Faut-il ou non dissoudre Nantes révoltée, collectif antifa ?

Étrange manie que celle de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, de vouloir tout dissoudre et à tout bout de champ tout mouvement politique ne lui convenant pas, fût-il violent - tel le collectif Nantes révoltée - ou parfaitement pacifique - telle Génération identitaire, elle aussi dissoute par ses prédécesseurs. Les divers collectifs corses, indépendantistes ou seulement autonomistes ont été à d’innombrables reprises dissous. Résultat ? Les nationalistes sont aujourd’hui aux commandes de l’île de Beauté et force est d’avouer qu’on y vit aujourd’hui plutôt mieux que moins bien ; comme quoi.

Si l’on était chafouin, on rappellerait aussi la dissolution de l’Assemblée nationale par Jacques Chirac, en 1997, ayant ouvert la porte à une majorité socialiste. Pour sa défense, le collectif incriminé affirme : « On ne dissout pas une révolte. » Pas faux, ou alors Emmanuel Macron aurait dissous les gilets jaunes… En revanche, comparaison n’étant pas raison, on ne saurait mettre sur le même plan l’authentique révolte des gilets jaunes ou des bonnets rouges avec la crise de nerfs pubertaire de gosses de riches partant en guerre contre un fascisme imaginaire.

Lequel est d’autant plus fantasmatique que sur leur page Facebook, les motifs de rébellion sont les suivants, à en croire ce post intitulé « Une semaine en France, en marche vers le fascisme » : « Chez Cyril Hanouna sur C8, 53 % du temps politique est consacré à l’extrême droite. » Ou, mieux encore : « Emmanuel Macron au secours d’Éric Zemmour, ce coup de pouce inattendu pour la présidentielle. » Bref, le « fascisme » est partout. Ce qui peut aussi signifier qu’incarné par Macron, Zemmour et Hanouna, il demeure des plus relatifs.

En attendant, la violence vient plus des « antifascistes » en peau de lapin que des « fascistes » en carton-pâte, tel qu’en témoignent les violences de rue de ce 21 janvier, auxquelles les militants de Nantes révoltée auraient largement participé. D’un côté, Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays de la Loire, vice-présidente du parti Les Républicain, s’indigne par courrier d’un défilé rapidement transformé en « manifestation violente contre l’État et la police. […] Au cours de cette soirée, de nombreuses menaces de mort ont été proférées contre les forces de l’ordre, des habitants ont été blessés et plusieurs commerces ont été vandalisés. » De l’autre, Johanna Rolland, maire socialiste de Nantes, dénonce des « exactions » et une « violence inacceptable ».

Il n’empêche que ces valeureux résistants bénéficient de quelques appuis politiques de taille, à en croire cette pétition signée par plus de 38.500 héroïques citoyens. Là, il n’y a évidemment que du beau linge, dont Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste à l’élection présidentielle – celui pour lequel « la police tue » –, le site Mediapart, sans oublier l’éternelle Ligue des droits de l’homme. Autre soutien de poids, Jean Brunacci, secrétaire général du syndicat Solidaires Loire-Atlantique et ancien de la Ligue communiste révolutionnaire, ancêtre du NPA, qui, même déplorant « des débordements qui ont parfois terni des manifs », est vent debout contre cette dissolution annoncée.

Même son de cloche chez Pierre Huriet, l’un des avocats de Nantes révoltée, qui dénonce « une manœuvre politicienne visant à tourner un micro-événement en drame national ». Certes, mais si cette nuit d’émeutes n’est qu’un « micro-événement », que dire des indignations de ses camarades ? Ainsi, sur le site de ce collectif, sonne-t-on le tocsin à propos d’un « sanglier mort déposé devant les pompes funèbres musulmanes de Toulouse », action certes parfaitement idiote mais ne mettant en péril la sécurité de personne, hormis celle de cet infortuné sanglier qui n’en demandait probablement pas tant.

Au fait, ne serait-il pas autrement plus sensé et efficace d’arrêter, de juger et d’éventuellement encabaner quiconque se risquerait à dégrader le bien d’autrui, au lieu de dissoudre telle ou telle organisation plus ou moins fantomatique, tout en entretenant une sorte de deux poids deux mesures de plus en plus insupportable, cet homme donné pour être de droite étant autrement plus clément avec les mouvements de gauche que… ceux de droite ? Tant de bon sens serait sûrement trop demander à Gérald Darmanin.

Imprimer, enregistrer ou envoyer cet article