Le Trump Media and Technology Group a annoncé, la semaine dernière, avoir obtenu un financement d'un milliard de dollars pour lancer Truth Social. De quoi s'agit-il au juste ? D'un réseau social libre, sur lequel aucune idéologie ne sera jugée suspecte. Trump, dans un communiqué de presse, estime qu'une pareille somme « envoie un message important à Big Tech ». Son application est en précommande sur l'App Store d'Apple et devrait officiellement être lancée début 2022.

On peut ergoter sur le choix de ce nom. Quand on a besoin d'affirmer les choses aussi fortement, c'est, historiquement, qu'on n'en est pas très sûr. De la Russie soviétique intitulant son tissu de mensonges La Pravda (« La Vérité ») à Macron martelant « Je suis votre chef » à la face du général de Villiers, les déclarations emphatiques sont souvent autant d'antiphrases.

Il n'empêche. On aurait tort de bouder son plaisir. La Bourse américaine ne s'y est d'ailleurs pas trompée : la société chargée d'attirer les investisseurs a été valorisée de 1,67 milliard de dollars à la suite de son rapprochement avec le groupe Trump, révèle Le Parisien. Les bannissements systématiques des discours patriotes ou non conformistes, les mauvais procès, le harcèlement en ligne, les Sleeping Giants, tout cela exaspère un très grand nombre de braves gens à qui il est facile, par la suite, de reprocher leur violence quand ils se révoltent contre cette narquoise et imbécile domination.

Bien sûr, on trouvera sans doute sur Truth Social des partisans de la Terre plate ou des conspirationnistes de QAnon, qui pensent que la numérologie et un symbolisme névrotique contribuent à dévoiler des conspirations emboîtées comme de vilaines poupées russes ; il y aura des rednecks, des partisans des armes à feu, des libertariens. Tout un peuple qu'on ne voit pas à la télé états-unienne qui est, elle, saturée de Black Lives Matter, de révérences devant les totems grimaçants du « wokisme » et de bêtise en Technicolor.

« Culture de pacotille », disait Paul-Marie Coûteaux, dimanche dernier, à Villepinte, pour parler de ce que l'Amérique nous impose depuis un siècle. Ce n'est pas faux. Mais n'oublions pas, cependant, qu'en Amérique, il n'y a pas de lois mémorielles (lois Gayssot ou Taubira chez nous), pas de lois restreignant la liberté d'expression ou d'opinion (loi Pleven chez nous), pas de slogans terrifiants comme « (telle opinion) n'est pas une opinion, c'est un délit » ou « on peut débattre de tout sauf des chiffres ». Ils ont peut-être, malgré une vulgarité et une courte vue qu'on ne peut pas nier, quelques petites choses à nous apprendre.

Longue vie, donc, à Truth Social. Ce ne sera certes pas la matinale de France Culture, mais il faut de tout, et nos adversaires l'ont oublié depuis bien trop longtemps.

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11 décembre 2021 à 14:00

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