« Le Premier ministre, le conseiller et les millions congolais », titre Libération, ce vendredi 13. Une date qui pourrait presque faire écho à la trajectoire de l’intéressé. Et il n’avait pas besoin de cela !

En quelques mots, les douanes judiciaires ont surpris une conversation entre Lucien Ebata, patron d’Orion Oil, et son épouse au sujet du financement de la campagne de Manuel Valls pour la primaire de la gauche, qui doit avoir lieu les 22 et 29 janvier 2017. La somme, selon le journal, pourrait atteindre les deux millions d’euros, croient deviner les autorités. Les enquêteurs sont tombés sur l'ancien Premier ministre au détour d'une enquête sur le système de détournement des revenus du pétrole congolais par M. Ebata, proche du clan du président de la République du Congo Denis Sassou-Nguesso. Présumé innocent, bien sûr, Manuel Valls va devoir affronter ce gros nuage.

Sa carrière politique s’apparente à une lente et progressive descente aux enfers. Ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre de François Hollande, il croyait que l’ascension allait se poursuivre. Las. Barré par Emmanuel Macron, éliminé par Benoît Hamon aux primaires du PS, condamné à se battre pour garder son fief d’Évry dans des législatives 2017 aux allures de sinistre farce, puisqu’il affronta notamment les candidats Dieudonné et Francis Lalanne venus le défier, Manuel Valls voyait la France le rejeter. S’ensuivit un exil catalan où, semblable à un joueur de poker tentant un all-in avec une paire de deux, il échoua à conquérir la mairie de Barcelone et eut comme seul fait d’armes de tenir en échec les indépendantistes. Retourné en France après avoir brûlé les galions, il végéta comme chroniqueur chez BFM TV, condamné à regarder le Parti socialiste acter la rupture initiée sous le quinquennat de François Hollande. L’élection de l’inconnu Olivier Faure au poste anciennement prestigieux de Premier secrétaire finit par précipiter l’aile gauche du PS dans les bras de La France insoumise, au sein d'une NUPES dont on ignore encore si elle est synonyme de survie ou de prolongement de l’agonie.

Valls sombre encore

Valls était donc mort politiquement. Son courant, incarné notamment par le Printemps républicain - cette « gauche barbelée », pour reprendre l’expression en vogue dans l’entourage du maire de Montpellier Michaël Delafosse - ne parvient pas à trouver un hypothétique créneau, quelque part entre le parti Renaissance et le PCF sauce Roussel. Mais, pour ce qui reste des socialistes, il fallait aussi s’assurer qu’il ne reviendrait pas du cimetière des éléphants qu’on confond souvent avec un purgatoire dont on pourrait éventuellement revenir. Ainsi, le quotidien Libération lui coupe-t-il a priori tout espoir en ce sens.

Le PS se débat

Et comme toute affaire de corruption est souvent politique, pendant que Libération imprimait sa (passionnante, reconnaissons cela) enquête, le PS était réuni pour, justement, arbitrer le conflit qui couve depuis qu’Olivier Faure a acté le ralliement du PS à la NUPES et aboli la frontière avec Mélenchon.

Mis en difficulté par la candidature du maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, mais soutenu par les quelques cadres anti-NUPES qui demeurent - principalement Anne Hidalgo, Michaël Delafosse et la présidente de la région Occitanie Carole Delga -, Olivier Faure revendique malgré tout une majorité des voix. Une victoire au premier tour qui en appellera de toute façon un second mais qui suscite déjà des débats internes, comme un retour de la guerre des chiffres. En tout cas, le maire de Rouen a déclaré à la presse, ce vendredi matin, qu’il est «le seul à pouvoir rassembler » et que « la direction sortante ne fait pas consensus ». Dans tous les cas, la victoire d’Olivier Faure augurerait un risque de « scission du parti ». Il faudrait en tout cas profondément méconnaître la gauche pour y voir une victoire de la stratégie d’Olivier Faure. Les opposants au ralliement à la NUPES qu’on croyait anecdotiques ou démissionnaires (tel l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve) représentent encore quelque chose au sein du PS. « Il n’y a qu’un journaliste de Libération pour voir dans les résultats du congrès une confirmation de la stratégie de Faure… le gauchisme a besoin d’un bon ophtalmo… », réagissait, sur Twitter, l’ancien Baron noir du PS, Julien Dray.

À la limite, que l’on donne raison à Olivier Faure ou à ses opposants, un constat s’impose et explose aux yeux de tous. À l’instar des LR, le PS n’a pas à choisir entre la victoire ou la défaite mais entre la lente agonie et la mort miséricordieuse. À l'image de la carrière de Manuel Valls.

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13 janvier 2023 à 18:15

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22 commentaires

  1.  » all in  » : encore le sabir anglo-saxon
     » acter la rupture initiée… »
    deux anglicismes de la gent politicienne et journalistique : il faut dire  » entériner la rupture déclenchée… »

  2. Ahhh ! Manuel Valls, 1er ministre de F.Hollande, Valls le roi du « 49.3 », peut être coiffé au poteau sur le 49.3 par l’actuelle 1ère Ministre de la génération Macron… que du beau monde

  3. Manuel Halls celui qui a fait gazer des familles avec leurs enfants lors des manifestations contre le mariage pour tous, …, un fachiste de gauche cela existe.

  4. 1er Ministre du mariage pour tous avec plus d’1 million de manifestants à Paris venus de toute la France. Girouette plus plus plus….Je lui donne la Médaille d’Or de l’infamie. Wokiste déjà annoncé.
    Je zappe dés qu’il apparait pour conserver la Santé

  5. Si vous voulez en savoir plus sur les turpitudes incessantes de la gauche, lisez le livre de Xavier Moreau ; « Le livre noir de la gauche française ». Vous ne serez pas déçu !

    1. et de plus nous apprendrez d’ou vient la gauche tous les méfaits et scandales qu’elle à commis depuis et les guerres qu’elle a initié : la vraie gauche en résumé.<

  6. En fait, ce « danseur opportuniste », coucou par excellence de la démocratie française a été éjecté du nid de LA FRANCE in extrémis par ses « copains » tous plus jaloux les uns envers les autres qu’un « minet » leurs coupe l’herbe sous le pied …
    Je pense que l’Espagne peut être acclamée par son investigation sur « le danseur catalan » lors des élections en Espagne … Du coup, en France des gens se sont chargé de lui tailler à lui aussi « un costume » ! …
    Qui pouvait croire qu’il n’aurait eu des « faux pas » qu’en Espagne ? Le « toréador de parquet » n’a plus qu’une chose à faire: disparaître définitivement du spectre politique … Ce qui serait encore mieux c’est qu’il soit interdit de mandat de quelque niveau que ce soit en FRANCE à minima …

  7. Déjà le type n’est pas force de sympathie. Je me demande ce qu’il pense, lui qui n’arrêté pas de donner des leçons.
    Ce n’est pas en s’excusant qu’on peut passer l’éponge. Vous vous souvenez sans doute de l’histoire de l’avion pour aller voir un match de foot … Vous comme moi ça nous aurait coûté cher. Pour lui non des excuses ont pu suffire.
    Quelle tristesse ce pays !

  8. Denis Sassou-Nguesso , président de la République du Congo , Félix Tshisekedi , président de la RD Congo

  9. Rectification : Denis Sassou-Nguesso , président de la République du Congo , Félix Tshisekedi , président de la RD Congo

  10. Il faudrait des années lumières à des bibliothécaires afin d’avoir le temps d’inventorier toutes les turpitudes, crasses , magouilles ,malversations, trahisons, associées à ce PS Français …..

    1. Il n’a pas « que » ceux issus de la « goooche » qui ont sombré dans « toutes les turpitudes, crasses , magouilles ,malversations, trahisons » ! … Les vertueux ne sont pas à chercher dans la caste politique française et c’est peut-être une des composantes du déclin démocratique de cette partie du monde ! …

  11. Le PS c’est pour moi le cimetière des illusions perdues. Je suis triste. Pas de miséricorde pour ces menteurs et escrocs. Ils ont laissé la droite s’approprier la classe ouvrière.

  12. Je n’ai jamais apprécié tous ces gens-là, cette classe sociale socialiste de bobos donneurs de leçons, mais je me dois de reconnaître que j’éprouve un certain plaisir à admirer ce troupeaux d’éléphants roses s’éteindre.
    Ne comptez pas sur mon aumône pour la couronne mortuaire.
    Traverseront-ils la Rue pour enfin travailler ?
    Ou franchiront-ils le rubicon sans aucun espoir de retour ?
    C’est très mal parti, ne boudons pas notre plaisir.

    1. pareil pour moi , ce parti doit mourir … mais le problème c’est que toutes ces figures détestables ont trouvé refuge chez LREM , maintenant Renaissance , l’idéologie mortifère dogmatique destructrice du parti socialiste couve toujours à l’intérieur du parti de Macron …. prête á renaître de ses cendres

  13. grosse interrogation , ministre de l’intérieur puis premier ministre sous la présidence de Francois Hollande , est-ce un titre de gloire ou un déshonneur ?

    1. Tout ce que Hollande aura touché, de près ou de loin, se vulgarise lamentablement . Il aura transformé l’or en plomb à commencer par le P.S. post mittérandien .

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