La crise d’ado bobo des révoltés de Sciences Po

Que les enfants sont ingrats !

Récemment encore, Libération rapportait, à propos d’Act Up, que "l’association la plus turbulente contre le sida a connu une tempête d’une rare violence. Toute l’équipe de direction a démissionné, laissant la place à une nouvelle. Les premiers accusent les seconds d’abandonner la lutte au profit d’objectifs purement politiques."

C’est désormais au tour de quelques étudiants de l’IEP – Institut d’études politiques de Paris, plus communément appelé Sciences Po – de se révolter contre les pères, imitant religieusement, et sans grande imagination, leurs aînés de Mai 68, dont on nous rebat gentiment les oreilles à l’occasion du cinquantième anniversaire de cette joyeuse révolte, surtout en France, et un peu moins à Prague ou Mexico.

Donc, dans le sillage de plusieurs universités françaises prises en otage, où une minorité impose sa doxa contestataire à la multitude, suivant une conception particulière de la démocratie, "une partie de l’établissement [est occupée] par plusieurs dizaines d'étudiants de l’école en solidarité avec le mouvement de protestation dans les facultés" (Le Point).

Et lorsque le symbole s’ajoute à la solidarité, c’est le panard pour ces nouveaux anars. Il se trouve, en effet, qu’Emmanuel Macron, promotion 2001, a étudié dans cet établissement. Pour la petite anecdote, et selon les dires d’un ancien camarade d’études, il ressemblait à "un étudiant tchèque en échange universitaire qui n’a pas vu un coiffeur depuis des décennies" (Sciencespo.fr).

Des banderoles militantes ont ainsi fleuri aux fenêtres de l’institution, telles que "Les étudiants de Sciences Po contre la dictature macronienne", "Macron, ton école est bloquée""No border, no nation, stop deportation" ("Pas de frontière, pas de nation, stop à la déportation"), histoire de faire entrer les migrants dans la farandole. Notons, aussi, ce savoureux slogan qui sonne comme une autocritique inconsciente, puisque les bloqueurs sont tout de même de la maison : "Ici sont formés ceux qui sélectionnent/Bloquons la fabrique à élites" (sic).

En raison de ce blocage décidé lors d’une assemblée générale, la direction a fermé l’établissement. Quant à la solidarité au mouvement, elle n’est pas unanime. "C’est une minorité qui bloque. Plein de gens veulent aller en cours. Il y a une majorité silencieuse qui ne veut pas ça", a confié un étudiant à l'Agence France Presse. Mais peu importe les grincheux désirant égoïstement bosser. La révolution mérite des sacrifices, surtout quand on a les moyens de les soutenir financièrement ! Il n’empêche, ce blocage fleure bon la révolte bourgeoise contre papa.

Gageons que cette petite crise post-pubère leur passera et que ces révoltés bobos de Sciences Po, se faisant ravitailler en nourriture par des cordes pour se donner des allures d’insurgés, retrouveront le bon sens près de chez eux, où il fait bon vivre dans le luxe, le calme et la volupté.

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