Belattar et consorts : l’Emmanuel Comedy Club

belattar messiha

En ces temps où le politique, par annihilation de toute forme de souveraineté, n’est plus, seul le spectacle règne en maître. Il n’est donc pas étonnant que l’ordre libéral-libertaire qu’incarne la présidence Macron offre aux Français des shows télévisés des plus pitoyables. En l’occurrence, cela a été le cas, en cette fin de soirée du jeudi 9 janvier, dans l’émission « Balance ton post ! », produite et présentée par Cyril Hanouna (celui-ci n’ayant jamais rougi de sa sympathie pour l’actuel chef de l’État), cette dernière ayant offert une longue tribune à l’histrion non moins macronien qu’est Yassine Belattar (considérant le Président comme son « frère »), afin que celui-ci s’explique sur ses nombreuses déclarations, tant « comiques » que polémiques, notamment à travers les réseaux sociaux.

Pourtant cerné par des spectateurs qui lui étaient hostiles, le membre du bureau politique du Rassemblement national Jean Messiha s’est jeté dans l’arène pour y affronter l’insolence du militant franco-marocain. Depuis, des articles sont tombés comme à Gravelotte, la plupart se focalisant sur un duel entre deux visions radicalement opposées de notre société : une, composée de communautés étrangères imposant chacune son ordre dans l’espace public, l’autre assimilée à la culture française grâce à une éducation à la fois républicaine et judéo-chrétienne. En définitive, entre la figure de proue de la lutte « contre l’islamophobie » et le haut fonctionnaire d’origine copte, plus rien ne peut être mis en commun.

Curieusement, Belattar est présenté comme un joyeux humoriste, et non comme un pur polémiste. En attendant, la dérision ne sert pas tant son art de la persuasion que ses talents en matière de dissimulation. Pourtant, « laissez parler votre adversaire, quand il ne le fait qu’au nom de la raison, et ne le combattez qu’avec les armes de la raison », avait écrit Emmanuel Kant.

Mais, au-delà du cas de l’animateur de Radio Nova, il y a une volonté de la part de la Macronie de mettre la main sur la jeunesse « des quartiers populaires », autrement dit celle des zones nucléarisées par les trafics en tout genre ainsi que par la loi du talion. Le fric, rien que le fric à vendre à cette masse, à en croire même le Macron de Bercy (de 2014 à 2016) qui incitait cette jeunesse à devenir milliardaire. Puis, après son élection, celui-ci a multiplié les déclarations à l'emporte-pièce : entre autres, « des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien » (dans une gare) et « je traverse la rue et je vous [en] trouve [du boulot] ». Sans oublier ses accolades fiévreuses avec deux délinquants de Saint-Martin, en octobre 2018.

Ici et là, le fringant Emmanuel mouille la chemise, tel Obama ou Kennedy, en relevant les manches et en débitant une logorrhée interminable. Puis, « en même temps », il use à souhait de son armée de réserve médiatique : outre Belattar dans le rôle du bouffon de l’enfant-roi, on a Sibeth Ndiaye dans celui de la parole gouvernementale haute en couleur vestimentaire, Laetitia Avia dans celui de l'ambition mordante via une législation liberticide « visant à lutter contre les contenus haineux sur Internet ». Mais on pourrait aussi évoquer Alexandre Benalla dans celui du « gorille » incontrôlable qui, depuis, a pris ses distances avec son idole. Ou le goût des autres pour mieux nourrir son ego.

Henri Feng
Henri Feng
Docteur en histoire de la philosophie

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