La connerie a toujours un nom…

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Tonnerre de Zeus ! Il arrive donc à Jupiter d’être grossier. La baisse de cinq euros des APL : "Une connerie sans nom", aurait déclaré Emmanuel Macron, le 26 juillet dernier, devant les dirigeants de sa majorité, selon Le Canard d’aujourd’hui. Les oreilles de certains doivent siffler…

Tout d’abord – honneur aux bons petits soldats, pour une fois ! - celles de la députée LREM de l’Eure, Claire O’Petit, qui, s’étant sans doute sentie investie du service après-vente de la mesure, a fait le tour des plateaux télé la semaine dernière pour en expliquer toute la pertinence. "Vous n’allez pas pleurer pour cinq euros !", s’était-elle d’ailleurs exclamée. Une phrase qui risque de lui coller à la peau, un peu comme celle que Marie-Antoinette ne prononça jamais : "Ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche." Tant d’aplomb pour défendre une mesure requalifiée dans la foulée de "connerie sans nom" - certes en off - par le Président himself, franchement, nous laisse sans voix et force quelque part le respect ! "Ah les braves gens !", sommes-nous tentés de reconnaître, tel le roi de Prusse admirant les chasseurs d’Afrique se faire massacrer à la bataille de Sedan…

Mais les oreilles de Mme O’Petit, sans vouloir être discourtois, sont du menu fretin à côté de celles du sémillant ministre des Comptes publics qui, lui, a un nom, à la différence de la connerie. J’ai nommé M. Gérald Darmanin, convictions chevillées au corps : cet artisan de la dernière heure du macronisme qui a appris le coup de rabot en un temps record. Ainsi, celui sur les APL doit permettre de récupérer quelques menus copeaux estimés à cent millions d’euros jusqu’à la fin de l’année. Ce n’est plus à la minceur des épluchures que l’on juge la grandeur d’une nation, comme le chantait Jacques Brel dans la chanson "Le Caporal casse-pompon", mais bien à l'épaisseur des copeaux budgétaires. Cent millions d’euros, sur environ vingt milliards d’euros versés chaque année pour cette prestation, cela fait 0,5 % d’économie.

Certains me diront qu’il n’y a pas de petites économies. D’autres que faire des économies de bouts de chandelle sur ceux qui devront peut-être demain s’éclairer à la bougie, faute de pouvoir payer la facture EDF, ce n’est pas très moral. Oui, mais si c’est légal, comme dirait M. Ferrand...

Un débat effectivement électrique en plein cœur de l’été. Un débat qui risque de coûter bien plus que cent millions d’euros à Emmanuel Macron - je veux parler de sa cote de popularité. Et ça, ça n’a pas de prix. Le Président serait donc furieux, nous rapporte-t-on, d’où cet écart de langage, d’autant que cette mesure n’était pas dans son programme. Voilà bien des pudeurs de rosière. Le programme ? Cela se saurait, si les gens l’avaient lu. Voyez la hausse de la CSG pour les retraités...

Notons, au passage, que le ministre de la Santé, qui est aussi celui des Solidarités, Mme Buzyn, en visite dans un centre d’hébergement pour migrants, vient d’annoncer qu’il n’y aurait aucune coupe de budget dans l’accueil des migrants. Tu m’étonnes ! Après les annonces faites à Orléans par Emmanuel Macron, la semaine dernière, c’est pas le moment de raboter de ce côté-là.

Au fait, deux petites questions, juste en passant. Les 850 millions rabotés au ministère des Armées, on est bien d’accord, c’était pas dans le programme ? Toujours au sujet de ces fichus 850 millions : c’était une connerie comment ?

Il me semble, finalement, que la connerie a toujours un nom.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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