Interrogé au micro de Boulevard Voltaire, Nicolas Dupont-Aignan souhaite alerter sur les conséquences possible de la décision des autorités américaines de mettre fin à la neutralité du Net.

Selon lui, c'est une décision très grave qui risque de mettre fin à la liberté d'information en privilégiant les gros diffuseurs d'information au détriment des plus petits au nom de l'argent. C'est un combat fondamental qu'il faudra vraisemblablement mener en France pour que la liberté sur Internet demeure.


Nicolas Dupont-Aignan, quels sont les enjeux de l'abrogation de la "neutralité du net" ?

La décision américaine est très grave. Il faut bien comprendre l'enjeu.
La neutralité du net veut dire que le tuyau, c'est-à-dire le fournisseur d'accès, celui qui a les câbles comme Orange, SFR, etc, choisit la tarification en fonction de celui qui utilise. Ce n'est plus une tarification gratuite neutre. Par exemple, il pourrait surtaxer certains utilisateurs.
On nous dit que c'est pour assurer l'équilibre financier, c'est vrai. Ils disent aussi que certains utilisateurs utilisent un tel débit que cela surcharge les réseaux et pourtant ne paient rien. C'est vrai aussi.
Le danger est qu'à travers le paiement au volume, il y ait une censure et une hiérarchie qui apparaissent. À ce moment-là, les petits diffuseurs de contenu ne pourront plus diffuser. Ce sont les gros qui occuperont tout l'espace. C'est comme s'il n'y avait plus un tarif du timbre unique. Aujourd'hui, quel que soit le contenu de votre lettre, vous payez le même prix pour l'envoyer.
Il faut absolument préserver la neutralité du net. Cela veut dire que quel que soit le contenu qui transite sur Internet, la même considération et la même gratuité y est apporté.

Avez-vous peur que cela porte atteinte à la liberté d'expression et d'opinion sur internet ?

Les médias traditionnels censurent tout. Nous sommes dans une censure généralisée.
Mais ils s'aperçoivent, notamment en France, que les habitants, les citoyens ne sont pas idiots. S'ils ne regardent plus ou qu'ils ne croient plus la télévision, alors ils vont sur Internet où l'information est libre.
Regardez les commentaires des médiacrates, les grands éditorialistes. Ils passent leur vie à dire que sur Internet, c'est épouvantable. Bien sûr que des choses choquantes circulent sur Internet, mais il y a surtout beaucoup de liberté qui permet une information libre.
Si on met en cause la neutralité du net, alors les fournisseurs d'accès, c'est-à-dire quelques opérateurs, pourront censurer et contrôler à travers la loi de l'argent. Il pourront faire payer davantage. Il n'y aura plus aucune liberté sur internet. C'est ce qu'ils veulent.
Je pense que c'est un combat fondamental, un peu complexe et compliqué à comprendre certes, mais essentiel. Les "tuyaux" par lesquels circule l'information doivent être libres. Les fournisseurs d'accès ne doivent pas pouvoir censurer. La poste n'ouvre pas le courrier !

Pour l'instant, il ne s'agit que des États-Unis. Avez-vous peur que cela arrive en France ?

Oui, j'ai très peur que cela arrive en France.
Je vois bien que la liberté d'information sur Internet gêne ceux qui contrôlent l'information en France. Il faut voir qu'il y a 5, 6 milliardaires qui en France contrôlent les médias. Ils ont fait élire le leur, Emmanuel Macron. Il est clair qu'ils ne veulent pas qu'il y ait de liberté sur internet.
Mieux vaut prévenir que guérir. Je pense qu'il faut se mobiliser pour que la liberté sur internet demeure.

N'est-ce pas une démarche assez libérale qui permettrait d'affiner leur clientèle et de pouvoir répondre aux besoins de chacun ?

Non, car le libéralisme doit être ordonné. Le libéralisme n'est pas la jungle, ce n'est pas le renard dans le poulailler.
Si on faisait cela voudrait dire que La Poste pourrait ouvrir votre courrier et vous faire payer en fonction du contenu du courrier. C'est inacceptable ! Il y a des principes universels.
Si vous voulez qu'il y ait une bonne croissance de l'économie, il faut un libéralisme ordonné et des règles. La règle minimum est que le fournisseur d'accès ne vérifie pas le contenu et ne différencie pas le paiement selon l'usage. C'est la gratuité et la neutralité du net.

Comptez-vous faire quelque chose d'un point de vue politique pour prévenir cela ?

Je voudrais déposer une proposition de loi qui acte la neutralité du net. Les tuyaux doivent laisser libre le contenu.
Ce qui n'interdit pas d'ailleurs de faire une vérification s'il y a des propos qui incitent à la haine raciale ou à la pédophilie par exemple. Cela fait partie de la Justice.
Ce que je ne veux pas, c'est que quelques fournisseurs d'accès qui appartiennent à l'État ou à quelques oligarques puissent mettre fin à la liberté d'expression sur Internet.

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19 décembre 2017 à 23:42

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