Après la Roumanie, la Pologne et la Moldavie en mars, samedi dernier, c’est en Croatie que des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour manifester contre l’avortement. Derrière des banderoles : "Pour la vie, la famille et la Croatie", les manifestants pro-vie ont voulu réaliser une démonstration de force à la veille des élections municipales et rappeler que la vie doit être "respectée de son commencement jusqu’à sa fin". Les pro-vie sont très bien organisés en Croatie : sur Internet, dans la rue et parmi les intellectuels. Même Sanja Orešković, la femme de l'ex-Premier ministre, a accompagné les marcheurs et rappelé son attachement à la défense de la vie. Pour elle, "toute personne raisonnable doit soutenir la Marche pour la vie".

D’après l’OMS, il y avait 701 avortements pour 1.000 naissances en Croatie en 1980, mais grâce au combat des militants pro-vie, le chiffre est descendu à 76 en 2014. C’est le taux le plus bas des Balkans par rapport à 416 en Bulgarie, 401 en Roumanie ou 259 en Serbie. Pour ces militants, le combat n’est pas encore terminé : en début d’année, la Cour constitutionnelle croate avait rejeté une demande de révision de la loi autorisant l’avortement mais avait néanmoins demandé au Parlement de préparer sous deux ans une nouvelle loi sur l’avortement. En Croatie, l’objection de conscience est légale et la moitié, seulement, des médecins qui peuvent faire des avortements acceptent de le faire.

Alors qu’en France nos dirigeants veulent nous empêcher de tout simplement réfléchir aux alternatives à l’avortement par le "délit d’entrave à l’IVG", à l’Est, c’est le contraire et le débat est remis sur la place publique, où les peuples se demandent en toute conscience ce que l’avortement peut bien leur apporter de positif. Cette vague profonde n’est pas limitée à la Croatie et on voit de nombreuses initiatives fleurir de l’autre côté de l’ex-rideau de fer en Slovénie, en Pologne ou en Russie, où l’avortement est de plus en combattu, au point que certains ne sont pas loin de vouloir l’interdire formellement. C’est précisément ce qu’a demandé le représentant du patriarche Cyrille de Moscou, qui a récemment exhorté la commission parlementaire pour la protection des valeurs chrétiennes à défendre la famille chrétienne et à purement et simplement interdire l’avortement et à commencer tout de suite par son déremboursement de la Sécurité sociale. Pour ces pays c’est une question de cohérence avec le renouveau spirituel chrétien qui touche toute la société, mais c’est également une question de survie. Les taux de fécondité des peuples de l’Est sont parmi les plus bas du monde (1,27 en Bosnie-Herzégovine ou 1,43 en Serbie, par rapport à 5,33 en Afghanistan ou 6,76 au Niger). Si les familles ne s’étoffent pas très rapidement, ces peuples sont voués à tout simplement… disparaître.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:02.

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23 mai 2017 à 11:34

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