Deux avocats assignent les gouvernements européens devant la CPI

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Deux avocats, dont Juan Bravo, le médiatique avocat des gilets jaunes, ont assigné les États membres de l’Union européenne devant la CPI (Cour pénale internationale) pour crimes contre l’humanité, meurtres, traitements inhumains et déplacements forcés commis à l’encontre des migrants fuyant la Libye.

Selon les deux avocats, l’Union européenne serait coupable de vouloir enrayer les migrations vers l’Europe au prix de meurtres de milliers de civils innocents en refusant de porter secours aux réfugiés en mer, pour dissuader les personnes dans la même situation de se réfugier en Europe. En outre, les pays européens sont accusés d’avoir, en fournissant des vedettes rapides à la marine libyenne, maintenu en détention 40.000 réfugiés dans un véritable enfer. La suite de cette action en justice est incertaine. Le procureur de la CPI n’est pas tenu de prendre en compte les plaintes provenant de particuliers ou d’ONG.

Mais sur le fond, ce dépôt de plainte n’a absolument aucun sens. Pourquoi ces deux avocats n’ont-ils pas attaqué en priorité les deux gouvernements qui se partagent le pouvoir en Libye, puisque l’ancienne colonie italienne serait, selon eux, une épouvantable prison où les réfugiés seraient torturés et soumis à des exactions ?

S’il y a des responsables et des criminels, ce sont d’abord et surtout les Libyens. Et pourquoi les migrants continuent-ils à affluer en Libye ? Ils se jettent d’eux-mêmes dans la gueule du loup et embarquent, par la suite, sur de frêles et dangereuses embarcations en payant très cher (plusieurs milliers d’euros) des passeurs.

Le salaire annuel moyen, en Guinée, tourne autour de 500 euros. Le prix payé à un passeur permettrait donc de vivre six ans sans travailler dans ce pays qui est un gros fournisseur de réfugiés. Les migrants sont rarement des personnes nécessiteuses qui seraient chassées par la misère, mais plutôt des membres des classes moyennes et supérieures qui vont manquer cruellement à leur pays. Est-ce le rôle de l’Europe de piller les élites des pays africains ?

Mais, surtout, la plainte des deux avocats est fort mal rédigée, car elle ne vise pas le vrai « scandale » : si les gouvernements de l’Union européenne sont coupables, selon la logique des pro-migrants, cela serait plutôt de ne pas accorder de visas à tous les Africains qui souhaiteraient venir en Europe ! En refusant d’ouvrir en grand leurs frontières, ils obligent les réfugiés à tenter le dangereux voyage à travers le Sahara, à risquer leur vie en Libye et à monter dans des barques surchargées susceptibles à tout moment de sombrer ; si les visas étaient automatiquement délivrés, les migrants n’auraient qu’à prendre l’avion pour arriver à Paris ou à Berlin. Ils ne courraient aucun risque. Même si les Européens recommençaient à recueillir les naufragés en Méditerranée, cela n’empêcherait pas des milliers de candidats à l’exil de périr en route. Or, il est, bien sûr, impossible de permettre à tous ceux qui le veulent de s’installer en Europe, sous peine de voir notre continent plonger dans le chaos et la guerre civile.

En fait, l'unique manière d’éviter que les cadavres ne s’accumulent dans le désert, en Libye, c’est d’arrêter totalement l’immigration, sauf pour les cas réels d’asile politique - ce qui ne concerne que quelques pays comme le Soudan, l’Éthiopie ou l’Érythrée. Quand les Africains comprendront que même s’ils franchissent les obstacles si dangereux, ils ont 98 % de chance d’être rapatriés dans leur pays par la suite, nous sauverons des milliers de vies.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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