Certes, l’époque est anxiogène ; mais, toutes choses bien pesées, guère plus que les précédentes. Ou, autrement, comment expliquer que nos ancêtres aient pu prendre femme pour fonder une famille, quelques années avant les guerres de 14-18 et 39-45, périodes qui ne s’annonçaient pas tout à fait riantes ? À croire que l’espoir faisait alors plus vivre que le désespoir.

Est-ce encore vrai, aujourd’hui ? On peut se poser la question à la lecture de l’étude publiée par la revue censée faire la pluie et le beau temps en matière de santé climatique, The Lancet Planetary Health, selon laquelle près d’un jeune sur deux souffrirait, aujourd’hui, « d’éco-anxiété ».

Bien sûr, les « jeunes » sondés sont issus du monde occidental ; ce qui peut expliquer que, sur un panel de 10.000 personnes, âgées de 16 à 25 ans, « 75 % des répondants puissent juger le futur "effrayant" ». On ajoutera encore que « 50 % des jeunes interrogés se sentent tristes, anxieux, en colère, démunis ou coupables face à la crise climatique ».

Et ce rapport de conclure : « Ces facteurs de stress psychologique menacent la santé et le bien-être et peuvent être considérés comme moralement préjudiciables et injustes. » Calimero n’aurait pas mieux dit. Après, on peut se féliciter ou déplorer cet état de fait. S’en féliciter parce que la jeunesse se sent impliquée dans les affaires du vaste monde. Le déplorer parce que cette même jeunesse se trouve de fait infantilisée par ces histoires à faire peur, assenées aux générations précédentes : peur des communistes, alors que l’URSS était bien moins expansionniste que les USA, peur des fascistes alors que de fascisme il n’y avait plus. Comme quoi une trouille chasse l'autre. Peur des racistes, etc. « N’ayez pas peur », nous disait, non sans raison, le défunt pape Jean-Paul II.

Et maintenant, la grande trouille climatique, encore plus volatile, mais autrement plus prégnante : « Les jeunes individualisent le problème climatique. Ils pensent que c’est de leur ressort. C’est notamment dû au récit autour de la crise climatique : ce serait une affaire de décisions personnelles », nous dit cette même étude.

D’où la naissance d’un héroïsme de substitution consistant à fermer le robinet pendant qu’on se brosse les dents, histoire de « sauver la planète », alors qu’avant, il suffisait seulement de lutter contre le gaspillage. Il est vrai que ces jeunes angoissés ont quelques raisons de l’être. Ne serait-ce que par le matraquage médiatique les enjoignant de faire perpétuelle repentance pour un « écocide » aux contours des plus flous. Ainsi, l’écrivain Camille de Toledo, nouveau procureur de l’écologisme radical, vient-il d’exiger que la Loire puisse devenir « personnalité juridique » et « plaider sa cause devant les tribunaux », à en croire un entretien publié dans Libération de ce 9 septembre.

Pour appuyer ses dires, ce jeune homme - Alexis Mittal, de son vrai nom et, par ailleurs, petit-fils d’Antoine Riboud, fondateur de la multinationale Danone (pas tout à fait écoresponsable, dira-t-on), affirme qu'« en Équateur, la Constitution reconnaît depuis 2008 les droits du Pachamama, la Terre mère ». Certes, mais ce qui a valeur, chez ces peuples issus de religions naturelles, dans lesquelles fleuves et rivières ont toutes un esprit, n’est-il pas un peu ridicule dans ce néo-panthéisme occidentalisé ? Un peu comme l’apprenti plombier qui, pour faire joli, se fait tatouer les biceps de symboles maoris, ignorant que ces derniers, s’ils ont une signification en Polynésie, n’en ont plus guère en nos contrées, ou alors au moins autant que le hula-hoop et la zumba ?

Après, deux questions se posent à l’homme de bon sens : la Loire est-elle une « personnalité juridique » et ces néo-écologistes ont-ils encore un cerveau en bon ordre de marche ?

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15 septembre 2021 à 18:15

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