Emmanuel Macron peut-il se refaire la cerise avec une victoire des Bleus ? Rien n’est moins sûr…

Macron foot

C’est la question qui agite le petit monde politico-médiatique – enfin, celui qui n’a que ça à faire de ses journées – : oui ou non Emmanuel Macron pourrait-il éventuellement se refaire une santé sondagière, si d’aventure nos Bleus devenaient une troisième fois champions du monde de football ?

En la matière, il y a évidemment le précédent Jacques Chirac. Notre première coupe, en 1998, avait fait bondir sa cote soudainement de 18 %. Celle de son Premier ministre d’alors, Lionel Jospin, avait suivi. Cette jurisprudence est pourtant toute relative. En effet, le trophée de 1998 était le premier du genre. Aujourd’hui, il n’a plus la saveur de l’inédit. Notons encore que l’envolée chiraquienne fut tôt suivie d’une descente aux enfers dans les enquêtes d’opinion, sorte de préambule au 21 avril 2002, le premier tour présidentiel qui vit surgir Jean-Marie Le Pen avant une réélection pour le moins abracadabrantesque.

Bref, il s’agit manifestement d’un fusil à un coup. En juillet 2016, lors du championnat d’Europe, quand la France s’incline devant le Portugal (1-0), la popularité du Président François Hollande ne monte ni ne baisse. Pareillement, cinq mois après, le 15 juillet 2018, alors que l’équipe de France peut faire coudre une seconde étoile sur son maillot après avoir battu la Croatie en finale (4-2), la popularité d’Emmanuel Macron continue de plafonner à 23 % d’opinions favorables. D’effet foot, il n’y a pas, il n’y a plus. D’ailleurs, il ne faut pas prendre les Français pour des andouilles, eux qui savent d’instinct si le premier d’entre eux est un authentique fan de football ou s’il fait juste semblant.

Jacques Chirac, lui, s’en moquait comme de son premier reniement politique. Il se trompait dans le nom des joueurs. À la garden-party de l’Élysée, il commença à féliciter les vainqueurs de la Coupe de France avant d’évoquer celle du monde ; la Corona était peut-être passée par là. Lors de la finale, son écharpe des Bleus lui allait comme un tutu à un percheron. Peu importait, nos joueurs l’avaient à la bonne, surtout quand il leur rendait visite dans les vestiaires, leur racontant de grosses blagues qui tachent et qui auraient fait honte au plus déluré des carabins.

François Hollande, c’était un peu pareil, le côté hussard en moins. Emmanuel Macron, itou. D’ailleurs, comment prendre au sérieux un natif d’Amiens qui dit soutenir l’Olympique de Marseille contre le Paris Saint-Germain ?

D’ailleurs, en politique, les véritables amoureux du ballon rond sont ailleurs. Philippe Séguin et Éric Zemmour, par exemple. Et le plus acharné d’entre eux, spectateur notoirement plus que bruyant dans les stades ? Nicolas Sarkozy, évidemment, qui ne fut pas pour rien dans l’attribution de cette Coupe du monde au Qatar. Pourtant, les hommes politiques, femmes comprises, savent fort bien que cet investissement est loin d’être rentable à tous les coups. Peu importe, ils y vont quand même, quitte à risquer le hors-jeu.

Ce que confirme, d’ailleurs, Vincent Duluc, journaliste à L’Équipe : « Les politiques calculent toujours à l’avance. C’est pourquoi Sarkozy, en 2010, a envoyé ses ministres Roselyne Bachelot et Rama Yade en Afrique du Sud [l’équipe de France était en crise, NDLR. Après avoir reçu le sélectionneur Raymond Domenech à l’Élysée, il s’est dit que ça sentait mauvais et qu’il n’irait pas. […] Les politiques veulent être associés à la victoire, pas à la défaite. »

Mais est-ce forcément ce qu’attend d’eux le peuple : celui des électeurs et des supporters, souvent le même ? La réponse est dans la question.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

83 commentaires

  1. Si la France gagne … Didier DESCHAMPS Président ! lui sait choisir les membres d’une équipe efficace .
    Il ne serait pas plus mauvais que Macron

  2. Il ne peut pas se refaire la cerise il est cuit malheureusement nous allons être obligés de le garder encore 4 ans pour finir de détruire notre pays .

  3. On est en Guerre, pas encore sorti du Covid, puisque V.D.L. a commandée les doses à suivre et qu’on nous le rappelle sur les T.V. du pouvoir, et contre « Poutine » que l’on nous rappelle aussi par propagande pour une Ukraine état d’Europe où ils ont bien froid et que Macron est à son chevet, téléguidé par l’U.S., et en Guerre contre une Politique de destruction de notre Energie décarbonée nucléaire, Fleuron de la France de ses ingénieurs, et si au Qatar ils ont la clim en stade, nous on se gèle, et en Guerre contre ce Wokisme qui divise encore plus le peuple…Alors le Foot même au plus haut niveau, il ne vaut mieux pas que la Politique en fasse état; surtout avec tous ces scandales à l’U.E. qui sont sans doute au delà des espèces de dollars retrouvés. Mais France-Argentine je regarderai.

  4. Ce n’est pas une troisième étoile qui va nous sortir de la panade actuelle. Je préfère une électricité fiable et peu chère à une victoire en finale de la coupe du monde de foot !

  5. Je ne vois pas le rapport entre Macron et le foot.
    Si la France gagne, ce qui n’est pas évident, Macron n’y sera pour rien du tout.

  6. Il y a une classe de citoyens qui ne suit pas la politique reste accrochée comme un pou à un cheveu aux habitudes familiales’, é cette partie de la société n’aime pas le changement le bruit et la fureur et suit la filière moutonnière ., cette catégorie vote Macron pour ne pas faire de vagues :
    «  ce n’est pas le bruit des bottes qui est dangereux c’est celui que font les pantoufles qui glissent sur le sol qu’il faut craindre le plus » disait Bernanos..

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois