États généraux de la bioéthique : quelqu’un a une urne pleine ?

Oui, ce titre est un plagiat. Celui d’un épisode du regretté René Goscinny et d’Albert Uderzo : Astérix en Corse. Un album qui brocarde avec humour et talent les jeux politiques compliqués de l’île de Beauté. L’urne pleine est jetée à l’eau et le plus fort gagne. Un brin opaque pour le pinzutu profane, non initié. Mais les urnes pleines et autres fraudes électorales existent dans la vraie vie. Elle font parfois rire aussi, quand le ridicule n’épargne pas celui qui a bourré ses chaussettes avant de tenter de bourrer les urnes.

Dans le cadre des États généraux de la bioéthique, il est proposé aux participants de voter sur chaque proposition, qu’elle émane du CCNE ou d’une initiative personnelle.

Un problème liminaire est de considérer que l’éthique pourrait s’affranchir de la dissociation du bien et du mal pour n’être que le reflet d’un simple consensus. C’est évidement un dévoiement, une majorité n’étant pas infaillible. Accueillis en héros à leur retour de Munich en 1938, Chamberlain et Daladier ont bénéficié d’un très grand soutien populaire. Mais ce n’est pas le propos d’aujourd’hui.

Dans le cadre de ces États généraux, il est d’autant plus gênant de se fier à l’avis du plus grand nombre quand la rédaction de nombreuses propositions souffrent d’ambiguïtés - pour ne pas être plus critique. Il est évident que l’éthique se fait plus avec des mots qu’avec des chiffres. Le bien et le mal relèvent de l’opérateur booléen et de l’argumentation, et pas des logiques numériques qui concernent les curseurs.

Cependant, les méthodes de synthèse de ces États généraux n’ont pas été dévoilées à l’avance. Il convient, dès lors que l’on souhaite vivre dans une société où l’éthique régit les normes et les comportements, de ne pas négliger cette façon synthétique mais sans nuance d’exprimer son opinion. Même si commenter et interagir, c’est mieux, voter sur les propositions, c’est nécessaire pour faire valoir son opinion.

Il convient de dévoiler ici une fraude qui a été découverte et dénoncée sur le site des États généraux de la bioéthique. Ollivete (c’est son pseudonyme) a remarqué des anomalies dans les votes de certaines propositions et a mis en évidence un « bourrage d’urne » électronique : un automate a été programmé pour voter en série sur de multiples comptes utilisateurs créés avec des adresses de courrier électronique, semble-t-il, jetables. Ces votes sont réalisés par série, toujours dans le même sens, et dans un laps de temps trop rapide pour qu’il s’agisse d’un homme. Ces comptes n’ont rédigé aucune contribution. Les votes de cet automate vont dans le sens de l’homoparentalité et du droit à l’enfant. Le « lanceur d’alerte » a exposé avec force détails cette fraude sur le site des Etats généraux .

Cette fraude est-elle l’initiative d’un individu isolé ou du lobby du "droit à l'enfant" ? La question mérite d’être posée. Mais, tout aussi important, il faut que le CCNE purge au plus vite le site des votes litigieux et mette en place immédiatement des mesures d’authentification qui garantissent qu’une personne ne dispose que d’un et un seul compte. La mascarade a assez duré, il serait temps de passer aux choses sérieuses si le CCNE veut éviter l’opprobre d’un ratage éthique d’anthologie.

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