anciens malades du Covid-19 risquent cependant de se heurter à un problème. La plateforme SI-DEP n'a été mise en place par le gouvernement que le 19 avril. Des Français testés positifs avant cette date et il y a moins de six mois ne peuvent donc pas y retrouver les résultats de leur dépistage. » C’est bête. Et deux millions de personnes seraient dans cette situation.

Pour ceux qui ont été infectés avant le 19 avril et après le 28 mars, le ministère de la Santé a assuré, fin juin, qu'un rattrapage allait être mis en place. En revanche, pour l'instant, les personnes testées positives il y a moins de six mois et avant le 28 mars et auxquelles on refuse obstinément de délivrer un certificat de rétablissement n'ont aujourd'hui aucun espoir en vue.

BFM TV appelle cela « une faille ». Le résultat est là : l’administration prive par un nouveau fiasco logistique deux millions de Français de passe sanitaire.

On pourrait d'ailleurs rajouter, en remontant au-delà de ces six mois, qu'un nombre indéfini (mais important, si l'on en croit les déclarations de clusters à l'époque) de Français se sont trouvés de fait positifs alors que les tests n'étaient pas encore disponibles... là encore - au moins pour partie - en raison de l'impéritie de l'État. Ne seraient-ils pas fondés à demander qu'une sérologie, au taux d'anticorps minimal à préciser, leur permette d'obtenir aussi un passe sanitaire ? Pourquoi l'immunité naturelle reste-t-elle l'impensé ou, au moins, le parent pauvre de cette crise sanitaire ?

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22 juillet 2021 à 20:47

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