Darmanin : la surenchère pour masquer l’échec !

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« Trouvez-vous normal d'être parmi une foule qui crie "Tout le monde déteste la police" ? » Pendant la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale ce mardi, le ministre de l’Intérieur a fait se lever l’intégralité de l’Hémicycle contre… La France insoumise, à qui il reproche « de cracher sur la tombe des policiers ». Le premier flic de France a ensuite égrainé les noms des policiers morts en service, suscitant un hommage appuyé de l’ensemble des députés présents qui se sont levés, tandis que les Insoumis sont restés assis. Plus que jamais, Gérald Darmanin s’impose comme l’un des rares politiciens solides qui composent la Macronie. Tandis que les cent jours d’apaisement promis par Emmanuel Macron sont partis dans la fumée des incendies de Nanterre, le ministre de l'Intérieur a profité d’un coup de projecteur fort à propos en pleine rumeur de remaniement.

Les émeutes : un tremplin paradoxal !

Après la succession de nuits cauchemardesques vécues par la France pendant les émeutes, on aurait pu penser que le triste bilan largement évoqué sonnerait le glas de celui dont la mission principale reste la protection des Français. Mais si le bilan du ministre est effroyable, son instinct politique « et un cynisme colossal », grince un député LR, lui ont permis de tirer son épingle du jeu. Face à un Emmanuel Macron piétinant la séparation des pouvoirs pour enfoncer le policier responsable de la mort de Nahel et un Premier ministre aux fraises qui organisait une réunion banlieues… au plus fort des émeutes, Darmanin est apparu comme le seul ministre à avoir pris la mesure des événements. « Ces émeutes, c’est sa tombe ou son tremplin », nous confiait, à l’époque, un fin connaisseur des arcanes du pouvoir à propos de ce ministre dont on dit qu’il se verrait bien à Matignon pour prendre ensuite l’Élysée.

La Macronie tire à droite !

Comment garder une ligne dure sur la sécurité et l’immigration lorsque Darmanin joue la surenchère ? Dans le camp de Marine Le Pen, on sait que le ministre de l’Intérieur peut parfois rivaliser de superlatifs et contraindre son adversaire à sa droite soit de paraître trop tendre soit se sentir condamné à la surenchère. Au RN, on n’est évidemment pas dupe de la manœuvre. « La France insoumise nous pousse tous dans ses bras », reconnaît un député du groupe. Car le débat de Gérald Darmanin et de Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle est encore dans les esprits. Les cadres du RN se rappellent avoir vu un ministre de l’Intérieur agressif face à une Marine Le Pen calme et sur la défensive. Pendant le débat, le locataire de Beauvau avait même trouvé la candidate « trop molle » dans ses convictions… tout en reprochant à cette dernière d’être d’extrême droite. Au fond, avec sa communication à la Sarkozy (auquel on le compare souvent) et ce savant dosage d’en même temps, Gérald Darmanin est une synthèse des deux présidents de la République. Ce qui en ferait un adversaire redoutable en 2027. Car si, pour beaucoup, au Rassemblement national, on voit 2027 comme étant la bonne, cela n'empêche pas certains de regarder avec circonspection les candidats de la succession à Emmanuel Macron. Et au centre, l’heure est à la droite. Entre Édouard Philippe appelant à renégocier le traité avec l’Algérie et Darmanin faisant régulièrement des liens entre immigration et délinquance (tout en dénonçant l’amalgame), la droite est en feu.

Un point faible : le bilan !

« Darmanin ment ». L’accusation est sans doute la plus entendue parmi les opposants du ministre de l’Intérieur, tous bords confondus. Entre le fiasco du Stade de France à quelques jours des législatives, qui a vu le ministre risquer l’incident diplomatique avec le Royaume-Uni, le refus de faire un lien entre les émeutes et l’immigration, la surreprésentation des Kevin et Matteo, sans oublier le nombre d’émeutiers avancé (7.000), on l’a vu, « le ministre a un problème avec les faits », ironise un député du RN. De fait, chaque année la France bat des records d’insécurité. C’est sans doute une des raisons qui poussent Darmanin à s’agiter : la peur d’être rattrapé par son bilan et de quelque rumeur qui, justice rendue ou non, pourrait lui coller à la peau. « Ces affaires avec les femmes le marqueront pendant toute sa carrière », note un élu LR, qui insiste bien, « indépendamment des décisions de non-lieu. La calomnie reste. » De même que sa sortie « Calmez-vous, ça va bien se passer » adressée à la journaliste Apolline de Malherbe, dénoncée comme sexiste par l’opinion publique, risque aussi de lui coller à la peau.

En bref, Gérald Darmanin est ce ministre qui va faire applaudir les policiers tombés en service par les députés quelques jours après les avoir comparés à « des enfants qui n’ont pas fait de grandes études ». Ce ministre qui va pointer l’insécurité dans les transports en les corrélant à l’immigration pour, ensuite, dénoncer les amalgames entre émeutiers et immigrations. Gérald Darmanin, c’est l’agitation sarkozyste sans l’effet de surprise et l’en même temps macronien heurté sans arrêt au réel. La ligne de crête est étroite.

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Comme l’écrit  » SPORTPASSION » allez donc voir la ville de Tourcoing dont ce triste sire à été maire et vous comprendrez . C’est une enclave musulmane . Pour honorer le 14 Juillet je propose d’embastiller le cuistre Macron suivi de ses godillots de ministres . Et ensuite on fait la fête !

  2. Encore et toujours l’ambiguité …. Quand les Français sauront ils décoder des comportements cyniques et/ou populistes …??

    • Ambiguité ? Dites plutôt mensonge. On hésite entre Darmanin et Véran pour savoir qui est le plus menteur des deux.

  3. J’espère que ceux qui seraient tentés de voter Darmanin en 2027 pour une supposée ressemblance avec Sarkozy, se rappelleront que la campagne très à droite de Sarkozy a débouché sur un quinquennat plutôt de centre-gauche. C’est même bien certainement ce qui lui a coûté sa réélection.

  4. On peut être certain que le discours sera anti immigration mais voilé (jeu de mots facile) car c’est la stratégie de la gauche unie qui invitera les français sur bfm etc à ne pas voter pour le rn et ça marchera encore…. le successeur de macron si ce n’est pas lui (car il n’a rien à faire de la constitution) sera élu avec environ 8% des électeurs (2% des français) car les autres n’auront pas voté.

  5. Gérald Darmanin et Éric Dupond Moretti, devraient, comme il a été fait pour le policier qui a tué le jeune Nahel, mettre en prison Emanuel Macron pour éviter de nouvelles émeutes qui pour le moins répondent bien à la définition de troubles à l’ordre publique.

    • Cela mérite d’être essayé vu que même de l’étrange ce personnage qui nous gouvernent continue à nuire…

  6. Un fait troublant pour moi lors de l’intervention du ministre énumérant la liste des victimes policière , quand prenant à son tour sandrine rousseau celle des autres personnes aussi sec , comment savait elle ce que le ministre allez dire dans son intervention était elle au courant du compte tenu de celui ci ou alors quoi ?

  7. Pour synthétiser, Darmanin a pris les défauts de ses 2 mentors. Entre agitation et « en même temps », il n’y a pas beaucoup d’avancées concrètes et de travail réalisé.

  8. Il suffit d’aller voir la transformation de la ville dont il a été maire durant quelques temps et ce qu’elle est devenue … Pour ceux qui ne le savent pas c’est Tourcoing ! …

    La gestion de « l’ordre » par ce « neveu-à-sarko » est d’une hypocrisie sans nom … Les « consignes » du maintien de l’ordre sont selon les populations qui sont en face des « forces de l’ordre »:
    GJ et infirmières = taper … Les « chances pour la France » = Pas de vagues … Les « black blocs » = PAS toucher ! …
    son obsession: les supporters anglais ! …

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