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Cet article a été publié le 12/01/2023.

Lors de funérailles que le gouvernement grec n'a pas voulu nationales, la Grèce et les grandes familles royales européennes ont dit adieu, en janvier dernier, à Constantin II, dernier roi de Grèce. Il avait été contraint de quitter le pays après le coup d'État des colonels, en 1967. Cousin de l'actuel roi britannique Charles III, il était aussi le parrain de William.

Avec le décès, ce 10 janvier, de l’ancien roi Constantin II, la Grèce tourne la page de l’un des chapitres les plus mouvementés de son Histoire. Dernier souverain de la nation hellénistique, après le coup d'État des colonels en 1967, il fut contraint à l'exil et se réfugia d'abord en Italie avant de s'établir auprès de son parent, le prince Philippe, duc d’Édimbourg (1921-2021), à Londres. Mais qui était ce monarque exilé depuis plus d'un demi-siècle ?

Fondé en 1832, le royaume de Grèce avait pour dynastie régnante des souverains alliés à la famille royale de Danemark. Son fondateur fut Georges Ier (1845-1913), arrière-grand-père de Constantin II. Ce dernier naquit le 2 juin 1940, à Athènes, alors en guerre avec l’Italie fasciste dont les troupes aidées par l’Allemagne occupèrent le pays en avril 1941. Afin d’éviter d'être prise en otage et pour continuer la lutte, la famille royale fuit alors en Crète, puis en Égypte et, enfin, en Afrique du Sud. Constantin y resta jusqu’à la fin de la guerre, en compagnie de ses sœurs Sophie, future reine d’Espagne et épouse de Juan Carlos, et Irène, leur père Paul étant parti pour Londres.

Après la chute des forces de l’Axe, en 1945, les souverains grecs souhaitèrent rejoindre leur pays, marqué par une montée de mouvements républicains et communistes farouchement antimonarchistes. La famille royale put rentrer en Grèce en 1946 après un référendum favorable au maintien de la royauté. Constantin, qui avait quitté son pays alors qu'il n'était qu'un nourrisson, apprit à découvrir et aimer son futur royaume meurtri par l’occupation. Son père, Paul Ier, prit grand soin de l'éduquer dans l'optique de redorer l’image de l'institution et de permettre à son fils d'assumer ses futures responsabilités.

En 1960, le jeune diadoque (titre du prince héritier en Grèce) eut l'occasion de mieux se faire connaître et fit la fierté de son peuple en remportant une médaille d’or aux Jeux olympiques de Rome dans une épreuve de voile. En 1964, à la mort de son père, il devint roi sous le nom de Constantin II et épouse sa parente, la jeune princesse Anne-Marie de Danemark. Mais, malgré sa préparation à son métier de roi, Constantin fait preuve de maladresse, d’un manque de tact et de retenue envers la classe politique : des défauts qui lui furent fatals.

D'emblée, le nouveau souverain dut affronter l’hostilité et les attaques des opposants au régime qui n’hésitèrent pas à souligner sa jeunesse et son manque d’expérience. Il dut aussi faire face à diverses crises comme le déchirement politique de son pays entre extrême droite et extrême gauche, entre partisans du bloc de l’Ouest et celui de l’Est. Profitant de l’hostilité grandissante envers le souverain et d’une instabilité gouvernementale, un groupe d’officiers, dirigés par le colonel Papadopoulos (1919-1999), organisa un coup d’État le 21 avril 1967. Ayant échoué dans sa tentative de contre-coup d'État, Constantin dut quitter la Grèce en décembre 1967.

Cependant, Constantin II n’abdiqua pas, espérant ainsi revenir un jour dans son pays et sur son trône. Les nouveaux dirigeants militaires de la Grèce n’abolirent pas la monarchie, espérant, jusqu’à leur chute, pouvoir rallier le monarque à leur cause. La dictature des colonels finit par disparaître, en 1974, et une république démocratique fut instaurée à l'issue d'un référendum. C'en était fini de la monarchie en Grèce. Ironie de l'Histoire, Constantin II, monarque déchu, vit sa sœur Sophie devenir reine d’Espagne en 1975.

Les décennies suivantes furent marquées par de nombreuses tensions entre l’ancien souverain et les gouvernements grecs craignant que le retour de l’exilé sur le sol national n'entraîne une restauration de la monarchie. Ces querelles finirent par s’atténuer au début du nouveau millénaire, permettant au souverain de revenir en Grèce lors de grands événements. Affaiblis par les années, Constantin II et son épouse émirent le désir de pouvoir vivre définitivement en Grèce, sans affronter de vives résistances de la part du gouvernement qui accepta cette demande. Quittant Londres et s’installant à Athènes, l’ancien roi a vécu ses dernières années dans la ville qui le vit naître et grandir. C'est donc à Athènes qu'il est mort, ce 10 janvier, à l’âge de 82 ans, entouré de ses sœurs, Sophie et Irène, ainsi que de ses enfants.

Souverain maladroit en politique, Constantin II aura combattu toute sa vie à maintenir ses droits dynastiques et à renouer de nouveaux liens avec son peuple et son royaume. Avec lui s’éteint le dernier roi des Hellènes laissant à son fils, Paul (né en 1967), le rôle de prétendant au trône ainsi que la mission de perpétuer son héritage.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:19.

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12 janvier 2020 à 10:30

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6 commentaires

  1. Quelles instances ont donc financé ce brave monarque et sa famille qui vivaient, semble t-il, sur un grand train ?

  2. J’éprouve de la sympathie pour les systèmes monarchiques car ils incarnent en général la stabilité,cependant les souverains européens devraient assumer un véritable rôle politique en y étant préparés ,nous assistons malheureusement à l’inverse .
    La devise d’Elisabeth II était: »ne jamais se plaindre,ne jamais se justifier »,son règne fut sage et long ,mais c’est à peu près tout ce que nous en retiendrons !

    1. Sauf que la royauté ne peut à la base être démocratique pour la bonne raison c’est que quant on a un mauvais souverain on l’a pour très longtemps sauf que de faire une révolution avec toutes les atrocités que cause une tel chose. Une république est une gouvernance d’un chef d’état à trop courte terme avec tant d’avantages que inconvénients.

    2. Le principe sur lequel reposait la stabilité et l’unité Française étaIt le principe monarchique forgé par des siècles de construction Capétienne. Les hommes de la Révolution se figurèrent que l’on pouvaitse passer de Roi mais ni la tentative de construction impériale nil les divers républiques ne sont parvenus à redonner la stabilité ,l’unité et une vie durable à la « chose publique ».

  3. Résumé correct, mais il faut noter que la nation grecque est hellénique et non pas hellénistique, terme réservé à la Grèce d’Alexandre le Grand et des royaumes qui lui ont succédé.
    Le 2 juin 1940, la Grèce n’est pas encore en guerre. Elle sera attaquée le 28 octobre 1940 par l’Italie après avoir dit non à l’ultimatum de Mussolini.
    Enfin, les colonels ont aboli la monarchie en 1973, quand le clan Ghizikis a renversé Papadoulos. Le référendum de 1974 a confirmé la république.

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