[Des lectures pour l’été] L’Arche de mésalliance, de Marin de Viry, 2021
Marius est un brillant cadre dirigeant d’une entreprise spécialisée dans le développement durable. Malgré ses idées plutôt royalistes et catholiques, il n’a aucun mal à évoluer dans un monde où domine « une langue transnationale au sens flottant, qui permet de ne pas assumer les conséquences de la précision des mots ». Mais il le fait avec distance et cynisme.
Priscilla est son exact opposé : très engagée, féministe et ambitieuse. Seule l’intelligence leur est commune. Le président fait croire à chacun qu’il sera le futur directeur général et se délecte à l’avance du combat à venir. Tout ceci se passe à la Défense, cette « colonne d’âmes mortes ».
L’affrontement va pouvoir commencer avec un léger avantage pour Priscilla, car « il existait chez Marius un mécanisme d’aveu spontané. C’est ce qui le rendait pardonnable, mais inéligible aux fonctions qui ne s’obtenaient que par la dissimulation, c’est-à-dire à peu près toutes. »
Ce petit roman s’attaque résolument au modernisme et à ses multiples travers. La novlangue en vigueur dans beaucoup d’entreprises est particulièrement visée, même si l’auteur en abuse un peu. Le style semble facile, mais il est en réalité fort brillant avec d’étonnantes fulgurances. La description de la Défense au début du roman ou l’éreintement des grands travaux de Mitterrand valent vraiment le détour. Il y a du Houellebecq chez Marin de Viry. Quelques mots crus sont parfois utilisés mais cela reste dans les limites de l’acceptable (contrairement à Houellebecq, d’ailleurs).
La lecture de L’Arche de mésalliance est rafraîchissante et l’on se sent moins seul face aux folies ambiantes.
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2 commentaires
Je sais un peu trop d’avance de quoi il sera question. Mais bonne chance à ce livre !!
Si l’on se sent moins seul je vais le lire car je reçois même des mails de clients en écriture inclusive … ils sont partout !