Comment la Macronie répond-elle au scandale McKinsey ? 

MACRON4VOEUX21

Voilà une semaine que la commission d'enquête sénatoriale a dévoilé un scandale de plus en Macronie. Selon le rapport des sénateurs, les dépenses en conseils du gouvernement ont doublé depuis 2018, approchant les 900 millions d’euros en 2021. De l’argent dont aurait principalement bénéficié le cabinet McKinsey. Cerise sur le gâteau, l’entreprise n’a pas payé d’impôts en France depuis dix ans.

Malgré ces révélations, le gouvernement ne semble pas ébranlé. Invité de l’émission politique de RTL, dimanche 20 mars, Bruno Le Maire est resté impassible et a martelé : « Que ces prestations soient véritablement ciblées sur ce que l’État n’a pas vocation à faire au long cours, oui. S’il y a des dérives, et qu’on estime que ces prestations sont excessives, nous recentrerons ces activités. » « On est toujours étonné que l’État français, avec le nombre de fonctionnaires dont il dispose, n’ait pas en interne les compétences pour accomplir les missions demandées à des cabinets extérieurs », lance de manière pugnace le journaliste au ministre. Mais rien ne semble atteindre Bruno Le Maire, qui a de nouveau justifié le recours à des cabinets privés, avant de rappeler qu’il s’engageait à ce que toutes les entreprises qui font de l’optimisation fiscale payent ce qu'elles doivent à l’État français. On peut raisonnablement se demander pourquoi le ministère ne s’assure pas, avant d’engager des prestataires, de leur situation fiscale… « Le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés (IS) en France mais ses versements s’établissent à 0,00 € depuis au moins dix ans », peut-on lire dans le rapport sur « l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques ». En une décennie, pas une personne n’a été capable de s’en apercevoir. Le ministre a peut-être tout simplement cru sur parole le directeur associé de McKinsey au bureau de Paris, Karim Tadjeddine, auditionné devant les parlementaires en janvier dernier : « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France. »

Même justification - ou éléments de langage - du porte-parole du gouvernement. « Est-ce que c’est un scandale que l’État puisse avoir recours à des cabinets de conseil ? » lance Gabriel Attal, ce jeudi matin, sur le plateau de RMC. De son côté, le chef de l’État s’est dit choqué par les agissements du cabinet McKinsey.

Malgré le discours policé du gouvernement, il reste irréfutable qu'un laisser-faire a été accordé à ces grands cabinets de conseils. Et que certains ont côtoyé Emmanuel Macron bien avant qu’il ne soit président de la République. Les relations entre McKinsey et le pouvoir français ne sont pas récentes. En 2007, Nicolas Sarkozy charge Jacques Attali de créer une commission pour proposer des réformes économiques. À cette époque, Emmanuel Macron est présent aux côtés de Jacques Attali en tant que rapporteur général adjoint. Il fera forte impression auprès de McKinsey. Dès lors, il gardera un contact avec eux. De précieuses relations qu’Emmanuel Macron n’a pas hésité à utiliser lors de sa campagne présidentielle de 2017. Dans l’ombre, une dizaine de consultants de McKinsey auraient travaillé bénévolement. Les journalistes de « Complément d’enquête » ont eu accès aux échanges de mails, révélés dans les MacronLeaks : des discussions entre des membres de La République en marche et des salariés de McKinsey, et cela avec leur boîte mail professionnelle.

Les révélations de la commission d'enquête sénatoriale faites à quelques jours du premier tour ne semblent pas affecter outre mesure le Président sortant. Pourtant, de nombreux internautes ont fait la comparaison avec François Fillon, pointant du doigt un deux poids deux mesures.

Kevin Tanguy
Kevin Tanguy
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en journalisme

Vos commentaires

83 commentaires

  1. Ce qui m’inquiète et que je n’ai pas vu évoqué, c’est que ces prestataires américains ont accès a des données qui, une fois transmises, sont susceptibles d’apporter des avantages commerciaux voire politiques aux USA.

  2. Peut-on s’interroger sur la Libye eventuelle pourvoyeuse de fonds pour une certaine élection ?
    Peut-on également s’interroger sur les millions donnés à Mac.. kinsey et une éventuelle rétro commission pour une candidature présidentielle et pour des candidatures législatives ?

    Cela n’étonnerait plus grand monde vu l’état lamentable de la morale politique. Révélation après élections bien-entendu.

    Cela ne sent pas bon cette affaire.

  3. Les pratiques des multinationales américaines pour éviter de payer l’IS en France sont archiconnues, je peux vous l’assurer car j’ai été PDG d’une filiale française pendant une vingtaine d’années, et ai obstinément refusé de les appliquer, ce qui a nui énormément à ma carrière et à mes finances personnelles. Impossible au ministère ds finances de ne pas les avoir détectées. Il y a pour moi connivence.

  4. Et sur quoi va déboucher la plainte du Sénat, croyez-vous ? Sur rien bien sûr, ou alors si un juge un peu plus futé que les autres s’en mêle, sur un jugement au mieux dans 5 ou 6 ans quand les personnes concernées ne seront plus en postes de pouvoir. l’Arlésienne, quoi !

  5. « En 2007, Nicolas Sarkozy charge Jacques Attali de créer une commission pour proposer des réformes économiques. » C’est à cela qu’on reconnaît un esprit de réforme chevillé au corps. Prendre Attali, c’est choisir le clown le plus claironnant et d’efficacité nulle. Et cerise sur le gâteau : créons une commission!

  6. Et pour un emploi fictif et deux costumes on a tué Fillon…comment est ce possible que Macron puisse traverser toutes ces affaires (Mac Kinsey, Benalla, Alsthom, etc.. ) sans que personne ne s’en empare. Ils sont en train de nous voler l’élection suprême!

  7. Et tous ces haut-fonctionnaires grassement payés sortis de l’ENA, HEC, PolyTechnique, …. ils ne pourraient pas faire le boulot ?

  8. À quoi servent tous nos ministères si pour la moindre décision à prendre on fait appel à des cabinets de conseils qui sont de ce fait considérés comme spécialistes… EN TOUT…?

  9. Amusant que PNF qui a su, en 2017, se saisir en 24 heures de « l’affaire Fillon » », qui portait sur 450000 Euros environ, ne bouge pas un cil cette fois-ci alors qu’il s’agit de presque un milliard… allons, allons, la justice est indépendante et pas noyautée, tout le monde le sait…

  10. la macronie peut dormir tranquille, les médias de grande écoute ( RTL et consorts) ne pipent mot sur ses magouilles. Le financement lybien ( pour lequel rien n’a encore été trouvé malgré les moyens déployés) ou l’emploi de Pénélope, ça nous était martelé à longueur de flash infos mais là, silence radio! Si les français savaient ce qu’est vraiment macron…. mais il a les médias et la « justice » à sa botte.

  11. La poule et l’oeuf ?… Est-ce Mac Kinsey (oeil et oreille de la CIA) qui a créé Macron président ou est-ce Macron président qui a fait Mac Kinsey dans l’Etat et même au plus profond comme la Défense nationale ? Quoiqu’il en soit, c’est intolérable cette intrusion américaine au plus profond des affaires françaises et comble du comble notre Défense. D’où, peut-être, la vente par Macron, d’Alstom, fabricant et prestataire des moteurs nucléaires de notre force de frappe aux Ricains ! Grave !

  12. La note va être douloureuse pour 10 ans de retard et les pénalités qui devront s’y ajouter

  13. Ah! Quand il s’agit de chercher le moindre faux -pas de la part d’une Marine Le Pen ou d’un Eric Zemmour, on ne manque pas de chercheurs compulsifs prêts à fouiller les poubelles du passé. C’est cela, la République des coquins et des copains.

  14. Ce « gouvernement » n’est qu’un panier de crabes avec à sa tête les pires incapables.
    Il faut absolument s’en débarrasser dès le premier tour.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois