Alors qu’en France, le droit à l’avortement est en passe d’entrer dans la Constitution et que le cinéma, plus militant que jamais, nous fait tour à tour l’éloge de Simone Veil (Simone, le voyage du siècle) et du MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception) (Annie Colère), le célèbre cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda fait entendre un autre son de cloche avec Les Bonnes Étoiles.

Le film revient sur le phénomène des « baby box », ces boîtes de dépôt de bébés que l’on trouve au Japon et en Corée, auxquelles certaines mères désespérées ont recours pour confier leur enfant à un orphelinat. Le personnage de So-Young, incarnée par la chanteuse pop coréenne Lee Ji-eun, est de celles-ci. En abandonnant son bébé Woo-sung, elle ignore qu’il sera aussitôt récupéré par deux hommes à la moralité douteuse qui compensent leurs maigres revenus en vendant illégalement des orphelins à des familles d’accueil dans l’incapacité d’adopter.

La jeune mère, cependant, décide de revenir et se lie peu à peu à ces « trafiquants d’êtres humains » au cœur tendre, déterminés à trouver de nouveaux parents à Woo-sung. Dès lors, ce trio d’accidentés de la vie, auquel se greffe au cours du récit un quatrième compagnon, Hae-Jin, un petit garçon facétieux d’une dizaine d’années qui a fugué de son orphelinat, parcourt le pays à bord d’une camionnette afin de trouver la perle rare et d’offrir au bébé le meilleur avenir possible. À leur insu pourtant, la police les surveille et attend le moment idéal pour intervenir…

Posant sa caméra en Corée du Sud pour la première fois de sa carrière, le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda nous propose un road-movie original, sensible et souvent drôle, et s’offre l’occasion de travailler avec des pointures du cinéma local, notamment le très bon Song Kang-ho, acteur habitué aux films de Park Chan-wook et de Bong Joon-ho. Mise à l’honneur, la star de Parasite prête son concours à un récit qui permet au cinéaste de creuser toujours plus loin le sillon de la comédie dramatique familiale, registre qu’il affectionne tout particulièrement – on pense à ses précédents longs-métrages Tel père, tel fils, Notre petite sœur, Après la tempête et, bien sûr, à Une affaire de famille, qui remporta la Palme d’or à Cannes en 2018.

Avec Les Bonnes Étoiles, le cinéaste s’adresse principalement à ces orphelins et enfants abandonnés, confie-t-il en interview, s’interrogeant sur la légitimité de leur existence : « Quel film allais-je pouvoir offrir à ces enfants qui se battaient avec acharnement contre les voix intérieures et extérieures qui leur martelaient qu’ils n’auraient pas dû naître ? C’est cette question qui fut en permanence au centre de mon travail […] Je voulais que le film puisse clairement signifier que chaque naissance compte, que chaque vie a sa place. » C’est pourquoi, face à cette policière intransigeante qui, au cours d’un dialogue, lui reproche d’avoir abandonné son fils, So-Young s’emporte : est-il vraiment plus grave, au fond, d’abandonner son fils – destiné à être recueilli par une famille – que de le tuer en ayant recours à l’avortement ? Un passage fort qui résume à lui seul le logiciel du cinéaste. Si bien que l’on se demande si les critiques dithyrambiques d’une certaine presse de gauche ont véritablement compris le film…

4 étoiles sur 5

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16 décembre 2022 à 11:32

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4 commentaires

  1. L’adoption a toujours été depuis Saint Vincent de Paul la solution chrétienne. On n’empêchera pas les vicieux d’en tirer argument en faveur de la GPA. Cela peut tellement rapporter !

  2. Adopter, une évidence qui n’est jamais venue à l’esprit morbide des députés macroniens . Ils préfèrent tuer au profit de l’immigration. Ce qu’ils nous démontrent à tout instant par le verbe et le geste, geste naturellement par personne interposée. On n’ose pas se salir les mains et le mental en macronie.

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