Derrière les « Marcheurs scissionnaires », saint Hulot, pape de la niaisitude…

Nicolas_Hulot_2015

Dans un temps lointain où l’on ne craignait pas le pilori au moindre ricanement, un affreux jojo répondant au nom de Jean Yanne, affreux dont l’époque actuelle exciterait assurément la verve, avait porté sur les écrans un film intitulé Liberté, Égalité, Choucroute.

Je ne résiste pas à vous en livrer le pitch, comme on dit aujourd’hui :

« En avril 1789, le commandeur des croyants quitte Bagdad pour Paris afin d'acquérir au Salon de l'équipement de bourreau (le SEB) une machine à décapiter infaillible, la guillotine, car le pal ne le distrait plus. S'ensuit une présentation parodique de la Révolution française qui verra Louis XVI prendre la fuite pour arriver non pas à Varennes mais à Bagdad. »

Si j’évoque ce film qui n’aurait, c’est sûr, aucune chance de sortir aujourd’hui, c’est parce que le nom de groupe choisi par les dissidents de La République en marche m’y fait irrésistiblement penser. Avouez, « Démocratie, écologie et solidarité » n’est pas très loin de Liberté, Égalité, Choucroute. Hélas, ce n’est pas l’esprit de Jean Yanne qui les habite.

Les « Marcheurs scissionnaires », comme ils se nomment, ont donc décidé de naviguer à leur compte. Héros de ce groupe de randonneurs, Cédric Villani.

Comment dire… Randonneuse moi-même, ce n’est pas le gars que je suivrais sur les sentiers de montagne. D’ailleurs, bien peu l’ont suivi sur le bitume parisien : 7,9 % seulement pour ses listes au premier tour des municipales. Pour celui qui devait tout emporter – bobos, écolos et intellos –, c’est un bide. Qu’importe. Il a pris le virus de la politique, je veux dire du pouvoir… Il se rêve en chef.

En rejoignant dans la dissidence ses deux copains Matthieu Orphelin et Paula Forteza (le premier, député du Maine-et-Loire, est un écolo hulotiste ; la seconde est députée des Français de l’étranger pour l’Amérique latine et les Caraïbes), Villani espère pouvoir cheffer la liste LREM aux municipales… en remplacement d’Agnès Buzyn. Si le scrutin est reporté. Si si.

Confidence : les maths, ce n’est pas trop mon truc, mais je crois être meilleure que Cédric Villani en probabilités. En ce qui le concerne, j’estime ses chances autour de zéro. Moins quelque chose, même.

Si l’on se fie aux apparences, pas plus fausses que les probabilités, il semble donc que M. Hulot continue de tirer les ficelles. Parti en pleurnichant pour avoir rudement éprouvé le principe de réalité, il continue de nous gratifier de ses idées merveilleuses. Comme le disait Étienne Gernelle dans Le Point du 8 mai, il peut concourir pour l’Oscar de la bouffonnerie 2020. Ses Cent principes pour un nouveau monde, étalés sur deux pages du Monde, ne sont rien d’autre qu’un « galimatias qu'un élève de sixième n'aurait pas osé rendre à son professeur », écrit Gernelle. Une enfilade de platitudes sur « la symphonie mondiale de demain », parce qu’il le vaut bien et parce que :

1) « Le temps est venu, ensemble, de poser les premières pierres d'un nouveau monde. »

2) « Le temps est venu de transcender la peur en espoir. »

3) « Le temps est venu pour une nouvelle façon de penser. »

et on continue...

18) « Le temps est venu d'applaudir la vie. »

70) « Le temps est venu de nous réapproprier le bonheur. »

Etc.

Saint Hulot, pape de la niaisitude, a maintenant son église, son clergé et ses enfants de chœur et de cœur. Monseigneur Villani se voit déjà coiffer la mitre et bientôt arpenter les rues de Saint-Germain-des-Prés, le bâton de pasteur à la main.

Crosse pour crosse, il pourrait bien s’en prendre encore un grand coup sur l’araignée.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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