De l’argent pour le patrimoine religieux : bravo, mais quel est le plan ?

macron saint criq

Les Journées du patrimoine auront lieu le week-end prochain. Emmanuel Macron se déplacera, à cette occasion, en Bourgogne, plus précisément à la collégiale Notre-Dame de Semur-en-Auxois. Selon une information Europe 1, il devrait y préciser les modalités du dispositif d'aide de l'État pour la sauvegarde du patrimoine religieux, au bénéfice des communes de moins de 10.000 habitants. Cette idée s’inscrit dans la continuité des déclarations faites par le président de la République lors du millénaire du Mont-Saint-Michel, en juin dernier. Il avait alors demandé aux ministères de la Culture et de l’Intérieur (historiquement ministère des Cultes) « les mesures permettant de mieux venir en aide aux édifices des communes de moins de 10.000 habitants en situation financière difficile, trop souvent mal répertoriés aujourd’hui ».

C’est déjà bien, mais les autres ?

Cette annonce bienvenue prend place dans un contexte particulièrement difficile pour les petites communes et leur patrimoine religieux. 42.000 des 50.000 monuments religieux de France sont catholiques, et la plupart d’entre eux sont situés dans de petites communes rurales. Certaines de ces chapelles, de ces églises, de ces collégiales, de ces abbatiales sont à l’abandon, faute de moyens. Depuis la spoliation des biens du clergé en 1905, dans le cadre de la « loi de séparation des Églises et de l’État », la propriété et l'entretien de la plupart des édifices religieux construits avant 1905 relèvent des communes et de l’État (pour les cathédrales). Les édifices religieux postérieurs à 1905 sont la propriété des associations cultuelles qui en assurent l'entretien.

De plus en plus souvent, de belles églises auxquelles il ne manquerait que quelques dérisoires millions d’euros (une goutte d’eau dans l’océan de la politique migratoire, par exemple) sont détruites au tractopelle. BV en a déjà parlé, notamment sous la plume de Gabrielle Cluzel. Certains n’y voient rien de choquant – c’est le cas de Roselyne Bachelot, ancien ministre de la Culture, qui s’était exprimée sur le plateau de « C à vous ».

Europe 1 nous apprend que 10.500 lieux de culte catholique (sur 42.000, donc) sont éligibles à des aides de l’État car classés comme monuments historiques. C’est déjà bien, mais on ne sait pas ce qu’il adviendra des autres. Les lieux de culte catholique sont par ailleurs les plus vandalisés, brûlés ou blasphémés.

Une rentrée sous le signe de la religion, vraiment ?

Emmanuel Macron se rendra également au château de Bussy-Rabutin, toujours en Bourgogne. Ce lieu plein du panache du Grand Siècle abrita l’exil de l’un des plus spirituels personnages de son temps, Roger de Rabutin, l'oncle de Mme de Sévigné. Grand seigneur libertin, « honnête homme » et chef de guerre, il fut renvoyé sur ses terres après la publication d’un pamphlet leste et spirituel qui déplut fort à Louis XIV. Il n’y a donc pas meilleur endroit pour que Jupiter, protecteur des clochers mais surtout contempteur de toute opposition, pose en mécène en toute hypocrisie.

Une rentrée sous le signe de la religion, vraiment ? De la religion catholique qui plus est ? Soyons sérieux ! Emmanuel Macron ne sait que contrebalancer une fausse promesse de gauche par une fausse promesse de droite. Peut-être, pour plaire à un électorat retraité qui déplore que les églises soient vides tout en se gardant bien de les remplir, veut-il jouer la carte de la France des petits villages et des petits clochers, celle de feu Jean-Pierre Pernaut. La ficelle est un peu grosse.

Nous sommes à l’époque où, comme le chantait Michel Sardou dans « L’An mil », « des crucifix rouillent au sommet des montagnes/Des abbayes/Se changent en maisons de campagne », tandis que « tout là-haut, un Dieu colère/Que nous avons tous oublié/Prépare du fond de l’Univers/Un rendez-vous d’éternité ». Il faudra un peu plus que de l’argent magique, c’est-à-dire le nôtre, investi dans des églises que la Macronie méprise pour racheter un pouvoir si visiblement antichrétien…

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

9 commentaires

  1. Véritable girouette ce jeune PDT DE LA REPUBLIQUE, exposé aux vents contraires des mouvements d’opinion …. car lui même semble incapable d’en avoir une …(?)

  2. je ne supporte plus de voir et entendre ce personnage sans avoir des nausées , au lieu de se promener dans toute la France et qui nous coûte un  » pognon de dingue  » alors que les français crèvent de faim, il ferait mieux d’agir au lieu de nous enfumer jour après jour !!

  3. De l’argent pour une culture l’aide et woke il y en a mais pour notre patrimoine rien ou peu. Et ce ne sont pas ces journées qui le sauveront. Le thème de cette année est d’ailleurs surprenant .

  4. Elections dans peu de temps , arrivée du pape , et comme toujours enfumage de ce sinistre personnage qui change d’avis comme de chemises .Nous ne croyons plus en ses mensonges .

  5. ah les élections toujours propices à un arrosage d’argent public, le lotot du patrimoine ne sert que les nantis, pas les petites communes, et maintenant tot se croit investi à 9 mois des européennes de la divination, il va voir le pape à Marseille il va pouvoir lui bricoler une action de grande envergure pour les églises et chapelles, quel pauvre type, toujours à courir derrière les évenements.

  6. L’argent magique n’est que la dette abyssale que ce gouvernement creuse pour faire disparaître la France. Emmanuel Macron n’est qu’un opportuniste et ses promesses n’engagent que ceux qui y croient. Espérons qu’ils soient de moins en moins nombreux, cela démontreraient que les Français ne sont pas les veaux qu’on s’acharne à abattre.

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