Les devoirs de M. Blanquer
La rentrée des congés de Toussaint marque la mise en œuvre effective de la mesure « devoirs faits » instituée par M. Blanquer au collège. Dans un entretien à 20 Minutes, il détaille des éléments de cette mise en œuvre et en dévoile les perspectives.
Le ministre de l’Éducation nationale précise qu’il ne s’agit pas de supprimer les devoirs. C’est-à-dire que ce n’est pas pendant les cours que le travail doit être fait, mais en dehors, et en plus des cours. Il rompt très clairement avec un discours trop souvent promu ces dernières années, comme il le souligne lui-même. Ce dispositif veut, par contre, lutter contre les inégalités sociales et aider les parents qui n’ont pas toujours le temps de suivre le travail de leurs enfants.
Le coût estimé de ce dispositif est de 220 millions pour environ 25 % de collégiens volontaires. Le ministre souhaite arriver à 35 %, notamment en permettant aux conseils de classe de recommander à un élève en difficulté de s’y inscrire. Le coût augmentera donc certainement dans les années à venir, mais il est somme toute raisonnable puisqu’il représente environ 260 euros par élève concerné et par an. Il faudra faire le bilan du dispositif pour en mesurer l’effet, mais on peut penser que le rapport coût/efficacité sera intéressant. C’est que, contrairement à des dispositifs précédents, celui-ci s’adresse aux élèves qui en ont besoin et non à tous indistinctement.
Une chose, cependant, nous irrite. Si, dans de nombreux domaines, M. Blanquer rompt avec l’idéologie désastreuse des gouvernements précédents, pour ce qui du numérique et de l’innovation, son discours est toujours à les encourager. Or, on sait que si le numérique peut, dans certains cas, être intéressant, le recours systématique aux ordinateurs et à Internet enrichit moins la culture des élèves que les actionnaires des entreprises informatiques. Quant aux méthodes d’enseignement, l’important n’est pas qu’elles soient innovantes mais efficaces. L’exemple de l’apprentissage de la lecture est, à cet égard, édifiant et le ministre l’a d’ailleurs reconnu d’une certaine façon en récusant les méthodes à approche globale.
Dans cet entretien, le ministre annonce que le dispositif « devoirs faits » sera étendu l’an prochain au primaire. Il affirme que cela sera "complémentaire de ce que les communes font déjà". Attendons de voir les modalités pratiques de cette extension et son applicabilité en zone rurale notamment, mais, là encore, c’est une heureuse rupture avec le refus des devoirs en primaire qui prévalait jusqu’ici.
À un rythme soutenu mais de manière pragmatique, Jean-Marie Blanquer met en place les conditions d’un redressement de l’école. Il a contre lui les pédagogistes, fortement implantés dans les sphères dirigeantes de l’Éducation nationale, et certains syndicats minoritaires. Mais il peut s’appuyer sur la majorité silencieuse des enseignants et des parents.
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